Réalisation d’une pommade 18 ème siècle en images

Le mois dernier, j’ai tenté une recette qui m’attirait depuis quelques temps, trouvée dans un ouvrage destiné aux parfumeurs et daté du 18 ème siècle.

C’est une pommade pour les lèvres légèrement teintée et comme toujours au 18 ème siècle, entièrement naturelle. Un siècle plus tard, les choses auront bien changé et la chimie s’invitera dans les parfums et cosmétiques.

Pour autant, en 1920, encore, quand apparaîtra le premier rouge à lèvres, il aura pour base les modestes ingrédients de cette recette : un cérat pour base, du raisin et de l’orcanette pour la couleur. Et c’est tout ? Et bien oui.

Le cérat chauffe tandis que les grains de raisin attendent l’heure de leur entrée en scène.
Les voilà réunis. Je les abats au presse purée.
Cuisson.
Je retire la chair et les pépins.
J’ajoute l’orcanette.
Après plusieurs tâtonnements, je décide de faire ce que je crois juste car l’ouvrage ne mentionne comment parvenir à une homogénéité.
Je remets le cérat que j’avais retiré du mélange.
J’unis l’un et l’autre : j’ai effectivement une pommade rosée.
Je mets en pots de format baume à lèvres contemporain. J’ignore comment étaient les contenants au 18 ème siècle.

Vous voulez sans doute savoir le reste : ça hydrate bien, ça a la force colorante d’un gloss discret, ça sent bon et le raisin laisse un délicieux petit goût sucré sur les lèvres. L’ouvrage précise que ce produit se conserve 2 ans !

Bien sûr, j’imagine qu’en fonction des variétés de raisin noir, il est possible d’avoir des couleurs plus ou moins intenses, sachant que celles-ci devaient être moins variées qu’aujourd’hui. En les identifiant, on aurait la palette des rouges possibles au 18 ème siècle, du moins pour cette pommade.

Enfin, c’est évidemment un produit pour les aristocrates, et forcément un produit saisonnier qu’on ne pouvait faire qu’à l’époque de la récolte du raisin. Il en était donc un peu du rouge à lèvres pour les dames comme du vin pour les messieurs.

Quels cosmétiques au Labo ?

Le Labo de Cléopâtre est, depuis ses débuts, un projet de reconstitution autour des parfums et cosmétiques de l’Antiquité, qui a commencé avec Cléopâtre. Mais comme dans tout domaine, il n’est pas d’objet d’étude qui ne soit, de près ou de loin, relié à son hérédité. La durée d’un cosmétique dans le temps va donc souvent du cosmétique historique au cosmétique traditionnel s’il est adopté durablement. Le cosmétique industriel, de conception moderne, a la même origine mais s’éloigne de la tradition et des croyances pour atteindre des buts plus directs.

Dans mon livre Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, vous avez l’exemple type de ce qu’est un cosmétique historique, et ses liens avec les cosmétiques traditionnels : Il est aussi assez courant de trouver des cosmétiques de l’époque gréco-romaine – devenus historiques car plus employés dans notre société – toujours vivaces dans une autre société qui y accorde de l’importance et continue de les employer.

L’adage : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » se vérifie donc aussi beaucoup en matière de sciences, techniques et savoir-faire. Ainsi, bien que la société égyptienne ait abandonné la culture de ses anciens pharaons depuis l’Antiquité, la médecine populaire conserve et pratique toujours des recettes médicales inchangées depuis l’époque des pyramides. Un savoir qui a paru bon, utile, auquel on a crû ne disparaît jamais totalement : soit il est conservé intégralement, soit il est transformé, soit une autre société le conserve.

Sachant cela, je fais donc la distinction entre cosmétique historique, traditionnel et industriel.

– Le cosmétique historique a une recette datée – mème si elle peut se prolonger sur des millénaires durant – après laquelle il n’est plus du tout pratiqué. Bien que ce ne soit pas un cosmétique, je pense ici au kyphi, qui commence son office dans l’Egypte antique et dont on retrouve encore la recette dans les remèdes pharmaceutiques du 17-18 ème siècle.

– Le cosmétique traditionnel, toujours vivant, remonte à des temps ancestraux et continue d’être pratiqué par une ou plusieurs sociétés. Il a les caractéristiques d’un produit traditionnel : il emploie des matières premières et locales, spécifiques d’une société qui en connaît les vertus depuis des siècles. Il associe des connaissances chimiques anciennes à des savoir-faire imprégnés de culture.

– Le cosmétique industriel, conçu, testé et développé selon les dernières connaissances technologiques, vise un résultat précis à un coût fixé par la gamme de produits dans laquelle il s’inscrit et qui va déterminer le choix des matières premières et des techniques. C’est le plus rentable quand on se fixe un objectif esthétique, mais c’est le moins connecté à du culturel.

Dans la boutique du Labo de Cléopâtre, je ne vais évidemment proposer que les 2 premiers types de cosmétiques puisqu’ils ont tous 2 un lien avec la reconstitution : historiques, ils appartiennent au passé, traditionnels, ils sont toujours employés quelque part sur la Terre, et selon des critères et valeurs culturels qui nous sont étrangers mais dont les racines symboliques sont fortes.

En tant que projet de reconstitution des parfums et cosmétiques anciens, ce ne sont donc pas des produits faciles d’accès qui vous sont proposés dans le boutique du Labo, dès lors qu’il y aura écrit « historique » ou « traditionnel » – même s’il n’est évidemment pas question de vous proposer des produits toxiques comme les anciens fards au plomb qui ont sévi de l’Antiquité jusqu’au 18 ème siècle et plus !

Bien évidemment, c’est moi qui réalise les recettes, les conditionne et leur donne leur orientation dans une offre produit pas du tout calibrée pour l’industrie et l’usage cosmétique habituel. Pour autant, les recettes, issues de documents, sont suivies autant que possible à la lettre et ce d’autant plus que le produit est diffusé dans un but de connaissances et de transmission de certains savoir.

Il y aurait ainsi plein de choses à dire et découvrir en comparant un noir aux yeux du commerce avec un khôl traditionnel algérien ou bien encore avec un kajal indien noir profond; un parfum au solvant alcoolisé à 99% de molécules chimiques et un parfum huileux à 100% enfleurage. C’est une question de matières premières, de techniques, de savoir-faire et de culture qui se voit au résultat, mais à condition d’y être attentif, d’être connaisseur ou passionné. Autant dire que ce n’est pas forcément accessible au premier venu, et encore moins à quelqu’un qui cherche juste à se maquiller ou trouver un soin quelconque !

En somme, à quoi ressemble un cosmétique traditionnel ? A un plat du terroir, une recette qu’on connaît depuis des siècles, voire, des millénaires, qui ne se serait pas démodée et que toute une société approuve.

Et à quoi ressemble un cosmétique historique ? Un plat du terroir que l’usage n’a pas conservé car on a trouvé moins cher, plus efficace ou que les ingrédients dont il est composé ne se trouvent plus facilement et qu’il a fallu y renoncer.

En résumé, vous voulez acheter un cosmétique ? De bonnes boutiques agrées vous en proposent un peu partout et à tous les prix.

Vous voulez découvrir l’histoire des parfums et cosmétiques ? Bienvenue au Labo de Cléopâtre .

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Le parfum d’Aphrodite ?

Si sur le blog sont développés des articles qui demandent réflexions et construction, la Page Facebook du Labo de Cléopâtre – qui mêle nouveautés de la boutique, créations parfumées, images d’art ou nouvelles archéologiques – véhicule des informations plus fugaces.

C’est ainsi qu’à la suite d’une recherche sur Athènes  où je devais me rendre en octobre, j’appris par un article en ligne pour voyageurs, ici que le musée archéologique y avait ressuscité le parfum d’Aphrodite. Le parfum d’Aphrodite ? Un rêve quand on a créé Echodecythère, le domaine d’Aphrodite, une aberration quand on a créé le Labo de Cléopâtre et qu’on sait qu’il n’y eut jamais de parfum d’Aphrodite qui puisse se prétendre ressuscité. Une appellation qui doit sûrement faire rêver par son évocation mythologique, érotique et racoleuse puisqu’on la retrouve dans un autre titre à propos du même événement.

Certes, c’est une absurdité pour moi qui recréé ces parfums anciens, néanmoins, je partage l’article sur la Page FB pour les informations qu’il contient et surtout parce qu’en tant que créatrice de senteurs anciennes, habituée à refaire les parfums selon les recettes des médecins de l’Antiquité au plus près de la manière dont ils les ont transmises dans leurs écrits, si moi je ne ne fais pas, qui le fera ?

Et bien entendu, je garde en tête l’information pour mon voyage et n’ai de cesse de me renseigner sur le lieu où se trouve ce fameux musée car je ne suis jamais allée à Athènes.

Le parfum est présenté dans le cadre d’une exposition « Les aspects du Beau », qui réunit de magnifiques pièces de l’Antiquité autour de ce qu’on considérait comme la Beauté. La première à nous accueillir est l’Aphrodite pudique, en tête de cet article. Dans le fond de la pièce, dans un ballon de verre de chimiste transparent, vissé au mur et le col protégé par une grille, apparaît le fameux parfum.

Tant qu’il n’a pas révélé son secret olfactif, un parfum, au visuel, c’est tout et c’est rien. Celui-là, il est rose fuschia, presque rouge, et c’est notamment pour ça qu’il attire l’oeil. Il est aussi mis en scène grâce à un éclairage accentué et des panneaux tendus de tissu noir pour le mettre en valeur. Impossible de le manquer, donc ! Il faut dire qu’au milieu des statues et des objets anciens d’une grande beauté, sa présentation dans du matériel de laboratoire de chimie fait tache. Pourtant, ce n’est pas pour ça qu’il est rouge. Dans l’Antiquité, les parfums huileux étaient en effet teintés en rouge.

 

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Alors, qu’est-ce que ça sent ? Et comment ça sent ?

Ca sent bon, ça sent la rose, ça sent les ingrédients naturels de qualité, et ce de façon puissante. La rose – qui n’était pas un ingrédient exotique mais courant – et un autre aromate européen assez simple et délicieux – tel que coriandre, romarin, sauge, je ne sais pas trop -. Le résultat est vraiment excellent d’un point de vue qualitatif.

D’un point de vue technique et historique, pourtant, la senteur est trop puissante pour un parfum antique dont la recette entraîne une durée de réalisation malgré tout limitée dans le temps, ce qui impose nécessairement une intensité plus faible à l’odeur – problème auquel je suis confrontée en permanence à l’atelier – mais qui devait entrer aussi dans les données culturelles puisque choisies pour des raisons symboliques et magiques – ce que chacun oublie un peu trop.

L’autre problème majeur est le solvant, le « corps » du parfum, comme disait Pline. Ici, ce n’est pas de l’huile, comme c’était le cas dans l’Antiquité – et tels que je les reproduits dans mon atelier avec les aléas que ça comporte – mais de l’alcool. Un choix qui se comprend pour un produit soumis aux bactéries de millions de visiteurs curieux de cette ancienne fragrance, car la solution est en effet stérile et sans danger. Pourtant, cela a une incidence réelle au niveau de la tenue du parfum et de son intensité. Il n’est ainsi pas de choix, pas de sacrifice technique qui ne se fasse au prix de l’odeur elle-même, tout excellent qu’ait été ce parfum.

Finalement, ce parfum, qu’est-ce que c’est ?

C’est un produit fait par une grande marque grecque de cosmétiques et parfumerie, KORRES, qui s’exporte bien et qui a bonne réputation; une valeur sûre pour ceux qui veulent s’assurer que c’est fait par quelqu’un qui sait. Sauf que c’est une notion contemporaine, les parfums n’étant pas conçus par des chimistes dans l’Antiquité mais par des artisans, parfumeurs de profession ou médecins apothicaires en accès direct avec les matières premières.

La notion « parfum d’Aphrodite » des articles français est bien sûr racoleuse, la déesse, ayant bien, selon la mythologie portés des parfums dont elle est aussi la déesse, aucune recette ne peut se targuer d’avoir été décrite comme son parfum, ce qui amplifie d’ailleurs son pouvoir d’évocation comme savent le faire le Nectar et l’Ambroisie dont elle se nourrissait.

L’exposition précise : parfum de l’époque mycénienne.

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Au musée archéologique lui-même comme dans les livres d’historiens spécialisés sur les parfums de l’Antiquité, on apprend que ce qui reste de la parfumerie antique et de l’idée qu’on peut se faire d’un parfum aussi ancien que l’époque mycénienne – de 1650 à 1100 av J-C – ne consiste qu’en des listes de plantes aromatiques sans mentions de quantités, recettes, techniques, ni produits finis. Autrement dit, il ne reste pas grand-chose.

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Si on le recoupe avec les informations données par les médecins ou botanistes tels que Galien, Dioscoride ou Théophraste, le parfum présenté constitue une recette tout à fait probable – de laquelle est bien sûr exclue l’alcool comme solvant, et l’origine de cette couleur rouge, autrefois dévolue au cinabre, minéral toxique, les matières premières brutes qui ont de fortes chances d’avoir été – par commodité, et ça se comprend – des huiles essentielles. Tout l’inverse de ce que j’utilise en atelier pour recréer des parfums anciens qui ne soient pas que dans l’odeur mais dans la matière également, tout détail conservé sur le produit d’origine étant une dimension de vérité ajoutée et des informations précieuses.

 

 

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Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

 

 

Déodorants de l’Antiquité

Par cette vague de chaleur, le moment est tout choisi pour vous faire découvrir des déodorants de l’Antiquité qui peuvent s’avérer de véritables alternatives lorsque vous êtes allergiques aux produits chimiques, aux odeurs trop fortes, ou tout simplement curieux des anciennes façons de concevoir la beauté et l’hygiène.

  • La poudre d’alun

La pierre d’alun, qui a fait son grand retour au moyen des cosmétiques bio était déjà connu et utilisé par les Anciens pour sa lutte contre la transpiration. Oribase, grand compilateur de la médecine antique du V ème siècle, écrit ainsi : » Contre la fétidité des aisselles et l’odeur de bouc. Faites des embrocations avec la myrrhe ou l’alun. »

Par embrocation, l’auteur voulait dire que la poudre d’alun ou de myrrhe n’étaient pas appliqués directement sur la peau mais au moyen d’une substance grasse, huileuse, qui adoucissait le côté irritant des grains de la poudre.

( La poudre d’alun, a par contre, le désavantage de déposer des sels d’aluminum sur votre peau, en lesquels on a actuellement moins confiance )

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  • Ingrédients
  • Poudre d’alun
  • Cérat maison à l’huile d’olive ou beurre corporel cacao, olive, etc.IMG_6402
  • Marche à suivre

Sur aisselles propres et parfaitement sèches, appliquez une noisette de beurre corporel ou de cérat mêlé à un peu de poudre d’alun.

  • Les divers diapasmas

Les diapasmas sont des poudres sèches, de végétaux ou de minéraux reconnus dans l’Antiquité comme étant propres à parfumer et faire disparaître « l’odeur de bouc ». D’un point de vue pratique, on pourrait dire que tout ce qui aide à maintenir la sécheresse du corps et empêcher son humidité et donc la survenue des bactéries va empêcher les mauvaises odeurs.

Pour autant, culturellement, il y a ce qu’on est sûr qu’on employait puisque les textes médicaux en témoignent. On a ainsi vu la poudre de myrrhe, à employer comme la poudre d’alun.

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S’y ajoute :

  • de la poussière d’encens – idéale pour recycler les fonds de boîte
  • les feuilles de cannelle

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  • du jonc odorant

On trouvait également de l’épiaire – plante sauvage – des baies de laurier desséché et du myrte desséché.

  • De la poudre d’iris

Toujours employée, et comme la poudre d’alun, de retour après une éclipse, la poudre d’iris peut servir de déodorant à la fois antique et contemporain, puisqu’on le trouve facilement dans les commerces bio ou spécialisés.

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Sur aisselles propres et sèches, appliquez votre poudre de racine d’iris en plusieurs couches afin d’assurer la sécheresse, et appliquer de nouveau si besoin.

  • Les diapasmas élaborés

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Nettoyant de Cléopâtre

Il existait des recettes précises et élaborées de parfums poudreux qui étaient multi-usage et qui avaient surtout la fonction d’empêcher la mauvaise odeur de sueur. En réalité, elles étaient surtout utilisées par les aristocrates et les recettes employées étaient des senteurs célèbres. Dioscoride et d’autres médecins en donnent certaines recettes que vous pouvez découvrir dans ma boutique et auxquelles j’ai donné la fonction de senteur pour le linge mais qui servaient de déodorant et de parfum sec à leur époque. Parmi eux, le nettoyant de Cléopâtre, utilisé sec, peut servir à cet usage.

Les diapasmas de ma boutique et leur histoire sont ici !

  • De la terre de Sélinonte

Comme la terre de Kimolos, la terre de Sélinonte nous rappelle les diverses argiles, kaolin, ghassoul, utilisés pour se nettoyer ou assécher et qu’on utilise depuis des millénaires. Des terres argileuses qui ne laissent pas passer l’eau naissent les sources, puis les rivières et les fleuves. C’est donc tout naturellement qu’on peut employer la poudre d’argile qu’on trouve dans le commerce, sachant bien sûr qu’en fonction de la couleur de peau ou de la volonté de ne pas trop être marqué au niveau des vêtements, on peut choisir parmi les couleurs d’argile.

Au début de cet été, j’ai utilisé le kaolin comme déodorant. Il a bien fonctionné, j’ai donc décidé de le perfectionner un peu en le parfumant à l’Antique, sans huiles essentielles.

  • Ingrédients
  • Poudre de kaolin
  • Storax noir ( sachet de 50 gr)
  • Mortier et pilon
  • Bol
  • Cuillère
  • Bocal ou boîte hermétique
  • Tamis

 

  • Marche à suivre

Dans le bol, dosez 3 cuillères à soupe de kaolin en poudre. Dosez ensuite 1 cuillère de storax que vous mettrez à piler dans le mortier pour le réduire en poudre et que vous passerez au tamis avant de le mettre dans le bol. Ce qui ne passera pas par le tamis devra être moulu de nouveau. Vous doserez et tamiserez ainsi 3 cuillères à soupe de storax avant de mélanger complètement les 2 ingrédients réduits en poudre que vous conserverez dans votre bocal ou votre boîte hermétique.

Vous voilà en possession d’un déodorant naturel qui vous protège de l’humidité tout en vous parfumant juste légèrement.

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Masque anti-rides à la figue (DIY)

« Les figues mûres réduisent les rides » Pline l’Ancien. Histoire naturelle. XXIII. LXIII.118

La figue est le premier fruit cultivé de l’histoire, mais sa particularité est de n’être pas vraiment un fruit, mais une fleur dont les fruits, intérieurs, sont les petits grains. S’il en existe des centaines de variétés, seuls ces deux, les vertes et les violettes, sont vendues dans le commerce.

Il y a plein de raisons qui peuvent justifier de l’emploi de la figue comme anti-rides, et l’une d’entre elles semble relative à leur croyance en sa maturité. En effet, la figue, tapissée de fleurs mâles et femelles qui n’arrivent pas à maturité en même temps, a besoin d’un insecte sans lequel elle serait stérile. Mais les Anciens n’avaient pas exactement vu les choses ainsi.

Pour eux, le figuier domestique avait besoin d’un figuier sauvage, « qui ne mûrit jamais », mais se décompose et pourrit, libérant ainsi des moucherons qui, colonisant les figues cultivées, les faisaient mûrir. Est-ce par une sorte de transfert de pouvoir symbolique d’un fruit qu’ils croient incapable de mûrir que les Anciens estimaient que la figue réduisait les rides ? Difficile à dire, car ce fruit plein de potassium, vitamines du groupe B, est également riche de plusieurs anti-oxydants, autrement dit, des protecteurs contre le vieillissement.

Son emploi comme anti-rides dans l’Antiquité n’est pas mentionné que chez Pline : on la retrouve chez Rufus d’Ephèse, reprise par Oribase, médecin de l’empereur Julien, dans sa compilation médicale.

  • Matériel
  • Figue
  • Bol

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  • Marche à suivre

Après avoir nettoyé votre peau, profitez de votre dégustation d’une figue pour réserver une partie de sa pulpe à votre peau. En effet, vous n’avez pas besoin d’une figue entière pour recouvrir votre visage, même après plusieurs couches. Ecrasez malgré tout dans le bol la partie que vous souhaitez utiliser pour que l’application soit plus facile.

  • Application

Appliquez sur votre peau propre en plusieurs couches successives pour être sûr de bien recouvrir la peau du visage et du cou. Laissez poser et agir 10 à 20 minutes, puis rincez à l’eau froide pour prolonger les effets tenseurs du masque à la figue.

  • Remarque

Par sa légèreté et sa fraîcheur, la pulpe de figue évoque le gel d’aloe vera, très utilisé en cosmétique naturelle pour ses qualités hydratantes, rafraîchissantes et par sa capacité à tendre légèrement la peau. En effet, les Anciens ne se sont pas trompés : excellent produit tenseur, la différence est visible tout de suite après l’application.

En revanche, les figues proposées sur le marché étant peu nombreuses, ce n’est pas un traitement qu’on peut s’offrir toute l’année, la pleine saison des figues s’étendent de juillet.

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Ingrédients et actifs cosmétiques de l’Antiquité

Les recettes de l’Antiquité emploient majoritairement des ingrédients naturels même si certains peuvent être issus de processus chimiques découverts lors d’analyses du contenu de fioles retrouvées intactes au cours de fouilles archéologiques. C’est le cas avec le khôl égyptien antique, par exemple, dont il est désormais avéré qu’un des composants se retrouve rarement à l’état naturel et qu’il a été chimiquement composé. Dans ces cas-là, il n’y a pas de doute quant à la volonté d’utiliser cet ingrédient plutôt qu’un autre. C’est d’autant plus vrai qu’il est désormais établi que le dérivé du plomb, chimiquement composé et toxique, était ce qui conférait au khôl égyptien son rôle médicinal et protecteur qui lui vaut encore sa réputation.

Mais ce cas est loin d’être majoritaire et d’une manière générale, c’étaient avec des ingrédients naturels de leur environnement direct, combinés ou cuits que les Anciens créaient leurs cosmétiques, parmi lesquels on peut compter les produits issus des animaux, des minéraux ou des végétaux. Un cosmétique antique, c’est en effet bien souvent un cataplasme à base de minéral, d’animal mais plus souvent un végétal, cuit ou cru mêlé à du vin, de l’huile, de l’eau miellée ou du lait. Pour autant, ce n’est pas n’importe quelle huile, ce n’est pas n’importe quel lait, n’importe quel animal ou végétal.

Mais en quoi est-ce dû à une véritable connaissance pratique ?

Les méthodes scientifiques basées sur l’observation, la reproductibilité de phénomènes et tests dans différentes situations pour vérifier un fait sont des méthodes modernes. Pourtant, certains ingrédients, voire produits, continuent d’être utilisés comme dans l’Antiquité. L’exemple le plus célèbre est le cérat de Galien, première cold cream de l’histoire à base d’eau, d’huile et de cire, qu’on continue d’employer et dont la formulation est l’exemple même de l’émulsion classique à la base de toute crème cosmétique. Sa conception remonte pourtant au II ème siècle après J-C.

Même si cet exemple est loin d’être le seul et donne l’impression que les Anciens possédaient une grande compréhension de ce que pouvait être un cosmétique efficace par leurs capacités d’observation et de compréhension auxquelles on doit la création de recettes de beauté qui fonctionnaient vraiment, il est en réalité difficile de distinguer ce qu’ils devaient à ces qualités de ce qu’ils devaient à un fond culturel à l’origine de leurs croyances, souvent erronées. Et la première d’entre elles est la théorie des humeurs sur laquelle se fondait toute la médecine dont les cosmétiques venaient, tout comme les médicaments dans la catégorie de laquelle les recettes de beauté entraient bien souvent.

Ainsi, si pour soigner les problèmes de vue à l’époque de Pline, on donnait des crottes de chèvres ( si, si !) parce qu’on pensait que celles-ci ne souffraient d’aucune affection oculaire grâce leur alimentation, c’est par une logique à peu près semblable qu’on recommandait à ceux qui perdaient leurs cheveux d’appliquer sur leur crâne la galle de l’églantier ( photo à la Une ), très certainement à cause de son apparence chevelue. Pareillement, on donnait de la graisse d’ours dans la même affection, sans doute en raison de son épaisse fourrure. Une logique qu’on conserva longtemps puisqu’au Moyen-Age, on donnait des noix à ceux qui souffraient de maladies du cerveau à cause de leur ressemblance avec celui-ci.

Dans d’autres cas, c’est la culture qui imprégnait le jugement. En médecine, par exemple, l’achillée était connue pour guérir les blessures. Mais on ne peut dire si c’est vraiment Achille – dont la plante porte en effet le nom – qui découvrit la plante comme le raconte Pline puisque Dioscoride, son prédécesseur et inspirateur n’en a pas parlé. Dans le cas qui nous préoccupe, celui des cosmétiques, Pline cite l’hélénium, une herbe attribuée à Hélène et de laquelle, quand on connaît la mythologie et qu’elle est la seule explication du monde, on doit nécessairement s’attendre à ce qu’elle améliore le teint et rende belle, vertus qu’on lui attribuait en effet. Néanmoins, objectivement, ça paraît peut-être exagéré pour une simple espèce de thym…

C’est à cause de tout cela, de ce qui fonctionne dans les produits utilisés dans l’Antiquité et de ce qui est dû à la logique – pas toujours synonyme de vérité pour autant – ou à la culture, toutes deux ayant pu avoir exercé un effet placebo sur ceux convaincus que ces remèdes fonctionnaient, qu’il faut savoir garder l’esprit curieux et attentif sans cesser de tester pour parvenir à établir ce qui peut avoir été effectivement efficace. Une tâche qui s’avère de toute façon d’un grand intérêt.

( Photo à la Une : Bédégar, galle de l’églantier due à un insecte. Image trouvée sur le blog Florémonts consacré à la connaissance des plantes sauvages )

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