Perle parfumée dans la parfumerie traditionnelle

Les sociétés anciennes comme les sociétés traditionnelles ont ceci de commun que leur manière de concevoir le parfum est très élargie, par rapport à celle de nos sociétés industrielles où la chimie a complètement changé notre rapport à celui-ci depuis bientôt 3 siècles. En Occident, un parfum, c’est un flacon de liquide qui peut aussi se diffuser en spray, et beaucoup plus rarement en concrète. On peut encore les décliner en savon, gel douche, déodorants et crème pour le corps.

Dans l’Antiquité, on considérait que le parfum était ce qui sentait de façon assez agréable pour qu’on ait envie de le porter sur soi, l’offrir aux dieux ou à ses morts. Entrent donc dans cette catégorie les résines et aromates qu’on faisait brûler pour la divinité, mais aussi pour parfumer ses vêtements, des poudres de plantes à parfum, et des couronnes de fleurs. Un système logique dans une société qui ne possède que ce que la Nature offre pour se parfumer, et qui sait multiplier les façons de le faire.

Car paradoxalement, effectivement, si les parfums occidentaux de la société industrielle sont complexes dans leur formulation chimique, leur variété est pauvre. A l’inverse, dans les sociétés anciennes, la palette est pauvre car elle dépend de ce que permet la Nature (pas en molécules odorantes, par contre, beaucoup plus nombreuses que dans un parfum chimique construit), mais les variétés de ce qu’on acceptait comme parfum étaient beaucoup plus grande : encens qu’on brûle, sachet odorant à porter sur soi, graisse parfumée par enfleurage, tissu imprégné d’une essence de bois ou d’autres ingrédients odorants, etc.

Photo de classe à Bora-Bora. Dans l’Antiquité, nous employions aussi les couronnes parfumées, comme l’attestent les textes des anciens philosophes grecs.

Parmi ces possibilités, une très intéressante consiste en des perles parfumées pour faire des colliers, bracelets et autres bijoux traditionnels, souvent religieux mais pas uniquement. Si elle n’est pas attestée pour l’instant dans les textes de l’Antiquité, c’est malgré tout une forme assez répandue pour figurer dans pas mal de civilisations, dont la nôtre – particulièrement pour la réalisation des chapelets.

Boutiques religieuses en ligne ou en dur proposent des chapelets en bois parfumé à la rose ou au jasmin, fleurs souvent associées à la Vierge Marie et qui donnent une dimension agréable et magique à l’acte de récitation du rosaire. Parfumé extérieurement aux huiles essentielles, ce sont des objets peu coûteux car faciles à réaliser.

Néanmoins, il exista en France un genre de perles pour chapelets aux recettes 100 % naturelles sur base exclusive de plantes à parfums et dont le résultat a l’avantage d’être à la fois agréable, équilibré et de remonter à plusieurs siècles, ce qui en fait un véritable produit de reconstitution historique – avec tous les inconvénients que ça occasionne : fragilité du produit, durabilité incertaine, etc..

Hormis ces inconvénients propres aux produits réalisés en matières naturelles, c’est un magnifique objet 100% reconstitué de notre histoire et dont la recette remonte au 18 ème siècle – si ce n’est plus loin.

Chapelet Vieille France

Sur cette base, en employant cette technique ancestrale, j’ai conçu plusieurs autres chapelets ou bijoux originaux, mais toujours en lien avec la botanique mythologique ou le patrimoine des civilisations.

Chapelet Mauvais œil aux herbes grecques
Chapelet latino aux perles de tabac
Chapelet Santa Muerte aux perles de tabac.
Collier Anubis perles de kyphi
Collier kyphi et authentique Ushbati (serviteur d’un défunt dans l’Au-delà)
Parure scarabée bleu perles de kyphi

Mais la perle parfumée, c’est aussi, et de façon bien plus simple, des perles taillées dans un bois ou un rhizome naturellement odorants.

Ce qu’il y a de particulièrement intéressant, avec la perle en bois parfumé, c’est que contrairement aux perles en pierre semi-précieuse, elle est moins répandue au niveau du commerce international. Son emploi en bijou est à la fois plus rare et plus typique d’une civilisation, et donc beaucoup plus porteuse de sens. En effet, notre façon d’aimer ou ne pas aimer une odeur sont beaucoup plus culturelles et radicales que notre façon d’accepter des gemmes.

Ainsi les perles de santal vont être présentes en Inde et dans quelques régions d’Asie – comme d’une manière générale dans la tradition bouddhiste. On y sculptera aussi les statues des divinités, et bien sûr, on en fait des mala dans les 2 religions.

Mala Ganesh perles de santal

Autre bois asiatique odorant au parfum moins connu en bois brut mais tout aussi naturel et magnifique, le camphrier, avec lequel je fais aussi des mala.

Mala bouddhiste camphrier

Mais comme c’est un bois particulièrement sacré et lié à la culture japonaise – comme on le voit dans le film Totoro – j’en fais aussi des bracelets Maneki Neko, dont la tradition, purement japonaise, s’apparente plus au shintoïsme.

Bracelet porte-bonheur Maneki-Neko camphrier

Enfin, dernier bois dont on fait des perles parfumées que je vous propose en boutique : le cyprès, arbre européen, cette fois, autrefois consacré à Hadès, et dont je fais des bracelets dans ce but.

Bracelet cyprès Père Hadès

Je fais aussi des bijoux pour Athena – et les Olympiens – avec des perles en bois d’Olivier, son arbre consacré. Ils ne sont pas odorants mais respectent la tradition grecque de l’Antiquité

Bracelet Protection hellénique bois d’olivier

En réalité, des bois ou autres végétaux parfumés dont on fait des perles, il en existe dans beaucoup de civilisations : l’Afrique en fait de traditionnels en gowé, dont l’odeur est magnifique et qui servent surtout à la séduction et aux rapports amoureux, le Maghreb en fait aussi de traditionnels et dans lesquels entrent les clous de girofle, notamment.

Le monde arabe, lui, aime les chapelets musulmans en bois d’agar, leur légendaire bois de oudh originaire d’Asie. Mais d’autres encore, jamais vus ou jamais sentis ayant pourtant existé : un bracelet mala en fèves Tonka, dont la mention a été rencontrée dans un livre de littérature classique Chinoise : Le rêve dans le pavillon rouge.

Vous l’aurez compris, si je donne autant de place aux bijoux parfumés en bois odorants ou mélanges de plantes, c’est qu’elles ont un vrai rôle – souvent relié à la religion et au sacré – dans les parfums traditionnels du monde entier et qu’il est temps de renouer avec la merveilleuse diversité de nos traditions à tous en matière de parfums naturels.

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L’art de l’encens en Chine ancienne

En 2018 a eu lieu l’exposition Parfums de Chine au musée Cernuschi, consacrée à la culture de l’encens dans la Chine impériale.

C’était une exposition d’un grand raffinement où les objets anciens destinés aux parfums rivalisaient d’élégance – même pour les plus anciens d’entre eux. Exposition magnifique, il est vrai, mais finalement un peu hermétique, car au final, les différentes dynasties et ce qu’elles ont pu représenter restera forcément un mystère, car ce n’est pas notre culture.

Pour autant, force est de constater que la culture du parfum et de l’encens y étaient vivantes et continuaient de progresser quand nous les avions abandonnées. Non seulement cette culture était vivante, mais elle était, de plus, associée aux plus hautes classes sociales, celle des lettrés, des mandarins, des poètes et des empereurs.

Une association qui pousse évidemment au plus grand raffinement et à la technicité même dans les moindres détails : des senteurs distinguées et jamais puissantes, une fumée presque inexistante, des matières premières d’une grande finesse et des brûle-parfum ouvragés comme des œuvres d’art.

L’encens lui-même, en tant que produit, rituel et dans sa fonctionnalité, se révèle très riche de possibilités, avec l’apparition d’un premier bâton d’encens à une période que nous appelions la Renaissance, et avec une recette primitive complexe en plusieurs étapes. Un modèle pratique qui a évolué depuis pour finalement donner de l’encens un caractère si pratique qu’il semble aujourd’hui majoritaire – grâce également aux procédés chimiques et industriels.

Plus raffinée est la culture du sceau d’encens, issue de la religion bouddhiste et qui consiste à faire un dessin avec le parfum – une poudre de bois et de plantes auto-combustible qui ne nécessite de ce fait pas de charbon. Ce dessin fait à la poudre semblera mobile à mesure que progressera la combustion. Un exercice en réalité moins facile qu’il n’y parait et qui a tout de ces exercices de patience qui font parvenir à la méditation.

D’autre part, et pour ajouter à la créativité possible, des dizaines de sceaux d’encens sont réalisables car l’offre peut être vaste. En effet, l’art de l’encens est une culture toujours vivante, en Chine comme au Japon.

À la base, les sceaux d’encens servaient à mesurer le temps : temps des veilles, qui constituaient les différentes tranches horaires découpant la nuit, temps d’un rendez-vous d’affaire, temps d’un rendez-vous chez une courtisane. Une technique également pratiquée au Japon et qui peut également se faire avec les bâtons.

N’avez-vous jamais remarqué que la durée de combustion d’un bâton était toujours précisée sur un rouleau ou une boîte d’encens japonais ? Bien que d’autres techniques plus modernes soient apparues pour mesurer le temps, l’usage de l’encens, simple et évident, demeure.

C’est cette pratique que j’ai voulu vous faire découvrir avec l’encens du grenier public de Dingzhou entièrement reconstitué grâce à sa recette donnée en exemple et dont tous les ingrédients ont pu être trouvés. C’est une recette qu’on peut situer entre le XII ème siècle et XVI ème siècle européen.

Encens historique de la Chine impériale

En outre, pour vous proposer une reconstitution totale, j’ai décidé de proposer des coffrets Art chinois de l’encens. L’encens reconstitué était en effet un sceau d’encens, j’ai pensé que vous proposer l’expérience totale était forcément plus parlante.

Le coffret comprend malgré tout un minimum d’instruments là où un coffret total vous proposerait plus d’outils.

Coffret art chinois de l’encens

J’ai donc décidé d’aller à l’essentiel :

– un brûle-parfum très chinois mais uniquement adapté à cette méthode par son ouverture assez vaste pour recevoir un sceau d’encens et un fond assez plat pour recueillir le lit de cendres.

– Un paquet de cendres de paille de riz

– Une cuillère pour aplanir parfaitement le lit de cendres

– Le sceau d’encens de votre choix – à choisir parmi les options

– Un paquet d’encens santal champaka créé artisanalement au Labo par mes soins et grâce auquel vous pourrez vous entraîner à la technique du sceau d’encens.

Prêts à vous lancer ou découvrir les encens de la Chine ancienne ? Alors cliquez sur les liens mis sous les photos, ils vous mèneront aux fiches produits issues de mes recherches et de mes choix pour partager avec vous ce voyage culturel et olfactif en Chine impériale

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Fous d’histoire 2021

Si vous suivez le blog ou la page FB, vous savez que je participe depuis quelques années aux marchés de l’histoire de Compiègne, avec mon stand de reconstitution des parfums historiques Le Labo de Cléopâtre.

Les 2 dernières années, malheureusement, l’événement a plutôt été le Covid, mais cette fois, c’est la bonne : novembre 2021 signe le retour de l’événement, toujours magique, grâce à la participation de tous les reconstituteurs du spectacle ou de l’artisanat.

Mon stand, évidemment, propose de l’artisanat : parfums, encens historiques, parfums huileux comme d’habitude, mais aussi, pour la première fois, des encens en bâtons, et des produits parfumés diversifiés issus du 18 ème siècle français : savonnette du Grand et Petit Albert, pastilles à brûler, poudres pour perruques et chapelets parfumés.

Dans la plupart des cas, je choisis des recettes que je peux reconstituer intégralement, car c’est tout l’intérêt de la reconstitution : découvrir les parfums qu’aimaient les Anciens et les techniques qu’ils employaient pour y arriver. C’est donc ce que vous retrouverez beaucoup sur le stand, parmi d’autres plus rares produits adaptés.

Au final, le Labo de Cléopâtre a fini par rassembler quelques beaux produits parfumés de différentes époques de l’histoire de l’humanité : du monde gréco-romain – et même mésopotamien – de l’Antiquité à la France du 19 ème siècle, que vous aurez l’occasion de découvrir sur mon stand.

Évidemment, tout ne sera pas sur le stand, mais vous pourrez sentir physiquement ce qui n’est qu’accessible par les photos des fiches produits sur la boutique Etst. Autant dire que pour un stand de parfums, c’est plus qu’important !

Enfin, dernière nouveauté et pas des moindres : le Labo de Cléopâtre étant d’abord un projet de recherche qui a commencé avec ce blog et qui a abouti à tout ce que vous en connaissez désormais, je vendrai quelques exemplaires de mon livre sorti chez Améthyste – du groupe Alliance Magique – en mai dernier : Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité.

Ce seront mes derniers exemplaires – tout étant déjà parti en boutique – mais vous le retrouvez bien entendu sur Amazon, la FNAC, Cultura, la Procure, etc. Mais aussi, bien entendu, sur Le site d’Alliance Magique, qui l’a publié.

Bref, c’est avec plaisir que je vous retrouverai sur mon stand du marché de l’histoire, pour vous rencontrer, parler avec vous de parfums et cosmétiques historiques, et surtout vous les faire découvrir en vrai.

Quelques photos de l’événement précédent :

Je vous attends donc pour cette fois le week-end du 20 et 21 novembre 2021 au Tigre de Margny-lès-Compiègne sur mon stand de reconstitution de parfums. Une occasion idéale pour rencontrer ceux qui suivent ce blog depuis des années, connaissent mon travail par les parfums artisanaux ou mes travaux écrits.

Les détails de l’événement sont sur le site de l’Association Pour l’Histoire Vivante qui l’organise depuis plus de 30 ans : Fous d’histoire 2021

Merci de suivre ce blog, la Page FB et d’une manière générale, l’aventure du Labo de Cléopâtre. A très bientôt ! ´

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Quels cosmétiques au Labo ?

Le Labo de Cléopâtre est, depuis ses débuts, un projet de reconstitution autour des parfums et cosmétiques de l’Antiquité, qui a commencé avec Cléopâtre. Mais comme dans tout domaine, il n’est pas d’objet d’étude qui ne soit, de près ou de loin, relié à son hérédité. La durée d’un cosmétique dans le temps va donc souvent du cosmétique historique au cosmétique traditionnel s’il est adopté durablement. Le cosmétique industriel, de conception moderne, a la même origine mais s’éloigne de la tradition et des croyances pour atteindre des buts plus directs.

Dans mon livre Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, vous avez l’exemple type de ce qu’est un cosmétique historique, et ses liens avec les cosmétiques traditionnels : Il est aussi assez courant de trouver des cosmétiques de l’époque gréco-romaine – devenus historiques car plus employés dans notre société – toujours vivaces dans une autre société qui y accorde de l’importance et continue de les employer.

L’adage : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » se vérifie donc aussi beaucoup en matière de sciences, techniques et savoir-faire. Ainsi, bien que la société égyptienne ait abandonné la culture de ses anciens pharaons depuis l’Antiquité, la médecine populaire conserve et pratique toujours des recettes médicales inchangées depuis l’époque des pyramides. Un savoir qui a paru bon, utile, auquel on a crû ne disparaît jamais totalement : soit il est conservé intégralement, soit il est transformé, soit une autre société le conserve.

Sachant cela, je fais donc la distinction entre cosmétique historique, traditionnel et industriel.

– Le cosmétique historique a une recette datée – mème si elle peut se prolonger sur des millénaires durant – après laquelle il n’est plus du tout pratiqué. Bien que ce ne soit pas un cosmétique, je pense ici au kyphi, qui commence son office dans l’Egypte antique et dont on retrouve encore la recette dans les remèdes pharmaceutiques du 17-18 ème siècle.

– Le cosmétique traditionnel, toujours vivant, remonte à des temps ancestraux et continue d’être pratiqué par une ou plusieurs sociétés. Il a les caractéristiques d’un produit traditionnel : il emploie des matières premières et locales, spécifiques d’une société qui en connaît les vertus depuis des siècles. Il associe des connaissances chimiques anciennes à des savoir-faire imprégnés de culture.

– Le cosmétique industriel, conçu, testé et développé selon les dernières connaissances technologiques, vise un résultat précis à un coût fixé par la gamme de produits dans laquelle il s’inscrit et qui va déterminer le choix des matières premières et des techniques. C’est le plus rentable quand on se fixe un objectif esthétique, mais c’est le moins connecté à du culturel.

Dans la boutique du Labo de Cléopâtre, je ne vais évidemment proposer que les 2 premiers types de cosmétiques puisqu’ils ont tous 2 un lien avec la reconstitution : historiques, ils appartiennent au passé, traditionnels, ils sont toujours employés quelque part sur la Terre, et selon des critères et valeurs culturels qui nous sont étrangers mais dont les racines symboliques sont fortes.

En tant que projet de reconstitution des parfums et cosmétiques anciens, ce ne sont donc pas des produits faciles d’accès qui vous sont proposés dans le boutique du Labo, dès lors qu’il y aura écrit « historique » ou « traditionnel » – même s’il n’est évidemment pas question de vous proposer des produits toxiques comme les anciens fards au plomb qui ont sévi de l’Antiquité jusqu’au 18 ème siècle et plus !

Bien évidemment, c’est moi qui réalise les recettes, les conditionne et leur donne leur orientation dans une offre produit pas du tout calibrée pour l’industrie et l’usage cosmétique habituel. Pour autant, les recettes, issues de documents, sont suivies autant que possible à la lettre et ce d’autant plus que le produit est diffusé dans un but de connaissances et de transmission de certains savoir.

Il y aurait ainsi plein de choses à dire et découvrir en comparant un noir aux yeux du commerce avec un khôl traditionnel algérien ou bien encore avec un kajal indien noir profond; un parfum au solvant alcoolisé à 99% de molécules chimiques et un parfum huileux à 100% enfleurage. C’est une question de matières premières, de techniques, de savoir-faire et de culture qui se voit au résultat, mais à condition d’y être attentif, d’être connaisseur ou passionné. Autant dire que ce n’est pas forcément accessible au premier venu, et encore moins à quelqu’un qui cherche juste à se maquiller ou trouver un soin quelconque !

En somme, à quoi ressemble un cosmétique traditionnel ? A un plat du terroir, une recette qu’on connaît depuis des siècles, voire, des millénaires, qui ne se serait pas démodée et que toute une société approuve.

Et à quoi ressemble un cosmétique historique ? Un plat du terroir que l’usage n’a pas conservé car on a trouvé moins cher, plus efficace ou que les ingrédients dont il est composé ne se trouvent plus facilement et qu’il a fallu y renoncer.

En résumé, vous voulez acheter un cosmétique ? De bonnes boutiques agrées vous en proposent un peu partout et à tous les prix.

Vous voulez découvrir l’histoire des parfums et cosmétiques ? Bienvenue au Labo de Cléopâtre .

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La cannelle, vrai parfum antique

Concernant l’Antiquité, et surtout l’Egypte ancienne, il y un fossé entre ce que nous en percevons par le biais des images idéales et donc fantasmées, et la réalité. L’Egypte rêvée des Pharaons, des pyramides monumentales, des oeuvres précieuses d’art et d’artisanat ont beaucoup de mal à s’associer avec des réalités plus prosaïques dont on a parfois hérité à travers des inventions triviales aujourd’hui, mais en réalité fondamentales pour l’histoire de l’humanité, comme le pain ou la bière – pas inventée pour s’enivrer mais pour purifier une eau impropre à la consommation.

C’est sensible aussi dans la reconstitution de parfums où finalement, lorsqu’on veut transmettre au public ce qu’il y avait de plus caractéristique et de plus précieux comme parfum de l’Antiquité, on se retrouve à décevoir ceux qui rêvent d’Egypte à l’Empire de 3000 ans, de pharaons tout d’or recouverts et de Cléopâtre, en leur désignant la simple cannelle. Alors, certes, la cannelle sous plusieurs formes, mais la cannelle reste la cannelle, avec tout l’arrière-plan culturel que nous y avons associé. Ainsi, en France, c’est une épice à dessert qui sert à parfumer les tartes aux pommes et les teurgoules.

La cannelle aromatise en effet depuis fort longtemps les desserts traditionnels les plus élémentaires – même pas ceux de la haute gastronomie ou la haute pâtisserie – mais bien les préparations plus basiques et ordinaires.

C’est bien plus simple quand on fait réellement découvrir une senteur exotique et inconnue à des gens qui attendent du rêve et du voyage spatio-temporel que lorsqu’on leur présente la cannelle, que tout le monde possède dans sa cuisine.

Et pourtant…Non seulement la cannelle était un parfum des plus répandus mais en même temps si précieux qu’il entrait souvent dans les compositions médicamenteuses – dont les recettes de parfums qui nous restent sont un exemple – que dans les plus savantes de l’époque comme le rituel d’embaumement – grâce à ses qualités anti-bactériennes. L’Egypte, première civilisation prestigieuse de l’Antiquité – dotée déjà d’une grande ancienneté quand les autres civilisations émergeaient – fut évidemment un modèle pour les Grecs, en premier lieu. C’est donc en toute logique que la cannelle devint aussi un parfum des plus classiques et prestigieux de la civilisation grecque où elle fut utilisée comme encens, comme médicament échauffant, mais aussi comme matière première mythologique dont on racontait qu’elle était gardée par des créatures fantastiques.

Cannelle et ses strates de fine écorce

La cannelle était distinguée de la casse, mais comme aujourd’hui, on les considérait comme proches. Recherchée, estimée, adorée, son prix ne cessait de varier, certainement en raison de la forte demande. Pline dit à son propos : « L’empereur Vespasien Auguste a, le premier, dédié des couronnes de cinammome enchâssées dans de l’or ciselé dans les temples du Capitole et de la Paix. » Histoire naturelle. XII. 93. On voit ainsi son caractère sacré et précieux à Rome, au premier siècle de notre ère.

En Egypte, où son usage semble avoir commencé pour notre civilisation, la cannelle fait partie des aromates qui servaient à conserver le corps du Pharaon défunt, mais il entrait aussi dans la composition du célèbre kyphi, l’encens sacré des anciens égyptiens : Le kyphi d’Edfou

La casse, aux strates épaisses.

La culture judaïque n’est pas en reste, et la casse comme la cannelle faisaient partie des matières premières entrant dans la composition de l’huile d’onction destinée à la sacralisation des objets dans le temple de Yahvé. Exode 30-23. Huile d’onction du Temple. La cannelle, vraie ou fausse, est en effet associée dans le Livre Saint, à une vie luxueuse et royale : « La myrrhe, l’aloès et la casse parfument tous tes vêtements. Dans les palais d’ivoire, les instruments à corde te réjouissent. » Psaume 45-8

Plus encore, la cannelle est tellement appréciée qu’on la trouve encore dans plusieurs recettes sous forme de feuilles – qu’on n’emploie plus guère aujourd’hui que dans la cuisine indienne. Si on en croit Diocoride et Pline, les variétés d’arbres à cannelle et à casse furent assez variées pour avoir revêtu une palette d’odeurs et de couleurs que nous ne connaissons plus.

Feuille de casse.

Pline ajoute même : « Bien plus, on la plante aussi dans notre monde, et jusqu’aux limites de notre empire, dans la région arrosée par le Rhin, j’en ai vue plantée dans les rochers. Mais elle n’a pas cette odeur brûlée due au soleil, et de ce fait, elle n’a pas non plus la même odeur. » Histoire naturelle. XII. 98.

Bien que les façons de catégoriser les plantes à l’époque de Pline aient parfois été incertaines, on voit malgré tout à ce passage le prestige que pouvait avoir un arbre exotique et normalement cantonné à des zones géographiques fort éloignées de l’Europe que l’auteur croit reconnaître comme poussant dans la région du Rhin.

Aujourd’hui, bien plus que dans la cuisine, on la redécouvre aussi pour colorer les cheveux, réaliser des parfums d’ambiance, mais attention, elle est assez allergisante sur la peau et encore plus en huile essentielle – dermo-caustique -. Les Allemands l’utilisent aussi en baies – en réalité en boutons de fleurs séchées assez semblables aux clous de girofle – mais elle est plus rares à trouver pour nous sous cette forme, même si son odeur caractéristique est très reconnaissable.

Grand classique très estimé des parfums antiques et même au-delà, la cannelle sous toutes ses formes se retrouve dans les produits historiques de ma boutique de parfums, quel que puisse être le sentiment que je nourris à son égard et la valeur que lui donne aujourd’hui la société dans laquelle je vis. Encens de Dionysos.

Ce qui m’incite à vous dire une seule chose : redécouvrez-la avec un oeil nouveau, celui de l’amateur d’histoire.

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Le kyphi d’Edfou

Le Kyphi d’Edfou

Parmi toutes les recettes de kyphis authentiques – ou même librement adaptés, il en est un qui s’est fait le plus attendre, le plus désirer, et pour lequel j’ai le plus patienté, c’est le véritable kyphi égyptien. Dans la boutique du Labo de Cléopâtre, il y a pourtant déjà plusieurs kyphis :

Ceux qui viennent d’une recette précise qui a été suivie à la lettre :

Nous les devons tous à des médecins grecs.

Puis, il y a les kyphis plus librement adaptés parce que les textes ne nous ont laissé qu’une liste d’ingrédients et que c’est librement que j’ai choisi les proportions sur une base déjà connue – la recette de Dioscoride.

Enfin, il y a des kyphis de type plus créatifs, ceux qui concentrent la recette sur un effet que certains auteurs mentionnent qu’il avait, et ce grâce à une plante sédative – en réalité toxique et interdite, comme la jusquiame évoquée par Plutarque – mais à laquelle j’ai substitué une autre connue pour les mêmes effets et ce, dès l’Antiquité :

  • Le kyphi intégral – qui contient de laitue sauvage, une plante consacrée au dieu Min dans l’Egypte ancienne.
  • Le kyphi de lotus – qui contient du lotus, plante sacrée des anciens Egyptiens.
  • Le kyphi de lotus bleu royal, dont le sédatif est exclusivement le lotus bleu, plante sacrée des égyptiens représentant la résurrection, le soleil autant que la Haute-Egypte. Ce produit d’exception est dit royal car il contient les meilleures matières premières, de celles qu’on réservait autrefois aux rois.

Cela fait déjà une belle collection de produits de reconstitution pour tenter d’approcher ce que pouvait être cet encens sacré des anciens égyptiens avec des propositions soit 100 % fidèles, soit historiquement justifiées d’une manière ou d’une autre – par la présence attestée par les auteurs antiques soit de certains ingrédients, soit de certains effets.

Le kyphi, comme tous produit culte de toute civilisation du monde, se déclinait en plusieurs recettes selon l’endroit du monde où on voulait le confectionner, l’usage qu’on voulait en faire, etc. Celui de Damocrates se retrouve ainsi dans un ouvrage de pharmacie qui en donne une recette qui a permis de le reconstituer.

Mais de tous ces kyphis – qui nous venaient tous d’une recette primitive qui égyptienne qui s’est complexifiée – aucun n’était réellement l’Egyptien, celui d’Edfou, qu’on préparait dans le laboratoire du temple pour l’offrir aux dieux et qu’on a gravé dans la pierre..

J’ai attendu longtemps avant d’avoir le bon ingrédient pour pouvoir estimer que c’était le kyphi égyptien que je reconstituais. Car comme il a été expliqué, des kyphis, il y en a plein de recettes différentes comme c’est le cas de tas de produits très estimés dans le monde, et à moins d’être un très grand spécialiste, difficile de déterminer si quelque chose de particulier peut caractériser l’Egyptien plus qu’un autre.

Et pourtant, malgré ma pratique du kyphi historique depuis plusieurs années, je dois dire que le plus surprenant est bien celui d’Edfou. On peut bien sûr parler de l’odeur, qui bien que semblable à celle de tous les kyphis, en diffère par la présence d’ingrédients uniques et jamais observés dans les kyphis plus tardifs – comme la fleur d’acacia ou le henné.

Mais la différence la plus remarquable réside dans la présence d’une résine rare, si ce n’est unique dans sa variété, et qui pour ça est aussi chère que très difficilement accessible. Outre son odeur prononcée et caractéristique, cette résine a pour principale propriété celle d’être inflammable, contrairement aux résines présentes dans toutes les recettes de kyphis qui ont suivi.

Lors de son voyage en Egypte, j’avais demandé à une jeune femme, Mélody Simon, de me prendre des photos de la réalisation du kyphi et l’une d’entre elles m’avait assez surprise. Le kyphi était jeté directement dans le feu, chose que je trouvais vraiment étrange…Et pourtant, je fis le test de la seule chose que je pouvais conclure, et contrairement aux autres kyphis.…

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Et bien oui : le kyphi d’Edfou est inflammable. Il n’a besoin de rien d’autre pour s’enflammer et embaumer qu’une flamme de bougie – ou de lampe à huile pour être plus chronologiquement correcte. Ce qui fait de lui, contre toute attente, le premier auto-combustible connu de l’histoire des encens !

(Texte et photos : Maud Kochanski-Lullien (sauf photo d’Edfou de Mélody Simon) pour le projet de recherche le Labo de Cléopâtre, blog et boutique artisanale de reconstitution de parfums historiques et écriture d’ouvrages spécialisés.

Le 27/12 :2020

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre, sauf la photo du temple d’Edfou, propriété de Melle Mélody Simon. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leurs auteurs.

Khôl parfumé de Pline

Nouveau sur la boutique, un authentique khôl d’après une recette antique que j’ai décidé de refaire. C’est une recette trouvée chez Pline l’Ancien, assez évasive dans ses étapes comme dans ses proportions et dont il m’a fallu retrouver la logique. Elle est faite sur base de noyaux de dattes, un ingrédient loin d’être rare au Maghreb, dans les recettes de khôl artisanal maison. Au Maghreb, bien souvent, les cosmétiques sont faits par les femmes, pour les femmes, d’après des recettes traditionnelles d’une grande ancienneté. Ces recettes, très locales, mêlent produits ordinaires de l’environnement et plantes à parfum brutes sans autre ajout. Et chaque région, chaque femme peut avoir sa recette, utilisant minéraux, végétaux, auxquels on peut ajouter une épice légèrement piquante pour assainir le blanc de l’oeil et le rendre ainsi plus beau.

La recette de Pline, qu’on retrouve d’abord chez Dioscoride, est 100 % végétale, loin de la galène et de l’antimoine – oxydes de plomb qu’on retrouve dans les khôl depuis les débuts de la médecine égyptienne et qu’on continue de retrouver au Maghreb, mais dont la toxicité est bien attestée par divers empoisonnements et intoxications -. Un problème qui demeure, dans un contexte de tradition et d’absence de normes sanitaires et de sécurité. Les recettes de beauté ou les remèdes médicinaux traditionnels d’Afrique peuvent en effet remonter à des millénaires, comme le démontrent les recettes encore utilisées aujourd’hui en Egypte, et qu’on trouve presque à l’identique dans les papyri égyptiens de médecine.

L’autre particularité de cette recette est d’être parfumée. Un détail qui peut n’être pas perçu par un nez moderne, notre capacité à faire des parfums ayant bien changé, et notre rapport à l’odorat également. A l’époque, pas d’huile essentielle, on parfume au nard, une sorte de valériane qui pousse dans l’Himalaya et qui est venu enrichir les matières premières constituant les parfums du monde méditerranéen à la suite de la conquête de l’Inde par Alexandre. Une senteur puissante qu’on retrouve mentionnée dans la Bible, et plus particulièrement dans une scène de la vie de Jésus, mais qui, dans ce khôl, passe plutôt inaperçue.

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Une indication temporelle pour cette recette qui ne se pratiqua donc qu’à partir de l’époque ptolémaïque, dynastie de Cléopâtre, et pourquoi pas une indication spatiale – du côté de l’Egypte, justement. L’utilisation du noyau de datte dans d’autres khôl artisanaux algériens retrouvés dans des livres contemporains de secrets de beauté d’Orient tendrait justement à lui supposer une origine nord africaine.

Sachant que cette recette n’est pas décrite de façon intégrale, j’ai décidé d’en faire un khôl potentiellement liquide. Pourquoi potentiellement ? Parce qu’au Maghreb, le khôl est utilisé sec. On l’applique dans son oeil à l’aide d’un bâtonnet et sert bien souvent à ne provoquer qu’une ombre discrète et un regard plus intense le lendemain de son application. Un emploi du khôl finalement tout en nuance..

En revanche, en Egypte antique, la présence de cuillère à fard parfois très sophistiquées dont les historiens ne savent pas toujours trop à quoi elle servait, doublée de la représentation  des yeux cerclés de noir bien marqués qui nécessitent un tracé plus précis semblent orienter vers l’utilisation assez probable d’un khôl liquide.

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Une goutte d’eau dans une pincée de fard mélangée dans un coquillage – réellement utilisé comme cuillère à fard en Grèce, comme on peut le voir au Musée archéologique d’Athènes – suffit à changer la matière du mélange. Il est possible de ré-humidifier après séchage pour retrouver la même texture et faire de nouveau un tracé précis.

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C’est donc un authentique khôl de l’Antiquité que vous pouvez retrouver dans la boutique du Labo, réalisé dans ses étapes mentionnées chez Pline et Dioscoride, dont la recette circulait déjà de façon certaine au 1 er siècle de notre ère, il y a donc 2000 ans.

Il est important de noter que cette recette et ce produit sont avant tout historiques et de collection, vous permettant de découvrir physiquement et dans ces aspects réels, un cosmétique de l’Antiquité, mais qu’il n’est lui-même pas considéré actuellement comme un cosmétique, et n’est donc pas conçu pour la peau. Il est le résultat d’une reconstitution historique et n’a donc été testé que par moi et quelques proches. Le Labo de Cléopâtre décline toute responsabilité en cas d’utilisation sur la peau.

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Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Les encens aphrodisiaques du Labo

Dans ma boutique, je propose des encens aphrodisiaques. Cela n’a rien de surprenant : aujourd’hui encore, on attribue à des senteurs, des plantes, des substances, le pouvoir de troubler, de susciter le désir. Chaque civilisation attribue ainsi à des produits, végétaux et animaux qu’elle possède dans sa culture et ses usages, la capacité de provoquer ce désir, à la base des préoccupations humaines.

La culture des aphrodisiaques est immense, tant le désir humain est, bien entendu, aussi vieux que l’humanité elle-même. Mais c’est également une culture obscure, brouillonne, et instable qui, dans nos sociétés cartésiennes de la preuve par la science sinon rien, a valeur de sous-culture, voire de charlatanisme et ne mérite ainsi pas notre attention. Et pourtant, quelle richesse !

L’Antiquité, elle aussi, croyait en ses substances aphrodisiaques, à tel point que les livres de médecins, poètes et botanistes en sont remplis. Aphrodisiaques à consommer ou à sentir, comme dans certains pays d’Afrique ou d’Asie conservant une culture traditionnelle, sang et parties animales que nous trouverions aujourd’hui rebutantes, plantes étranges font partie de la pharmacopée antique du désir. Un savoir oublié et dénigré que seuls ont conservé les traités de magie qui survivent dans un savoir parallèle et lui aussi dénigré appelé ésotérique.

 

Pourquoi ai-je fait des encens aphrodisiaques ?

Parce que c’est fascinant, tout simplement ! C’est une culture riche, une culture à part entière et chaque civilisation ancienne a développé des croyances selon une culture encore plus ancienne dont nous avons perdu la trace mais dont on retrouve des bribes dans l’utilisation de certains ingrédients plutôt que d’autres et les causes possibles ou expliquées des raisons de cet emploi.

  • L’aphrodisiaque grec

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La culture grecque était forte de sa mythologie et de son système de pensée irremplaçable d’où a émergé la philosophie et d’autres disciplines propres à notre civilisation. L’encens aphrodisiaque grec emploie majoritairement les plantes et résines consacrées à la déesse Aphrodite. Parmi celles-ci, la myrrhe, encore et toujours, qui parcourt toute la culture ancienne de l’Egypte à Rome, et dont Ovide nous raconte l’origine mythologique dans ses Métamorphoses; une origine liée à Aphrodite, Adonis, et surtout sa mère, l’incestueuse Myrrha, changée en arbre pour échapper à la colère de son père dont elle était enceinte, suite à un sort lancé par la déesse. Ses larmes odorantes coulent toujours le long de son tronc et nous enchantent.

– Mon aphrodisiaque grec

  • L’aphrodisiaque romain

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Plus modeste, il est composé de produits plus agricoles, bruts et moins raffinés que l’aphrodisiaque grec. Il rappelle déjà ce que doit devenir la culture italienne, notamment de la gastronomie. Dans cet encens, c’est la sarriette qui domine, herbe aromatique délicieuse que nous utilisons pourtant peu dans notre alimentation et qui était considérée comme aphrodisiaque, comme le démontre son étymologie puisqu’elle signifie « herbe aux Satyres ». Ovide, néanmoins, la considérait comme un poison, ce qui est loin d’être le cas. Il lui préférait  l’oignon et la roquette, ingrédients qui ont en effet survécu dans notre alimentation et sont appréciés pour leur saveur piquante.

– Mon aphrodisiaque romain

  • L’aphrodisiaque indien

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L’encens aphrodisiaque indien est inspiré par un texte antique, la reconnaissance de Shakuntala où sont mentionnées les senteurs qui rendent les femmes prêtes à l’amour. L’Inde étant un pays à la culture traditionnelle, les senteurs utilisées sont encore d’un usage très courant et toujours parmi les préférées. Si courant qu’on en oublierait qu’elles sont utilisées dans les pratiques sexuelles utilisées dans certaines branches du Tantrisme. De la pâte de santal et des fleurs sont appliquées sur le sexe de l’initiatrice. L’homme n’y répand pas sa semence mais donne du plaisir à la femme, énergie dont il se servira pour atteindre le divin.

« On parvient à l’extase, quand on est mâle, en pénétrant le vagin d’une partenaire préalablement consacré comme lieu de culte, en le parfumant avec de la pâte de santal et en l’ornant de fleurs. »

Catherine Clément. Faire l’amour avec Dieu.

– Mon aphrodisiaque indien

  • L’aphrodisiaque égyptien

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Culture raffinée dans l’Antiquité, et première en matière de médecine et de parfum, qui étaient indissociablement liés, l’Egypte fut logiquement la première à faire venir de loin les matières premières comme la myrrhe, venue du pays de Pount, et pour le parfum duquel la reine Hatchepsoût n’avait pas hésité à organiser une expédition. Mais l’ingrédient réellement considéré comme aphrodisiaque et qu’on employait lors des fêtes de Min, divinité de la fertilité et de la moisson, c’était la laitue sauvage dont le liquide blanc s’en écoulant était considéré comme du sperme pour les anciens égyptiens, comme nous le raconte Vicky Léon dans Sexus Joyus, pratiques et coutumes joyeuses de la sexualité dans l’Antiquité. Un liquide blanc qui se retrouve solidifié dans mon encens, mais que je prends soin de recueillir précieusement. Dans tous les cas, la laitue apporte une détente bienvenue en cas de stress faisant obstacle à l’amour.

– Mon aphrodisiaque égyptien

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Senteurs du Labo de Cléopâtre et authenticité

La Labo de Cléopâtre, c’est un blog et une boutique de senteurs de l’Antiquité que j’ai ouverte sur Etsy. Aujourd’hui, sur mon blog, je vais vous éclairer le lien entre les produits que je réalise et le type de recettes qui les a inspirés. Car la première étape, ce par quoi tout a commencé, c’est la recherche.

Il n’y a aucune qui ne soit issue de mon imagination, même si, bien entendu, il doit y avoir une certaine dose d’invention mais surtout de logique pour combler les manques liés à une recette manquant de proportions ou dont un ou plusieurs ingrédients ont disparu.

Il y a donc des degrés dans la part prise par les textes et celle prise par la re-création, la créativité.

  • La recette est complète : elle comporte des proportions précises et des détails de fabrication

– Parfum sec de roses

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– Parfum antique de roses

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  • La recette est complète mais certains ingrédients qui la composent ne sont plus trouvables, il y a des détails de fabrication

– Kyphi de Dioscoride

– Encens biblique

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  • La recette antique est complète à part quelques proportions non précisées, il y a des détails de fabrication mais certains ingrédients ne sont plus trouvables

– Nettoyant de Cléopâtre

– Parfum de robes

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  • La recette existe uniquement sous forme de liste d’ingrédients qui la composent et plus ou moins de détails de fabrication

– – Kyphi de Galien

– Kyphi syriaque

– Encens de Gilgamesh

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  • Il n’y a pas de recette, juste une liste d’ingrédients utilisés dans telle ou telle région ou telle ou telle circonstance

– Encens d’Aphrodite

– Encens de funérailles romaines

– Encens de mariage mythologique

– Encens de Dionysos

– Encens du tribunal

– Encens crétois

– Kyphi de Pylos

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  • Des textes d’historiens ou de botanistes évoquent les effets supposés de quelques plantes, selon les croyances de l’Antiquité

– Aphrodisiaque grec

– Aphrodisiaque romain

– Aphrodisiaque indien

– Encens de sommeil

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Les ouvrages de référence utilisés peuvent être :

  • Des textes littéraires, poésies, mythes antiques, etc…
  • Des ouvrages de botanistes, historiens, naturalistes anciens
  • Des ouvrages de médecins de toute la période antique
  • Des compilations d’extraits de textes antiques par des chercheurs en lettres
  • Des ouvrages d’historiens ou de parfumeurs de l’époque moderne
  • Des ouvrages d’historiens contemporains sur l’histoire du parfum
  • Des ouvrages d’historiens contemporains sur la botanique ancienne

Dans tous les cas, l’histoire de chaque produit vous est brièvement racontée sur chaque fiche produit et plus précisément lorsque vous passez commande et recevez un produit puisque aucun ne vous est envoyé sans papier explicatif.

Cet article ayant l’avantage de rendre simple et clair ce que je fais, je l’enrichirai au fur et à mesure de l’évolution de la boutique et de son enrichissement en produits. Donc, si mes créations de senteurs antiques vous intéressent, n’oubliez pas de mettre cette page en favori.

Ma boutique dans son ensemble pour tout voir en une seule page

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Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

 

Test pack encens découverte de l’antiquité — Eso

Comme vous le savez, j’ai créé une boutique Etsy consacrée aux senteurs antiques. Pourquoi senteurs ? Tout simplement parce que ce sont des parfums indirects, non destinés à entrer en contact avec la peau. C’est donc majoritairement des encens, des parfums d’ambiance que je propose, une pratique très répandue au Moyen-Orient et en Afrique, comme elle le fut dans l’Europe antique, mais moins évidente désormais dans la plupart des pays européens.

Sophie, la première curieuse à m’avoir fait confiance et qui a bien été inspirée pour le nom de son blog, â décidé d’interroger l’usage des encens que j’ai créés à partir des textes anciens, à la pratique de l’Ars magica d’aujourd’hui, qui n’a jamais renié son goût pour le traditionnel et l’ancestral. Une belle occasion pour moi, De découvrir une facette de ces senteurs dans un cadre surprenant, qui rejoint parfaitement l’usage initial qu’ils avaient dans l’Antiquité.

Voici les 4 encens de ma boutique que je propose individuellement et en pack :

  • l’encens d’Aphrodite, créé à partir de la description d’un culte grec ancien rendu à la déesse de l’Amour.
  • l’encens de Dionysos, qu’Ovide prétend avoir été créé par le dieu pour son père Zeus
  • l’encens de mariage mythologique, senteur que Sappho a décrite comme étant celle présente au mariage d’Hector et Andromaque
  • l’encens de funérailles romaines, qui a été créé à partir de descriptions de testaments mentionnant les parfums exigés par une personne à ses funérailles

Mes senteurs de l’Antiquité

Merci, Sophie, d’avoir transporté mes encens dans le monde de l’ésotérisme créatif : c’est une belle découverte !

Bonjour, il y a quelques mois je vous parlais du unbox pack « encens découverte de l’antiquité ». Pour connaître leurs propriétés, j’ai crée une planche à main levée! Résultat au pendule et « réception »: Encens d’Aphrodite: Offrande et dédication à Aphrodite et au féminin sacré, dans le cas du féminin sacré, il faut bien entendu accordé la […]

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