Exposition Parfums d’Orient

Petit retour tout personnel – car c’est toujours à travers notre culture et nos émotions que nous percevons le monde – sur l’exposition Parfums d’Orient qui a eu cours fin 2023 et début 2024.

Au milieu d’une très belle collection d’objets anciens et de spécimens de matières premières à parfum, l’exposition présente au visiteur la culture spécifique associée à l’idée de parfum dans les pays arabes. Pourquoi ? Parce qu’elle est unique !

Divers flacons anciens.

Des senteurs qu’on aime là-bas aux circonstances dans lesquelles on les rencontre et jusqu’aux jugements de valeur qui y sont associés, tout y diffère de ce qu’en Europe on appelle parfum !

Les matières puissantes et animales comme le musc et l’ambre gris y sont toujours très appréciées alors qu’elles ont majoritairement disparu des parfums européens passé le 18 ème siècle.

L’ambre gris issu du cachalot

Pareil pour les résines d’encens, de myrrhe, de benjoin, apportant leurs notes aromatiques profondes et qui même revenant progressivement en Europe, ne parviennent pas à détrôner le trio : fleurs, agrumes et aromates.

Ce trio gagnant des notes olfactives s’est imposé en Europe depuis les Eaux de la Reine de Hongrie, vers le 18 ème siècle, et surtout, les indetrônables eaux de Cologne. Mais avant, il avait fallu réapprendre l’art des parfums…auprès des Orientaux.

Or, en Arabie, terre exclusive des meilleurs arbres à encens, et d’où est né l’Islam, résines végétales et notes animales dominent la palette olfactive, ce dont les contes des Mille et une nuits – écrits à l’époque de notre Moyen Âge – se font déjà l’écho.

Matériel pour récolter la résine du Boswellia sacra.

Mais où les matières premières répondent à la question : « Qu’y-a-t-il dans les parfums orientaux, ce à quoi répondent à profusion les bornes olfactives conçues par le parfumeur à la tête du projet, d’autres aspects de l’exposition répondent aux questions plus techniques telles que : « Comment les fabriquait-on ? » et « Comment les conservait-on ? »

Illustration d’une machine pour distiller la rose dans un ouvrage du 14 ème siècle.

Du manuel historique qui détaille le procédé de distillation pour faire l’eau de rose au flacon qui les conserve en passant par l’appareil de distillation reconstitué, c’est le monde des procédés et du matériel de la parfumerie ancienne qui s’expose ainsi. Du moins, légèrement…

Reconstitution de l’appareil à distiller l’eau de rose tel que peint dans l’ouvrage ci-dessus.

Légèrement parce qu’en fin de compte, les parfums d’Orient existent avant tout dans les rapports qu’ils tissent avec ceux qui les vendent, ceux qui les portent et qui s’en servent pour des raisons toute culturelle, principalement liées au rapport à l’autre et au savoir-vivre.

Car globalement, en Orient, le parfum est investi plutôt positivement comme une marque de propreté et de respect, et ce d’abord parce qu’il permet de masquer les mauvaises odeurs. Pour autant, pas directement en lien avec la religion, il est un élément qui permet de montrer son respect envers le divin dans la joie et l’exaltation de la Création.

Coiffes et sandales anciennes pour le hammam.

Mais d’une manière générale, c’est dans les lieux d’intimité qu’on va retrouver les parfums. Le hammam, où le rituel de propreté sophistiqué mêle la tradition des anciens bains romains dont il est l’héritier avec les vertus médicinales et spirituelles d’un acte de purification collective d’où les principes de volupté ne sont pas exclus.

Collection d’objets anciens pour le hammam.

Dans la maison, bien que seules les odeurs de cuisine aient été données à sentir, l’exposition évoque cette pratique d’hospitalité qui consiste à parfumer ses hôtes et qui peut se rencontrer sous les rituels les plus divers : parfumer des coussins d’invités en y ajoutant des substances aromatiques variées, parfumer les convives à la fumée de l’encens…

L’objectif est d’honorer l’invité, mais aussi de laisser un souvenir du moment passé en sa compagnie au moyen de l’odeur qui s’incruste dans les fibres du vêtement et qui rappellera cet instant chaque fois que le parfum se déploiera, au gré du vent, de la chaleur ou des mouvements.

Robe dont l’extérieur est composé de fleurs de jasmin.

Enfin, le parfum, c’est aussi l’intimité conjugale : si l’exposition présente des vêtements entièrement ornés de fleurs de jasmin qui durent être impressionnants de beauté visuelle et olfactive quand ils étaient encore frais, il est connu aussi que des rituels de beauté parfumés accompagnent l’union des époux jusque dans le choix de l’encens « coïtant » à brûler dans la chambre à coucher ou même la toilette minutieuse, secrète et intime de la femme durant les préparatifs de la noce…

Accessoires et lingerie féminine entièrement recouverte de jasmin.

Un beau voyage en Orient dans l’intimité des parfums et de ceux qui les aiment.

Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Les sens multiples du parfum

Après 5 ans passés en projet Labo de Cléopâtre, explorant l’origine et la diversité des formes du parfum dans nos civilisations, c’est l’image d’un usage du parfum protéiforme tout autant qu’indispensable qui se dessine.

Ce qui monte vers dieux et esprits

Si l’étymologie du parfum – per fumum, par la fumée – laisse deviner les origines probables des premiers usages qu’on faisait du parfum, il faut reconnaître que de nombreuses utilisations de par le monde prouvent sa survivance dans les mœurs. Il faut dire qu’avec un peu de feu, une résine ou une plante à parfum, on est déjà dans l’offrande qui agrée aux dieux, aux esprits et qui nous les concilie.

Pourquoi donc s’en priver ? D’autant que ça fonctionnait avec les résines les plus précieuses d’Arabie comme avec la plus modeste branche de romarin, l’encens du pauvre.

Ailleurs dans le monde, sauge blanche, genévriers divers – dont des espèces diversement parfumées poussent un peu partout -, résines et bois odorants ordinaires ou précieux sont comme des cadeaux que la Terre ferait au Ciel depuis la nuit des temps, éclaboussant au passage les Hommes de leurs bienfaits.

Ces usages évoluant dans le temps et l’espace, la découverte de nouveaux territoires et de nouvelles plantes à parfum enrichissent la palette de ce qu’on peut offrir au divin.

Ainsi, la conquête de l’Inde par Alexandre le Grand a ouvert la porte au safran et au nard dans la culture grecque puis l’a diffusée dans tout le monde méditerranéen – la Bible de l’époque de Jésus le mentionne – pour s’étendre sur les pratiques religieuses mais aussi celles du luxe et de la coquetterie.

Plus tard, la colonisation des Amériques a permis d’autres découvertes parfumées dont celle du baume de Tolu venu remplacer le baume de Judée – devenu rare – dans des recettes sacerdotales datant des premiers siècle de l’ère chrétienne.

Mais chez les Hommes, les intérêts du divin se mêlent toujours aux intérêts humains. Comme les dieux, les esprits qu’on convoque en magie ou qu’on veut se concilier lors d’un événement particulier aiment les parfums et sont d’autant plus sensibles aux demandes qu’elles sont accompagnées d’offrandes d’encens : Afrique, Amérique, Europe, Asie, tous ont depuis la nuit des temps des pratiques de fumigation sacrées, symboliques ou magiques censées renforcer le lien entre les dieux, les esprits – djinns, loas, saints, ancêtres – et les Hommes.

– Parfums pour séduire

Si la littérature grecque se fait le témoin bien souvent de l’utilisation de parfum dans les pratiques religieuses, hygiéniques ou funéraires, elle n’échappe à celle qu’on lui connaît aujourd’hui : le parfum pour séduire.

Les courtisanes de Lucien, les épouses d’Aristophane, sont déjà des femmes dont on pourrait dire qu’elles cocottent – du nom de ces courtisanes du 19 ème siècle qu’on repérait rapidement à Paris – et qu’ainsi on n’oubliait pas ! – à leur parfum puissant et provocateur.

Évidemment, pas besoin de faire commerce de ses charmes : vouloir séduire, vouloir marquer l’esprit de celui qu’on aime ou marquer plus favorablement l’esprit de son mari quand on est dans un couple polygame.

En Afrique, dans les pays où on pratique la polygamie, la concurrence fait rage entre épouses d’un même homme, enrichissant et développant le commerce des artifices de séduction, vêtements sexy, lingerie, parfums – mélange de résines locales, mondiales et de parfums huileux issus de l’industrie et qui ont culturellement gagné une réputation durable comme ensorceleurs.

Ces accessoires indispensables sont censés posséder des vertus magiques et aphrodisiaques après lesquelles les femmes courent pour gagner la première ou unique place dans le cœur du mari, seule condition pour une meilleure qualité de vie.

– Performances techniques et industrielles

Mais en Occident où la chimie gouverne depuis le 19 ème siècle le monde de la parfumerie, le parfum prend d’autres voies plus confidentielles que celles du début de son histoire. Comme dans les premiers âges, le parfum permet toujours de séduire, de se distinguer autant socialement.

Les échelles de prix d’aujourd’hui rappellent la description que Pline fait des différents parfums à la mode à son époque et dont les meilleurs se faisaient dans différentes régions du monde – le parfum d’iris à Corynthe et Cysique, celui de rose à Phasèle, celui de safran à Solis, etc… – comme les parfums sont réputés à Grasse, à Paris ou en Italie.

Pourtant, c’est le défi technique et la compétition industrielle et publicitaire qui vont distinguer un parfum d’un autre, à partir de limites toujours repoussées. Dans la nature, en effet, rares sont les matières premières naturelles qui acceptent de livrer leur parfum.

Les chimistes ont trouvé le moyen de s’en passer et même de faire sentir une fleur muette sans utiliser celle-ci. Des performances qui font la réputation des grandes « Maisons » pour lesquelles travaillent ces parfumeurs chimistes dans leur laboratoire, et la fierté de ceux qui se vantent de porter le jus de telle ou telle « Maison ».

Le parfum chimique est aussi une façon économique d’inonder le marché d’odeurs à la mode : les jus se font à la commande, avec des ingrédients plus ou moins chers selon l’exigence de budget du client. C’est ainsi que vous retrouvez facilement des encens indiens réalisés industriellement en plongeant des bâtons dans des cuves de parfums chimiques français sentant finalement plus ou moins un parfum connu de Dior !

Alors, bien évidemment, quand j’arrive au marché de l’histoire avec mes produits faits à la main avec de vraies plantes, j’ai appris qu’en général, il est inutile d’aborder les vieilles dames, fidèles à la confiance en la science et la chimie de leur génération qui ne jurent que par Chanel et qui se méfient du reste.

Mais je peux quand même compter sur :

– les chercheurs, historiens et reconstituteurs et tous métiers en lien avec l’histoire et la culture

– jeunes préoccupés par l’environnement

– Africains et Africaines du Nord dont la façon de faire des parfums traditionnels du Labo de Cléopâtre ressemble tant à la leur.

D’ailleurs, quand Zohra, ma voisine d’origine algérienne me demande de l’encens, elle me dit : « Maud, s’il te plaît, un peu de parfum. » Moi, là où j’ai grandi, un parfum veut dire un liquide odorant majoritairement chimique sur base d’alcool. Même si depuis, j’ai changé de sentier…

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Le cérat, crème antique à tout faire

Datant de l’Antiquité – qu’on peut faire dériver en cold cream en y ajoutant de la teinture de benjoin – le cérat de Galien est une crème attribuée à un médecin du II ème siècle, toujours en circulation de façon très formelle puisque les pharmaciens sont habilités à  la préparer sur ordonnance – même s’il existe désormais des préparations toutes prêtes réalisées par des laboratoires de cosmétiques et parapharmacie.

Voici sa composition actuelle pour 100 grammes :

  • Cire d’abeille blanche : 13 gr
  • Huile végétale d’amande douce : 53,50 gr
  • Eau de rose : 33 gr
  • Borax : 0,50 gr

( Avant que le blanc de baleine soit interdit, la recette en a contenu au cours de sa longue histoire )

Une vieille préparation, me direz-vous, Galien ayant vécu au II ème siècle de notre ère. Pour autant, le cérat est encore bien plus vieux, puisqu’on le retrouve dans l’oeuvre Des maladies des femmes, d’Hippocrate – qui vécut au V ème avant J-C – . La recette est différente, mais son principe est le même et son objectif est de protéger la peau contre le dessèchement dû à  la poussière des chemins. C’est dire si le cérat que nous connaissons actuellement se préparait déjà il y a 2500 ans avec le père de la médecine, à qui on doit le  fameux serment – resté lui aussi suffisamment d’actualité pour continuer d’être prononcé par les médecins d’aujourd’hui avant leur entrée en fonction.

Mais de quel cérat s’agissait-il ?

En réalité, c’était un produit beaucoup plus simple, ne comprenant que de l’huile et de la cire pour la stabiliser. L’eau qu’on trouve dans le cérat de Galien n’était pourtant pas absente, mais elle était extérieure au produit car la recommandation était de prendre un peu de cérat dans la main qu’on humidifiait dans la rivière avant de se l’appliquer sur la peau du visage. Au final, on se retrouve avec une formule à peu près semblable, à ceci près que la formule d’Hippocrate ne contenant pas d’eau dans le produit, ne nécessite pas de conservateur comme le borax, mais va appliquer directement une eau courante sur la peau. Le cérat, appliqué au même moment, permet alors de protéger et conserver cette eau, assurant l’hydratation et donc la protection de la peau.

Ce cérat originel, on lui attribuait des fonctions différentes selon une formulation contenant plus ou moins de cire, permettant une grande diversité d’applications malgré une recette de base à seulement 2 ingrédients.

Mais il y a plus : c’était aussi un produit de base pour permettre l’application de produits sans cela trop abrasifs, comme les poudres de noyaux d’olive qu’on utilisait comme nettoyant-exfoliant, ou celle de myrrhe, de poussière d’encens utilisés sous les aisselles comme déodorant – et comme à peu près tout produit brut insuffisamment réduit en poudre. Leur application comme cosmétique consistait en même temps en des trouvailles de qualité pour améliorer son apparence et son bien-être avec des éléments de l’environnement qu’on transformait déjà pour une utilisation raisonnée.

Et encore ! il est faux de les appeler cosmétiques, ces recettes ayant été conservées dans les ouvrages de médecine tandis que se sont perdus les ouvrages dits de cosmétiques, décriés et déconsidérés à leur époque, au profit d’une certaine idée de la médecine, centrée sur le bien-être, mais jamais sur l’apparence.

Le cérat, qu’on trouve mentionné chez Pline l’Ancien – ou alors non évoqué mais implicite – servait également de base à un produit censé faire repousser les cheveux, à base de cendres de baies de sureau. Un produit que j’ai décidé de reproduire il y a quelques années, et d’appliquer sur un gentil chauve qui a accepté de se sacrifier comme cobaye des expérimentations du Labo de Cléopâtre.

Or, au lieu de voir les cheveux repousser, j’ai eu la surprise de constater que la sorte de texture de cirage noir recouvrant les parties chauves comme c’était prévu, avait la capacité de masquer la calvitie d’un homme brun en recouvrant sa peau d’un film de gras noir et brillant – pour peu qu’on ne le regarde pas de trop près. IMG_0729.jpg

Finalement, est-ce que ce n’était pas ça, le but de ce produit ? Non faire repousser les cheveux d’un chauve, mais juste en donner l’illusion en masquant visuellement les parties chauves ?

Bien sûr, on ne peut avoir aujourd’hui la réponse, puisqu’il nous faudrait être capable de savoir ce que voyaient les Anciens, à quoi ils étaient attentifs en fonction de leur perception du monde et de la construction intellectuelle de leur regard – ce qui possède aussi en soi une histoire complexe de laquelle on ne sortirait sûrement que des hypothèses.

En gros, un cérat, c’est 4 cuillères à soupe d’huile pour une de cire d’abeille. Selon qu’on désire un cérat plus ou moins solide, on peut augmenter ou diminuer la dose d’huile. On fait chauffer au bain-marie jusqu’à la fonte complète de la cire et on verse dans un pot qu’on referme. On laisse refroidir. L’huile devenue solide va pouvoir servir à des applications bien plus variées que si elle était restée dans son état liquide.

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Flacons du musée archéologique d’Athènes

Au musée archéologique d’Athènes, il n’est pas difficile de trouver des flacons de parfum de l’Antiquité, et ce pour plusieurs raisons, à  la fois pratiques et culturelles. La première, c’est que c’est un petit objet qu’on pouvait facilement glisser dans une tombe, et c’est d’ailleurs de cette manière là qu’on les a retrouvés. La seconde, c’est que c’est un objet qui contenait un liquide qui avait paru précieux à celui qui l’emportait dans la tombe et qui lui semblait mériter de l’accompagner, le dernier, c’est que le parfum était aussi utilisé dans le rituel à prodiguer au mort, ce qui va justifier sa sur-présence.

En effet, parmi les différentes raisons du commerce du parfum sur l’Agora, séduire, prendre soin de son corps et rendre les derniers hommages à un défunt se côtoient sur un pied d’égalité d’usage, le parfum accompagnant les Athéniens dans toutes les étapes profanes ou sacrées de leur vie. Une particularité qui s’arrêtera après  l’Antiquité pour ne renaître que très tardivement, à l’époque moderne – le parfum ayant perdu, avec le Christianisme, la valeur positive qu’on lui attribuait.

Au niveau de la taille, les flacons de type petit abalastre ou d’autres types sont très nombreux. Cela s’explique notamment par la technique de fabrication qui demande beaucoup de matière première pour donner quelque chose de très parfumé et donc une réduction pour parvenir à un produit vraiment odorant. C’est aussi mon expérience en atelier où je reproduis ces parfums selon les mêmes techniques.

Ils ont des couleurs, des formes, des motifs, des matériaux d’une grande variété, témoignant de techniques et de cultures différentes de la nôtre, même s’il reste possible de formuler quelques hypothèses par rapport à ce qui est connu de l’histoire des parfums et de leur usage.

Ainsi, on imagine volontiers les formes de pied, d’hommes barbus, d’africains et autres personnages masculins comme étant des flacons ayant appartenu à des hommes, ceux représentant des motifs plus délicats ou ornés de scènes de coquetterie assumées par des femmes comme ayant appartenu naturellement à des femmes ou des jeunes filles. Ceux présentant des scènes cultuelles peuvent avoir été spécialement consacrés à la toilette des morts comme l’Iliade nous raconte qu’Aphrodite oignait le corps de Patrocle d’une huile de rose pour le protéger de la dégradation que lui infligeait Hector en le traînant chaque jour derrière son char.

Après, le reste paraît bien mystérieux, tant un symbole, déconnecté de son contexte, perd de sa signification. Pourquoi ces Africains ? Ces hommes barbus ? Qui sont ces figures cornues et ces personnages assis ou debout qui peuvent très bien être mythologiques ?

Reste le miracle qui a voulu qu’un objet de plus de 2000 ans rencontre nos yeux et nous raconte une petite histoire qui demeure mystérieuse sur les parfums, mais qui en révèle quand même plus que si nous n’avions rien. Petit miracle à quoi s’ajoute la finesse et la valeur du travail qui a perduré jusqu’à nous émerveiller aujourd’hui.

Les parfums huileux et antique du Labo de Cléopâtre

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Le parfum d’Aphrodite ?

Si sur le blog sont développés des articles qui demandent réflexions et construction, la Page Facebook du Labo de Cléopâtre – qui mêle nouveautés de la boutique, créations parfumées, images d’art ou nouvelles archéologiques – véhicule des informations plus fugaces.

C’est ainsi qu’à la suite d’une recherche sur Athènes  où je devais me rendre en octobre, j’appris par un article en ligne pour voyageurs, ici que le musée archéologique y avait ressuscité le parfum d’Aphrodite. Le parfum d’Aphrodite ? Un rêve quand on a créé Echodecythère, le domaine d’Aphrodite, une aberration quand on a créé le Labo de Cléopâtre et qu’on sait qu’il n’y eut jamais de parfum d’Aphrodite qui puisse se prétendre ressuscité. Une appellation qui doit sûrement faire rêver par son évocation mythologique, érotique et racoleuse puisqu’on la retrouve dans un autre titre à propos du même événement.

Certes, c’est une absurdité pour moi qui recréé ces parfums anciens, néanmoins, je partage l’article sur la Page FB pour les informations qu’il contient et surtout parce qu’en tant que créatrice de senteurs anciennes, habituée à refaire les parfums selon les recettes des médecins de l’Antiquité au plus près de la manière dont ils les ont transmises dans leurs écrits, si moi je ne ne fais pas, qui le fera ?

Et bien entendu, je garde en tête l’information pour mon voyage et n’ai de cesse de me renseigner sur le lieu où se trouve ce fameux musée car je ne suis jamais allée à Athènes.

Le parfum est présenté dans le cadre d’une exposition « Les aspects du Beau », qui réunit de magnifiques pièces de l’Antiquité autour de ce qu’on considérait comme la Beauté. La première à nous accueillir est l’Aphrodite pudique, en tête de cet article. Dans le fond de la pièce, dans un ballon de verre de chimiste transparent, vissé au mur et le col protégé par une grille, apparaît le fameux parfum.

Tant qu’il n’a pas révélé son secret olfactif, un parfum, au visuel, c’est tout et c’est rien. Celui-là, il est rose fuschia, presque rouge, et c’est notamment pour ça qu’il attire l’oeil. Il est aussi mis en scène grâce à un éclairage accentué et des panneaux tendus de tissu noir pour le mettre en valeur. Impossible de le manquer, donc ! Il faut dire qu’au milieu des statues et des objets anciens d’une grande beauté, sa présentation dans du matériel de laboratoire de chimie fait tache. Pourtant, ce n’est pas pour ça qu’il est rouge. Dans l’Antiquité, les parfums huileux étaient en effet teintés en rouge.

 

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Alors, qu’est-ce que ça sent ? Et comment ça sent ?

Ca sent bon, ça sent la rose, ça sent les ingrédients naturels de qualité, et ce de façon puissante. La rose – qui n’était pas un ingrédient exotique mais courant – et un autre aromate européen assez simple et délicieux – tel que coriandre, romarin, sauge, je ne sais pas trop -. Le résultat est vraiment excellent d’un point de vue qualitatif.

D’un point de vue technique et historique, pourtant, la senteur est trop puissante pour un parfum antique dont la recette entraîne une durée de réalisation malgré tout limitée dans le temps, ce qui impose nécessairement une intensité plus faible à l’odeur – problème auquel je suis confrontée en permanence à l’atelier – mais qui devait entrer aussi dans les données culturelles puisque choisies pour des raisons symboliques et magiques – ce que chacun oublie un peu trop.

L’autre problème majeur est le solvant, le « corps » du parfum, comme disait Pline. Ici, ce n’est pas de l’huile, comme c’était le cas dans l’Antiquité – et tels que je les reproduits dans mon atelier avec les aléas que ça comporte – mais de l’alcool. Un choix qui se comprend pour un produit soumis aux bactéries de millions de visiteurs curieux de cette ancienne fragrance, car la solution est en effet stérile et sans danger. Pourtant, cela a une incidence réelle au niveau de la tenue du parfum et de son intensité. Il n’est ainsi pas de choix, pas de sacrifice technique qui ne se fasse au prix de l’odeur elle-même, tout excellent qu’ait été ce parfum.

Finalement, ce parfum, qu’est-ce que c’est ?

C’est un produit fait par une grande marque grecque de cosmétiques et parfumerie, KORRES, qui s’exporte bien et qui a bonne réputation; une valeur sûre pour ceux qui veulent s’assurer que c’est fait par quelqu’un qui sait. Sauf que c’est une notion contemporaine, les parfums n’étant pas conçus par des chimistes dans l’Antiquité mais par des artisans, parfumeurs de profession ou médecins apothicaires en accès direct avec les matières premières.

La notion « parfum d’Aphrodite » des articles français est bien sûr racoleuse, la déesse, ayant bien, selon la mythologie portés des parfums dont elle est aussi la déesse, aucune recette ne peut se targuer d’avoir été décrite comme son parfum, ce qui amplifie d’ailleurs son pouvoir d’évocation comme savent le faire le Nectar et l’Ambroisie dont elle se nourrissait.

L’exposition précise : parfum de l’époque mycénienne.

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Au musée archéologique lui-même comme dans les livres d’historiens spécialisés sur les parfums de l’Antiquité, on apprend que ce qui reste de la parfumerie antique et de l’idée qu’on peut se faire d’un parfum aussi ancien que l’époque mycénienne – de 1650 à 1100 av J-C – ne consiste qu’en des listes de plantes aromatiques sans mentions de quantités, recettes, techniques, ni produits finis. Autrement dit, il ne reste pas grand-chose.

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Si on le recoupe avec les informations données par les médecins ou botanistes tels que Galien, Dioscoride ou Théophraste, le parfum présenté constitue une recette tout à fait probable – de laquelle est bien sûr exclue l’alcool comme solvant, et l’origine de cette couleur rouge, autrefois dévolue au cinabre, minéral toxique, les matières premières brutes qui ont de fortes chances d’avoir été – par commodité, et ça se comprend – des huiles essentielles. Tout l’inverse de ce que j’utilise en atelier pour recréer des parfums anciens qui ne soient pas que dans l’odeur mais dans la matière également, tout détail conservé sur le produit d’origine étant une dimension de vérité ajoutée et des informations précieuses.

 

 

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Déodorants de l’Antiquité

Par cette vague de chaleur, le moment est tout choisi pour vous faire découvrir des déodorants de l’Antiquité qui peuvent s’avérer de véritables alternatives lorsque vous êtes allergiques aux produits chimiques, aux odeurs trop fortes, ou tout simplement curieux des anciennes façons de concevoir la beauté et l’hygiène.

  • La poudre d’alun

La pierre d’alun, qui a fait son grand retour au moyen des cosmétiques bio était déjà connu et utilisé par les Anciens pour sa lutte contre la transpiration. Oribase, grand compilateur de la médecine antique du V ème siècle, écrit ainsi : » Contre la fétidité des aisselles et l’odeur de bouc. Faites des embrocations avec la myrrhe ou l’alun. »

Par embrocation, l’auteur voulait dire que la poudre d’alun ou de myrrhe n’étaient pas appliqués directement sur la peau mais au moyen d’une substance grasse, huileuse, qui adoucissait le côté irritant des grains de la poudre.

( La poudre d’alun, a par contre, le désavantage de déposer des sels d’aluminum sur votre peau, en lesquels on a actuellement moins confiance )

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  • Ingrédients
  • Poudre d’alun
  • Cérat maison à l’huile d’olive ou beurre corporel cacao, olive, etc.IMG_6402
  • Marche à suivre

Sur aisselles propres et parfaitement sèches, appliquez une noisette de beurre corporel ou de cérat mêlé à un peu de poudre d’alun.

  • Les divers diapasmas

Les diapasmas sont des poudres sèches, de végétaux ou de minéraux reconnus dans l’Antiquité comme étant propres à parfumer et faire disparaître « l’odeur de bouc ». D’un point de vue pratique, on pourrait dire que tout ce qui aide à maintenir la sécheresse du corps et empêcher son humidité et donc la survenue des bactéries va empêcher les mauvaises odeurs.

Pour autant, culturellement, il y a ce qu’on est sûr qu’on employait puisque les textes médicaux en témoignent. On a ainsi vu la poudre de myrrhe, à employer comme la poudre d’alun.

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S’y ajoute :

  • de la poussière d’encens – idéale pour recycler les fonds de boîte
  • les feuilles de cannelle

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  • du jonc odorant

On trouvait également de l’épiaire – plante sauvage – des baies de laurier desséché et du myrte desséché.

  • De la poudre d’iris

Toujours employée, et comme la poudre d’alun, de retour après une éclipse, la poudre d’iris peut servir de déodorant à la fois antique et contemporain, puisqu’on le trouve facilement dans les commerces bio ou spécialisés.

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Sur aisselles propres et sèches, appliquez votre poudre de racine d’iris en plusieurs couches afin d’assurer la sécheresse, et appliquer de nouveau si besoin.

  • Les diapasmas élaborés

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Nettoyant de Cléopâtre

Il existait des recettes précises et élaborées de parfums poudreux qui étaient multi-usage et qui avaient surtout la fonction d’empêcher la mauvaise odeur de sueur. En réalité, elles étaient surtout utilisées par les aristocrates et les recettes employées étaient des senteurs célèbres. Dioscoride et d’autres médecins en donnent certaines recettes que vous pouvez découvrir dans ma boutique et auxquelles j’ai donné la fonction de senteur pour le linge mais qui servaient de déodorant et de parfum sec à leur époque. Parmi eux, le nettoyant de Cléopâtre, utilisé sec, peut servir à cet usage.

Les diapasmas de ma boutique et leur histoire sont ici !

  • De la terre de Sélinonte

Comme la terre de Kimolos, la terre de Sélinonte nous rappelle les diverses argiles, kaolin, ghassoul, utilisés pour se nettoyer ou assécher et qu’on utilise depuis des millénaires. Des terres argileuses qui ne laissent pas passer l’eau naissent les sources, puis les rivières et les fleuves. C’est donc tout naturellement qu’on peut employer la poudre d’argile qu’on trouve dans le commerce, sachant bien sûr qu’en fonction de la couleur de peau ou de la volonté de ne pas trop être marqué au niveau des vêtements, on peut choisir parmi les couleurs d’argile.

Au début de cet été, j’ai utilisé le kaolin comme déodorant. Il a bien fonctionné, j’ai donc décidé de le perfectionner un peu en le parfumant à l’Antique, sans huiles essentielles.

  • Ingrédients
  • Poudre de kaolin
  • Storax noir ( sachet de 50 gr)
  • Mortier et pilon
  • Bol
  • Cuillère
  • Bocal ou boîte hermétique
  • Tamis

 

  • Marche à suivre

Dans le bol, dosez 3 cuillères à soupe de kaolin en poudre. Dosez ensuite 1 cuillère de storax que vous mettrez à piler dans le mortier pour le réduire en poudre et que vous passerez au tamis avant de le mettre dans le bol. Ce qui ne passera pas par le tamis devra être moulu de nouveau. Vous doserez et tamiserez ainsi 3 cuillères à soupe de storax avant de mélanger complètement les 2 ingrédients réduits en poudre que vous conserverez dans votre bocal ou votre boîte hermétique.

Vous voilà en possession d’un déodorant naturel qui vous protège de l’humidité tout en vous parfumant juste légèrement.

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Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Masque anti-rides à la figue (DIY)

« Les figues mûres réduisent les rides » Pline l’Ancien. Histoire naturelle. XXIII. LXIII.118

La figue est le premier fruit cultivé de l’histoire, mais sa particularité est de n’être pas vraiment un fruit, mais une fleur dont les fruits, intérieurs, sont les petits grains. S’il en existe des centaines de variétés, seuls ces deux, les vertes et les violettes, sont vendues dans le commerce.

Il y a plein de raisons qui peuvent justifier de l’emploi de la figue comme anti-rides, et l’une d’entre elles semble relative à leur croyance en sa maturité. En effet, la figue, tapissée de fleurs mâles et femelles qui n’arrivent pas à maturité en même temps, a besoin d’un insecte sans lequel elle serait stérile. Mais les Anciens n’avaient pas exactement vu les choses ainsi.

Pour eux, le figuier domestique avait besoin d’un figuier sauvage, « qui ne mûrit jamais », mais se décompose et pourrit, libérant ainsi des moucherons qui, colonisant les figues cultivées, les faisaient mûrir. Est-ce par une sorte de transfert de pouvoir symbolique d’un fruit qu’ils croient incapable de mûrir que les Anciens estimaient que la figue réduisait les rides ? Difficile à dire, car ce fruit plein de potassium, vitamines du groupe B, est également riche de plusieurs anti-oxydants, autrement dit, des protecteurs contre le vieillissement.

Son emploi comme anti-rides dans l’Antiquité n’est pas mentionné que chez Pline : on la retrouve chez Rufus d’Ephèse, reprise par Oribase, médecin de l’empereur Julien, dans sa compilation médicale.

  • Matériel
  • Figue
  • Bol

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  • Marche à suivre

Après avoir nettoyé votre peau, profitez de votre dégustation d’une figue pour réserver une partie de sa pulpe à votre peau. En effet, vous n’avez pas besoin d’une figue entière pour recouvrir votre visage, même après plusieurs couches. Ecrasez malgré tout dans le bol la partie que vous souhaitez utiliser pour que l’application soit plus facile.

  • Application

Appliquez sur votre peau propre en plusieurs couches successives pour être sûr de bien recouvrir la peau du visage et du cou. Laissez poser et agir 10 à 20 minutes, puis rincez à l’eau froide pour prolonger les effets tenseurs du masque à la figue.

  • Remarque

Par sa légèreté et sa fraîcheur, la pulpe de figue évoque le gel d’aloe vera, très utilisé en cosmétique naturelle pour ses qualités hydratantes, rafraîchissantes et par sa capacité à tendre légèrement la peau. En effet, les Anciens ne se sont pas trompés : excellent produit tenseur, la différence est visible tout de suite après l’application.

En revanche, les figues proposées sur le marché étant peu nombreuses, ce n’est pas un traitement qu’on peut s’offrir toute l’année, la pleine saison des figues s’étendent de juillet.

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Flacons de parfum antique

Partie gauche de la photo, femme versant du parfum dans un flacon de la villa Farnésine. Musée des Thermes. Rome.

Partie de droite, urne funéraire de la nécropole de Cumes (Italie) du I er siècle avant J-C. Un flacon de parfum en albâtre a été retrouvé déposé sur les ossements.

De la forme, à la taille, l’époque et la fonction, c’est exactement le même objet, l’un représenté il y a plus de 2000 ans, l’autre enterré il y a plus de 2000 ans et retrouvé il y a quelques années !

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Video : Comment parfumer les habits ?

Pour parfumer ses vêtements aux encens, voici les conseils d’une Sénégalaise, qui les utilise régulièrement.

Nous avons perdu cet usage et même si nous voulons parfois nous y mettre, nous avons souvent bien du mal à envisager les gestes, les conseils de sécurité et les détails techniques permettant de parfumer efficacement le linge avec nos encens.

Cette vidéo sera alors bien utile car elle est en français. En revanche étant de culture totalement  différente, vous verrez des équipements pour parfumer les vêtements qu’on retrouve au Sénégal ou dans les pays arabes mais que vous ne connaissez pas. Il faudra alors faire preuve de créativité et les adapter en fonction du monde dans lequel vous vivez si vous voulez parfumer vos vêtements naturellement aux encens.

Restons ouverts aux autres cultures : elles ont toujours quelque chose à nous apprendre !

( Photo à la Une : boîte de Thiouraye, encens traditionnel sénégalais utilisé dans la vidéo mais aussi dans le monde arabe).

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Faire un parfum huileux (DIY)

Dans l’Antiquité, le parfum n’était pas à base d’alcool et la distillation n’était pas non plus inventée. Certains chercheurs ont malgré tout évoqué une méthode compliquée utilisant un textile au-dessus d’une marmite pleine de végétaux chauffés pour en extraire les huiles essentielles en guise de pré-distillation. Bien que certainement efficace puisque les odeurs se fixent effectivement bien dans les fibres, ce devait malgré tout être une technique aussi rare que coûteuse et longue.

Les parfums antiques étaient généralement faits :

  • de fleurs fraîches via les couronnes
  • de matières odorantes brûlées
  • de poudres de végétaux odorants
  • d’huiles dans lesquelles on a pratiqué l’enfleurage à chaud ou à froid

Aujourd’hui, c’est cette dernière technique que je vais vous présenter et vous permettre de reproduire – non pas avec de l’enfleurage à froid dans un premier temps parce que cela concerne des matériaux fragiles, coûteux, et des procédés salissants et contraignants – mais avec un enfleurage à chaud en utilisant des matières solides et résistantes.

Pour la recette suivante, je vous laisse le choix entre le parfum de myrrhe ou de cannelle, les deux étant appréciés dans l’Antiquité et étant tout aussi faciles à obtenir car demandant les mêmes techniques. Les seules différences seront sur l’odeur, votre investissement et vos goûts personnels, et si vous avez de la myrrhe à disposition, de la cannelle, etc. Prenez aussi en considération votre sensibilité : même si ses huiles essentielles ne sont pas très concentrées dans cette recette, la cannelle est très allergisante.

Bien que la technique soit réalisable avec de l’oliban et une autre épice que la cannelle, je ne vous les propose pas car ces parfums ne sont pas cités dans l’Antiquité dans le cadre des parfums huileux.

  • Matériel
  • Huile d’olive
  • Larmes de myrrhe ou bâtons de cannelle
  • Sel
  • Résine quelconque
  • Auto-cuiseur ou grosse casserole et panier à vapeur
  • Bol
  • Film alimentaire
  • Flacon 15 à 20 ml
  • Mini entonnoirFullSizeRender (8)
  • Marche à suivre

Dans un petit bol, placez de la résine de myrrhe ou des bâtons de cannelle de façon à recouvrir le fond. Recouvrez d’huile d’olive sans aller beaucoup plus haut que le bord des ingrédients. Rendez hermétique votre bol grâce au film alimentaire.

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Remplir l’auto-cuiseur d’eau, allumez-le et mettez le bol dans le panier à vapeur. Ajoutez le couvercle. Laissez les matières premières libérer leurs huiles essentielles ainsi dans le corps gras pendant plusieurs heures tout en vérifiant régulièrement la présence d’eau dans la casserole ou d’auto-cuiseur. Quand il ne reste presque plus d’eau, arrêtez le feu et laissez refroidir. Une fois l’ensemble refroidi, vous pouvez déjà retirer le film et sentir votre produit pour l’évaluer.

Vous pouvez ensuite remettre sur le feu de la même manière en rajoutant de nouvelles matières premières pour charger encore plus l’huile en parfum jusqu’à saturation. Vous pouvez améliorer ainsi votre produit pendant plusieurs jours afin d’en rendre le parfum plus fort, tout en laissant les épices ou les résines dans l’huile entre les phases de chauffe.

Une fois satisfait du résultat, il ne vous reste plus qu’à retirer les résines ou les épices en les pressant un peu pour récupérer toute l’huile, puis verser le parfum huileux dans le flacon, à travers un mini entonnoir. Ajouter une résine au fond du flacon pour la conservation du parfum, une pincée de sel pour la conservation de l’huile et gardez votre produit à l’abri de la lumière. IMG_5982

Ajoutez une étiquette avec la date. Votre parfum huileux est un produit qui va évoluer, notamment en senteur, contrairement aux parfums du commerce. N’hésitez pas à le porter, à le tester, à vous émerveiller de son évolution : vous serez surpris du voyage !

NB : Cette technique vaut pour quelques résines et quelques épices mais ne vaut pas pour d’autres ou pour d’autres végétaux vivants comme les fleurs qui ne supportent pas la chauffe, qui sont muettes de parfum ou qui modifient leur parfum en chauffant.

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.