Les sens multiples du parfum

Après 5 ans passés en projet Labo de Cléopâtre, explorant l’origine et la diversité des formes du parfum dans nos civilisations, c’est l’image d’un usage du parfum protéiforme tout autant qu’indispensable qui se dessine.

Ce qui monte vers dieux et esprits

Si l’étymologie du parfum – per fumum, par la fumée – laisse deviner les origines probables des premiers usages qu’on faisait du parfum, il faut reconnaître que de nombreuses utilisations de par le monde prouvent sa survivance dans les mœurs. Il faut dire qu’avec un peu de feu, une résine ou une plante à parfum, on est déjà dans l’offrande qui agrée aux dieux, aux esprits et qui nous les concilie.

Pourquoi donc s’en priver ? D’autant que ça fonctionnait avec les résines les plus précieuses d’Arabie comme avec la plus modeste branche de romarin, l’encens du pauvre.

Ailleurs dans le monde, sauge blanche, genévriers divers – dont des espèces diversement parfumées poussent un peu partout -, résines et bois odorants ordinaires ou précieux sont comme des cadeaux que la Terre ferait au Ciel depuis la nuit des temps, éclaboussant au passage les Hommes de leurs bienfaits.

Ces usages évoluant dans le temps et l’espace, la découverte de nouveaux territoires et de nouvelles plantes à parfum enrichissent la palette de ce qu’on peut offrir au divin.

Ainsi, la conquête de l’Inde par Alexandre le Grand a ouvert la porte au safran et au nard dans la culture grecque puis l’a diffusée dans tout le monde méditerranéen – la Bible de l’époque de Jésus le mentionne – pour s’étendre sur les pratiques religieuses mais aussi celles du luxe et de la coquetterie.

Plus tard, la colonisation des Amériques a permis d’autres découvertes parfumées dont celle du baume de Tolu venu remplacer le baume de Judée – devenu rare – dans des recettes sacerdotales datant des premiers siècle de l’ère chrétienne.

Mais chez les Hommes, les intérêts du divin se mêlent toujours aux intérêts humains. Comme les dieux, les esprits qu’on convoque en magie ou qu’on veut se concilier lors d’un événement particulier aiment les parfums et sont d’autant plus sensibles aux demandes qu’elles sont accompagnées d’offrandes d’encens : Afrique, Amérique, Europe, Asie, tous ont depuis la nuit des temps des pratiques de fumigation sacrées, symboliques ou magiques censées renforcer le lien entre les dieux, les esprits – djinns, loas, saints, ancêtres – et les Hommes.

– Parfums pour séduire

Si la littérature grecque se fait le témoin bien souvent de l’utilisation de parfum dans les pratiques religieuses, hygiéniques ou funéraires, elle n’échappe à celle qu’on lui connaît aujourd’hui : le parfum pour séduire.

Les courtisanes de Lucien, les épouses d’Aristophane, sont déjà des femmes dont on pourrait dire qu’elles cocottent – du nom de ces courtisanes du 19 ème siècle qu’on repérait rapidement à Paris – et qu’ainsi on n’oubliait pas ! – à leur parfum puissant et provocateur.

Évidemment, pas besoin de faire commerce de ses charmes : vouloir séduire, vouloir marquer l’esprit de celui qu’on aime ou marquer plus favorablement l’esprit de son mari quand on est dans un couple polygame.

En Afrique, dans les pays où on pratique la polygamie, la concurrence fait rage entre épouses d’un même homme, enrichissant et développant le commerce des artifices de séduction, vêtements sexy, lingerie, parfums – mélange de résines locales, mondiales et de parfums huileux issus de l’industrie et qui ont culturellement gagné une réputation durable comme ensorceleurs.

Ces accessoires indispensables sont censés posséder des vertus magiques et aphrodisiaques après lesquelles les femmes courent pour gagner la première ou unique place dans le cœur du mari, seule condition pour une meilleure qualité de vie.

– Performances techniques et industrielles

Mais en Occident où la chimie gouverne depuis le 19 ème siècle le monde de la parfumerie, le parfum prend d’autres voies plus confidentielles que celles du début de son histoire. Comme dans les premiers âges, le parfum permet toujours de séduire, de se distinguer autant socialement.

Les échelles de prix d’aujourd’hui rappellent la description que Pline fait des différents parfums à la mode à son époque et dont les meilleurs se faisaient dans différentes régions du monde – le parfum d’iris à Corynthe et Cysique, celui de rose à Phasèle, celui de safran à Solis, etc… – comme les parfums sont réputés à Grasse, à Paris ou en Italie.

Pourtant, c’est le défi technique et la compétition industrielle et publicitaire qui vont distinguer un parfum d’un autre, à partir de limites toujours repoussées. Dans la nature, en effet, rares sont les matières premières naturelles qui acceptent de livrer leur parfum.

Les chimistes ont trouvé le moyen de s’en passer et même de faire sentir une fleur muette sans utiliser celle-ci. Des performances qui font la réputation des grandes « Maisons » pour lesquelles travaillent ces parfumeurs chimistes dans leur laboratoire, et la fierté de ceux qui se vantent de porter le jus de telle ou telle « Maison ».

Le parfum chimique est aussi une façon économique d’inonder le marché d’odeurs à la mode : les jus se font à la commande, avec des ingrédients plus ou moins chers selon l’exigence de budget du client. C’est ainsi que vous retrouvez facilement des encens indiens réalisés industriellement en plongeant des bâtons dans des cuves de parfums chimiques français sentant finalement plus ou moins un parfum connu de Dior !

Alors, bien évidemment, quand j’arrive au marché de l’histoire avec mes produits faits à la main avec de vraies plantes, j’ai appris qu’en général, il est inutile d’aborder les vieilles dames, fidèles à la confiance en la science et la chimie de leur génération qui ne jurent que par Chanel et qui se méfient du reste.

Mais je peux quand même compter sur :

– les chercheurs, historiens et reconstituteurs et tous métiers en lien avec l’histoire et la culture

– jeunes préoccupés par l’environnement

– Africains et Africaines du Nord dont la façon de faire des parfums traditionnels du Labo de Cléopâtre ressemble tant à la leur.

D’ailleurs, quand Zohra, ma voisine d’origine algérienne me demande de l’encens, elle me dit : « Maud, s’il te plaît, un peu de parfum. » Moi, là où j’ai grandi, un parfum veut dire un liquide odorant majoritairement chimique sur base d’alcool. Même si depuis, j’ai changé de sentier…

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La complexe histoire du baume

L’image que nous nous faisons du baume est celle d’un remède externe agissant pour nous soigner, parfois, jusqu’en interne. Nous sont d’ailleurs proposés à la vente nombre de baumes cicatrisants, réconfortants, baumes à lèvres qui promettent de nous soigner tout en nous soulageant. Nous avons tellement le sentiment de comprendre ce terme qu’il ne nous est peut-être pas venu à l’esprit de rechercher sa définition dans le dictionnaire.

A l’idée de baume, cependant, sont associés tout un tas de notions interdépendantes bien qu’indirectement, et qui ont la particularité rare d’englober le matériel et le spirituel, le propre et le figuré. Si le baume évoque le soin, le soulagement, la douceur, il évoque aussi le parfum, notamment dans l’adjectif « balsamique »- évoquant directement l’odeur un peu résineuse – ou le verbe « embaumer », au sens de sentir bon.

C’est d’ailleurs son sens premier. Dans le très bel ouvrage consacré aux végétaux dans les Ecritures Saintes, Dans le jardin de la Bible, on apprend que le mot baume dérive d’un mot hébreu bésem, qui signifie « épice » ou « parfum ».

Mais « embaumer », c’est aussi l’acte de conservation du corps d’un cadavre, dont la technique était courante dans l’Antiquité, et qui se faisait avec des aromates et des résines, autrement dit avec des matières naturelles parfumées qui font que 3000 ou 4000 ans après, quand un archéologue découvre une momie et qu’un scientifique l’examine après lui avoir retiré ses bandelettes, les odeurs caractéristiques d’asphalte et de fénugrec lui parviennent encore.

Mais le baume, en réalité, c’est avant tout une résine, issue d’un commiphora, résineux dont fait partie l’arbre à myrrhe. Considéré comme poussant à l’état sauvage dans le sud de l’Arabie et le Nord-est de l’Afrique, il fut cultivé autrefois en Israël, à Giléad où on essaie à nouveau de l’implanter après sa quasi complète disparition, au moins du commerce ordinaire. Tombé en disgrâce, le baume cesse d’être cultivé en Israël avec la venue du christianisme, quand les Romains en faisaient au contraire une grande consommation.

Pourtant, c’était une résine précieuse, et nombre de recettes d’encens, de parfums ou de remèdes médicinaux anciens en contiennent, ce qui les rend aujourd’hui incomplètes lorsqu’on veut les reconstituer. Plus encore, la quête du baume paraît une sorte de Graal, d’absolu de la résine à ceux qui sont curieux d’un parfum offert par les arbres, surtout d’un qui était particulièrement estimé dans l’Antiquité.

« J’entre dans mon jardin, ma soeur, ô fiancée, je récolte ma myrrhe et mon baume. » Cantique des cantiques.

Théophraste dit de son parfum : « On en recueille environ le contenu d’une coquille par personne et par jour; son parfum, au contraire, est remarquable et si fort qu’une petite quantité suffit à le répandre sur un vaste territoire. Mais le commerce n’apporte pas ici du baume pur : le produit collecté a été dilué plusieurs fois. » Livre IX.

Mais comme souvent dans l’Antiquité, ce qui faisait office d’excellent parfum était aussi – et peut-être avant tout – considéré comme médicament, ce pourquoi nous conservons d’ailleurs, associée à l’idée de baume, celle d’un cicatrisant, d’un médicament soulageant les blessures.

De fait, ce qui sur une momie éloigne les bactéries et permet au corps mort de conserver son intégrité devait aussi fonctionner sur le corps vivant en créant un isolant, un rempart efficace contre les agents pathogènes et la plaie par laquelle ils pourraient facilement entrer. Plus personne aujourd’hui ne mettrait de la résine sur une plaie,sans compter qu’il faudrait certainement l’amener à une température pas déterminable à l’heure actuelle en son absence mais qui serait certainement douloureuse pour la peau par rapport aux moyens modernes qui permettent des soins dans la douceur.

L’idée de baume, pourtant, est restée. Spiritualisée dès la Bible, elle est associée au soulagement de la tristesse ou même du péché : « N’y a-t-il point de baume en Galaad ? N’y a-t-il point de médecin ? Pourquoi la guérison de la fille de mon peuple ne s’opère-t-elle pas ?« , demande Jérémie, inquiet des péchés répétés du peuple d’israël.

Aujourd’hui, sa réputation millénaire, son importance dans l’imaginaire collectif est si grand que si nous recherchons du baume de Giléad ou de Galaad, on pourra nous proposer à la  vente, plutôt que la résine disparue, du bourgeon de peuplier, un morceau de sapin baumier, et une autre sorte de plante de jardin portant ce nom. Déjà devenu très rare à la Renaissance, l’Eglise catholique avait accepté de le remplacer par le baume de Tolu, une résine amérindienne que la découverte du Nouveau Monde avait permis d’utiliser pour recréer l’huile sainte d’onction des Rois dont la recette remontait, évidemment, à l’époque biblique et nécessitait, bien sûr, le précieux ingrédient disparu.

Adresse de la photo d’un baumier d’Arabie par Muhammad Al Shanfari )

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L’importance des matières premières dans les parfums antiques

Redécouvrir les senteurs antiques est une aventure olfactive qui relève de l’apprentissage, de la culture et peut être plus ou moins un défi selon l’endroit du monde où on vient. En Occident, où les parfums sont des sprays alcooliques, c’est très net. Dans les civilisations plus traditionnelles où les parfums sont des résines, des bois et des plantes aromatiques, c’est beaucoup moins le cas.

De fait, quand nous recherchons frénétiquement l’odeur et uniquement l’odeur – ce qu’on peut faire par la chimie des parfums – d’autres dimensions vectrices de sensations et d’informations échappent à notre perception.

Pourtant, les parfums antiques, c’étaient plusieurs produits mettant en jeu odeurs, textures, matières, couleurs, états de sécheresse ou d’humidité différents. Les parfums, variés, pouvaient être en effet :

  • Les couronnes de fleurs fraîches dans les cheveux
  • La fumée odorante des encens
  • Le kyphi, qu’on peut qualifier d’encens mais dont la matière simple, collante et élastique tout à  la fois relève de l’exception – qu’on devine aisément, à la manipuler, qu’elle fut multifonction
  • Les parfums huileux obtenus par enfleurages
  • Le stacté, résine liquide de myrrhe qui paraît avoir disparu aujourd’hui
  • Les diapasmas, poudres de plantes, de résines, constituant des parfums secsimg_7214

Ces matières, issues du vivant, nécessitent chacune un traitement particulier qui va les rendre odorantes dans les bonnes circonstances et optimiser leur conservation.

Ainsi, si certes on ne peut rien attendre d’une couronne en terme de conservation hors l’immédiateté de son parfum frais qui renvoie l’homme à l’idée de sa propre mortalité, toute plante à parfum, en se comportant différemment – en puissance odorante, en texture, en température, en fragilité et au fil du temps – va déterminer parfois son emploi précis dans les parfums, au-delà des questions de goût, de mode et d’accès au produit.

Ainsi, la composition d’un parfum huileux ne se fait pas sans du sel pour conserver l’huile ni sans résine ou roseau pour fixer la senteur, comme les Indiens continuent de faire des Attars sur bois de santal pour fixer le parfum qui doit dominer par la suite.

Mais alors qu’il exista un kyphi sans résine, le kyphi de Pylos, qui tenta peut-être d’adapter l’encens égyptien avec des produits locaux, l’abondance des plantes sèches sans aucune résine vient fragiliser un produit qui, lorsqu’il en contient, devient aussi solide que malléable, ce qui a certainement contribué à son aspect fascinant. Car le kyphi paraît alimentaire, vivant, et pourtant incorruptible et immortel.

C’est le cas, d’une manière générale, de ces matières à parfum qui, séchées, conservant longtemps leur aspect et leur odeur, comme les bois odorants, les plantes aromatiques, les résines, certaines racines et rhizomes dont le parfum est persistant. Pour l’Antiquité, une plante à parfum, c’est d’abord une plante dont le parfum résiste, en puissance et dans le temps. Ses deux critères principaux sont donc qu’elle sente puissamment naturellement et qu’elle se conserve dans le temps.

Et qu’en est-il de la bonne odeur ?

Comme partout dans l’espace et le temps, le goût est relatif, très culturel, et d’abord question d’habitude, d’apprentissage. Odeur sucrée, odeur fleurie, l’odeur idéale de l’Antiquité ? Non ! Odeur réalisable, disponible, trouvable dans la nature, faisant l’objet d’une exploitation, d’un commerce et d’une diffusion en masse en lien avec les qualités de puissance aromatique et de conservation. Tout le reste va aussi dépendre des idées liées au luxe, à l’exotisme, à l’histoire du commerce des matières premières et de leur prestige.

En ce sens, les résines, qui cumulaient différentes qualités, étaient toutes exploitées pour qu’elles dégagent un parfum. Or, dans l’Antiquité, les classifications botaniques n’étaient pas précises et plusieurs plantes et résines pouvaient porter le même nom ou rester imprécises.

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Un point de vue qui peut peut-être déranger le chercheur par le flou que cela génère, mais moins pour l’artisan qui, lorsqu’il a l’expérience de ces matières premières, sait, comme les gens de l’Antiquité, que certaines auront des odeurs et des textures très proches qui vont permettre des remplacements, comme pour les différentes sortes de myrrhe ou ce que les Anciens pouvaient appeler le nard.

Enfin, fibres centrales des plantes et feuilles, résines plus ou moins dures et solubles, plantes plus ou moins odorantes contraignent naturellement à certains gestes qui – s’ils ne sont pas écrits dans les textes anciens qui ne s’embarrassent que de noter les recettes – s’imposent avec la pratique et la connaissance du produit, de la matière brute qui sert à réaliser parfums huileux, kyphis, encens et diapasmas.

Et tout d’un coup, un univers qui ne paraissait qu’olfactif révèle une profondeur insoupçonnée, imposée par les subtilités de la matière à parfum, unique et ainsi porteuse d’un nouveau sens secret, quasi ésotérique.

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Les senteurs de la terre

Dans la parfumerie d’aujourd’hui se distinguent deux sortes de senteurs : celles issues de matières naturelles, et celles synthétiques, qui ont réussi à les imiter en associant diverses molécules. Les parfumeurs, chimistes, l’assurent : l’utilisation des molécules de synthèse a révolutionné la discipline en lui donnant une créativité, une force industrielle , artistique, et une image moderne qu’elle n’avait pas.

Mais à la base, les parfums, ce sont des matières premières de diverses origines végétales surtout, mais parfois animales, qui offrent leur senteur au monde depuis toujours, loin de tout désir, toute représentation marketing mais dans une réalité brute difficile à envisager aujourd’hui et à propos de laquelle il y a tout à réapprendre :

  • ce qu’on sent avec le sens de l’odorat ( la fleur de violette ou de muguet )
  • ce que le parfum peut restituer de cette odeur captée ( la feuille de violette donne son parfum, mais ni sa fleur ni celle du muguet ne le font)

La fascination pour les matières odorantes associées à des rites de guérison, de purification et de spiritualité remonte à la nuit des temps et s’inscrit aussi bien dans la mémoire humaine collective que dans l’histoire de la terre elle-même.

Toutes ces matières s’expriment en terme d’odeurs depuis la naissance du monde dans une langue qui parfois ne peut être que locale. A l’ère de la mondialisation, de la mécanisation et de l’industrialisation, voire de la robotisation, les senteurs naturelles font de la résistance et prônent le local.

  • C’est le cas du lentisque, qui peut pousser dans plusieurs endroits de Méditerranée mais qui ne produira de la résine qu’à Chios.

oliban

  • Le boswellia, qui produira la résine d’oliban dans divers pays du monde et qui chacune sentira différemment dans divers pays du monde et selon les espèces, mais dont la meilleur au monde se trouve à Oman, surtout si elle est de couleur verte.

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  • La cannelle, qui, de Chine au Sri Lanka, depuis l’Antiquité, n’est pas connue pour produire la même qualité de parfum et n’a pas changé ses habitudes géographiques.

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  • Le labdanum, résine du ciste qui peut pousser sur le pourtour méditerranéen mais dont le plus réputé est censé être le crétois.

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D’autres, acclimatées partout, font de la résistance dans la mémoire et racontent effectivement l’histoire des senteurs et de leur réputation depuis des millénaires. C’est le cas de la rose de Damas, qui pousse toujours en Syrie mais qui s’avère désigner en soi un type de rosier ancien qu’on peut cultiver un  peu partout, et désormais surtout en Bulgarie où on la cultive pour la destiner à la parfumerie.

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En France, son nom reste associé à celui de Provins, où elle continue d’être cultivée depuis le Moyen-Age.

Conservant la mémoire de la terre et la mémoire des hommes, le sens de l’odorat est celui qui est également le plus relié aux émotions, si bien que de tous les sens, il a le plus de chance d’être dans une chaîne discontinue qui va des premiers hommes faisant des expériences olfactives d’aiguilles de pin jetées dans un feu, de feuilles aromatiques froissées entre des mains, et de résines poisseuses et puissamment odorantes, aux derniers, qui empruntent exactement les mêmes chemins aujourd’hui. Car des millénaires après, il n’y a pas d’autre voie d’initiation que celle-là.

Enfin, les règles de composition de mélanges d’encens existent et concernent effectivement l’ensemble de ce qui, dans le monde végétal, va de la terre jusqu’au ciel, comme nous le révèle le site de l’excellente boutique grenobloise Hathi, spécialisée dans la vente et la préparation de mélanges d’encens :

« Un mélange d’encens équilibré et harmonieux comporte de préférence 4 parties : 

  1. Une partie de résine brute qui va servir de liant
  2. Une de parties aériennes : fleur, baie, écorce
  3. Une de partie souterraine : racine, rhizome
  4. Une partie de bois : santal, cèdre..« Hathi

( Image à la Une : Brûle-parfum de l’Egypte ancienne, Musée du Louvre)

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Shopping : encens de l’Antiquité

Pour découvrir les parfums originels, il est important de noter que si la contrefaçon existait déjà dans l’Antiquité, on s’accordait aussi à penser, hier comme aujourd’hui, que le vrai produit – qui était souvent cher – était le seul à pouvoir offrir une véritable expérience.

Parmi toutes les offres du marché, voici les meilleures trouvailles et les sites en ligne les plus précieux pour :

  • Les résines

Arbor’essences propose de revivre une expérience millénaire en proposant de résines pures dont une gamme étendue d’olibans de plusieurs pays ainsi que le célèbre oliban d’Oman. Acheter plusieurs olibans vous permet de faire une expérience olfactive unique et d’expérimenter la diversité des parfums issus des arbres de la même espèce, voire du même arbre, puisque les deux récoltes de l’année ne donnent pas du tout la même qualité de parfum.

Vous pouvez en outre trouver la myrrhe, le mastic, le storax, le labdanum et l’opoponax, un kiphy ( mélange d’encens sacré de l’Egypte antique ) et d’autres résines qu’on n’employait pas dans l’Antiquité mais qui pourraient aussi vous intéresser.

Le gros plus : le Coffret Olibanum vous permet de découvrir 3 olibans d’exception, dont, le meilleur au monde, celui d’Oman.

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  • Les épices

L’île aux épices est un site de spécialistes proposant des épices du monde entier, et, avantage non négligeable, des fiches techniques très précises et documentées pour commencer à en user correctement. L’histoire de chaque épices, leur date de péremption, ce qu’il faut faire ou non pour en révéler les saveurs vous permet, en cuisine comme en cosmétiques antiques, de faire enfin une expérience authentique et appropriée de ces merveilleux exhausteurs. En terme d’encens antiques, vous trouverez :

  • la cannelle de Ceylan, la vraie, que vous n’avez peut-être jamais connue comme ils vous la proposent : piquante, parfumée et sucrée à la fois. En encens, elle s’utilise en bâtons qu’on peut casser plutôt qu’en poudre qui se consume trop vite.
  • le safran, épice d’autant plus inconnue que chère, elle peut être frelatée quand elle est en poudre ou quand elle affiche un prix bas. La fiche produit vous permet d’en apprendre plus et donc de faire de bons choix.
  • la cardamome noire, qu’on appelait l’amome dans l’Antiquité et qui servait dans les parfums plus que dans la cuisine. Celles que j’ai reçues sont les plus grosses que j’aie jamais vues, comme l’illustre la photo ci-dessous ( à gauche, cardamome noire achetée dans une épicerie indienne, à droite, celle de l’Ile aux épices !). En encens, il faut retirer l’écorce, libérer les grains et les déposer sur le charbon pour en découvrir le parfum.cardamomes-noires

Le gros plus : les fiches techniques avec l’histoire des épices, des mélanges authentiques d’épices rares qu’on ne trouve que dans certaines gastronomies spécifiques et qui méritent d’être connus, et les épices aphrodisiaques.

  • Encens et aromate

Herborathèque est le site d’un spécialiste des plantes diplômé dans plusieurs disciplines croisées qui propose des plantes du monde entier pour divers problèmes de santé, des expériences olfactives, pour se détendre ou améliorer sa libido.

Parmi leurs propositions d’encens naturels, on note quelques parfums antiques : le bois de oudh, le nard jatamansi, l’oliban, un kiphy, la myrrhe, le storax et le labdanum.

Le gros plus : l’authenticité des produits du monde et la vraie connaissance scientifique et écologique des plantes issue des sociétés où elles sont encore utilisées pour se soigner, rêver, communier avec les dieux, c’est-à-dire des usages courants dans l’Antiquité.

  • Retrouvez également les authentiques encens et d’autres parfums poudreux de l’Antiquité que j’ai recréés et que je vends sur la boutique du Labo de Cléopâtre.

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