Exposition Parfums d’Orient

Petit retour tout personnel – car c’est toujours à travers notre culture et nos émotions que nous percevons le monde – sur l’exposition Parfums d’Orient qui a eu cours fin 2023 et début 2024.

Au milieu d’une très belle collection d’objets anciens et de spécimens de matières premières à parfum, l’exposition présente au visiteur la culture spécifique associée à l’idée de parfum dans les pays arabes. Pourquoi ? Parce qu’elle est unique !

Divers flacons anciens.

Des senteurs qu’on aime là-bas aux circonstances dans lesquelles on les rencontre et jusqu’aux jugements de valeur qui y sont associés, tout y diffère de ce qu’en Europe on appelle parfum !

Les matières puissantes et animales comme le musc et l’ambre gris y sont toujours très appréciées alors qu’elles ont majoritairement disparu des parfums européens passé le 18 ème siècle.

L’ambre gris issu du cachalot

Pareil pour les résines d’encens, de myrrhe, de benjoin, apportant leurs notes aromatiques profondes et qui même revenant progressivement en Europe, ne parviennent pas à détrôner le trio : fleurs, agrumes et aromates.

Ce trio gagnant des notes olfactives s’est imposé en Europe depuis les Eaux de la Reine de Hongrie, vers le 18 ème siècle, et surtout, les indetrônables eaux de Cologne. Mais avant, il avait fallu réapprendre l’art des parfums…auprès des Orientaux.

Or, en Arabie, terre exclusive des meilleurs arbres à encens, et d’où est né l’Islam, résines végétales et notes animales dominent la palette olfactive, ce dont les contes des Mille et une nuits – écrits à l’époque de notre Moyen Âge – se font déjà l’écho.

Matériel pour récolter la résine du Boswellia sacra.

Mais où les matières premières répondent à la question : « Qu’y-a-t-il dans les parfums orientaux, ce à quoi répondent à profusion les bornes olfactives conçues par le parfumeur à la tête du projet, d’autres aspects de l’exposition répondent aux questions plus techniques telles que : « Comment les fabriquait-on ? » et « Comment les conservait-on ? »

Illustration d’une machine pour distiller la rose dans un ouvrage du 14 ème siècle.

Du manuel historique qui détaille le procédé de distillation pour faire l’eau de rose au flacon qui les conserve en passant par l’appareil de distillation reconstitué, c’est le monde des procédés et du matériel de la parfumerie ancienne qui s’expose ainsi. Du moins, légèrement…

Reconstitution de l’appareil à distiller l’eau de rose tel que peint dans l’ouvrage ci-dessus.

Légèrement parce qu’en fin de compte, les parfums d’Orient existent avant tout dans les rapports qu’ils tissent avec ceux qui les vendent, ceux qui les portent et qui s’en servent pour des raisons toute culturelle, principalement liées au rapport à l’autre et au savoir-vivre.

Car globalement, en Orient, le parfum est investi plutôt positivement comme une marque de propreté et de respect, et ce d’abord parce qu’il permet de masquer les mauvaises odeurs. Pour autant, pas directement en lien avec la religion, il est un élément qui permet de montrer son respect envers le divin dans la joie et l’exaltation de la Création.

Coiffes et sandales anciennes pour le hammam.

Mais d’une manière générale, c’est dans les lieux d’intimité qu’on va retrouver les parfums. Le hammam, où le rituel de propreté sophistiqué mêle la tradition des anciens bains romains dont il est l’héritier avec les vertus médicinales et spirituelles d’un acte de purification collective d’où les principes de volupté ne sont pas exclus.

Collection d’objets anciens pour le hammam.

Dans la maison, bien que seules les odeurs de cuisine aient été données à sentir, l’exposition évoque cette pratique d’hospitalité qui consiste à parfumer ses hôtes et qui peut se rencontrer sous les rituels les plus divers : parfumer des coussins d’invités en y ajoutant des substances aromatiques variées, parfumer les convives à la fumée de l’encens…

L’objectif est d’honorer l’invité, mais aussi de laisser un souvenir du moment passé en sa compagnie au moyen de l’odeur qui s’incruste dans les fibres du vêtement et qui rappellera cet instant chaque fois que le parfum se déploiera, au gré du vent, de la chaleur ou des mouvements.

Robe dont l’extérieur est composé de fleurs de jasmin.

Enfin, le parfum, c’est aussi l’intimité conjugale : si l’exposition présente des vêtements entièrement ornés de fleurs de jasmin qui durent être impressionnants de beauté visuelle et olfactive quand ils étaient encore frais, il est connu aussi que des rituels de beauté parfumés accompagnent l’union des époux jusque dans le choix de l’encens « coïtant » à brûler dans la chambre à coucher ou même la toilette minutieuse, secrète et intime de la femme durant les préparatifs de la noce…

Accessoires et lingerie féminine entièrement recouverte de jasmin.

Un beau voyage en Orient dans l’intimité des parfums et de ceux qui les aiment.

Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Le kyphi du Labo chez l’E-Sens Unik

Pour cette rentrée, déjà best seller à la boutique du Labo de Cléopâtre et habitué à me surprendre par les aventures qu’il me fait vivre, le kyphi égyptien vient de franchir une nouvelle étape. Dépassant le monde de la reconstitution et des parfums sacrés utilisés dans les rituels, l’antique kyphi d’Edfou – que j’ai moi-même attendu 4 ans avant de pouvoir vous proposer – vient aussi d’être demandé à l’essai en parfumerie, rejoignant les parfums les plus contemporains, lui, le dinosaure, leur ancêtre à tous !

Enfin, évidemment pas exactement une parfumerie à l’échelle industrielle, mais une « barfumerie concept store » proposant des parfums de niche dans des bouteilles de whisky retournées et disposées sur un même mur. Un concept qui permet de recentrer le découvreur sur l’essentiel du parfum : la rencontre entre l’odeur et l’émotion qu’elle provoque de manière toute personnelle selon les individus.

Le mur de bouteilles, pour se parfumer comme on s’enivre.

Le parfum, en effet, a le pouvoir réel de nous connecter aux parties les plus anciennes de notre mémoire en une fraction de seconde par ce sens sous-exploité qu’est l’odorat. Sous-exploité et pourtant si important dans notre construction émotionnelle car notre cerveau a emmagasiné des millions d’odeurs qu’il a associé avec un souvenir.

C’est cette rencontre-là que Keira Amable – et sa famille avec elle – veut provoquer entre le découvreur et les parfums qu’elle propose dans ses boutiques : cette rencontre-là sans parasites extérieurs qui viennent influencer le jugement. En effet, marque, visuel du flacon, fioritures comptent énormément dans l’industrie du parfum et orientent déjà le consommateur autant qu’ils grossissent son prix. Un argent que la parfumerie industrielle investit dans le marketing aux dépens de l’essentiel, le parfum lui-même censé pourtant être le produit phare. C’est cet allègement de coûts qui permet aux parfums de niche de cette barfumerie de se payer le luxe d’être abordables.

Keira, habillée aux couleurs de sa boutique.

Chez E-Sens Unik, les flacons minimalistes sont tous les mêmes, seule la contenance change en fonction de votre demande. C’est donc le jus que vous achetez, catégorisé par famille olfactive, et qu’il vous faudra découvrir avec le cœur sur le mur de bouteilles de whisky intelligemment recyclées, ou bien dans la collection privée, sur le mur opposé.

La collection privée.

Bien que le Labo de Cléopâtre soit un projet d’archéologie expérimentale reconstituant des parfums historiques avant tout pour la connaissance et très loin d’une logique industrielle, il a de commun avec celui de l’E-Sens Unik d’aller à l’essentiel en puisant avant tout dans les racines du parfum, dont l’histoire est aussi longue que diversement localisée.

Lorsque Keira décide de faire des recherches sur le premier parfum, qu’elle tombe sur le Labo de Cléopâtre et qu’elle a l’idée de proposer du vrai kyphi égyptien à faire découvrir dans sa boutique, elle affirme que pour elle, le parfum a une histoire. Et cette histoire ne compte pas pour rien pour tous ceux qui veulent en redécouvrir le passé pour lui donner un avenir.

Le kyphi égyptien

L’autre lien très net entre l’E-Sens Unik et le Labo de Cléopâtre, c’est la reconnaissance de l’origine multiculturelle et complexe du parfum et de la nécessité de lui laisser cette ouverture. La collection privée de Keira a ainsi ses racines au Moyen-Orient, tout comme au Labo de Cléopâtre, les parfums, tous artisanaux et reconstitués sur la base de mes recherches, viennent d’un peu partout dans le temps et l’espace : Égypte, Grèce antique, Chine, Inde du 18 ème siècle, Europe de la Renaissance qui a fait revenir les parfums du Moyen-Orient, de la cour de Versailles…

Une évidence pour Keira comme pour moi qui sommes issues toutes deux de l’immigration d’origines diverses, à l’instar de toutes les sociétés qui ont fondé leur identité sur des points de rencontre culturels offerts par les hasards de l’histoire.

– Vous pouvez donc retrouver le kyphi égyptien du Labo de Cléopâtre à la boutique de l’E-Sens Unik 76 avenue des Ternes à Paris, où Keira vous le proposera sous forme de pastilles d’encens – au cas où vous ne le connaîtriez pas déjà via la boutique Etsy du Labo de Cléopâtre. Elle vous fera également découvrir les parfums de la boutique, avec mouillettes et grains de café – comme dans les autres parfumeries.

– L’E-Sens Unik, c’est aussi une boutique à Châtelet, 54 rue des Lombards. Paris et une autre à Clermont Ferrand, au 2 rue du Maréchal Foch.

Enfin, pour vous faire une petite idée, voire, craquer en ligne, voici leur e-boutique: https://e-sensunik.fr

DIY : Nettoyant universel d’inspiration antique

L’année dernière à la même date sortait officiellement mon livre Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, auquel vous avez vraiment fait bon accueil, et je vous en remercie. Les livres ouvrent souvent des perspectives pour s’enrichir, voir les choses autrement, ou – comme dans le cadre de mon ouvrage – retrouver un patrimoine cosmétique simple et naturel dont nous avons actuellement plus que besoin.

Pour ma part, mes recherches ont changé ma façon de concevoir les cosmétiques, les parfums, de par le fait que je les travaille sur bases traditionnelles et oubliées dans nos sociétés, mais aussi parce que hypersensible, je fais intolérance à de plus en plus d’ingrédients cosmétiques et de parfums chimiques.

Pour fêter l’anniversaire de mon ouvrage, j’ai décidé d’offrir à mon lectorat une base de recettes de nettoyant universel sur la base de ce qu’utilisaient les Anciens – et que les sociétés traditionnelles conservent également : un fruit oléagineux à coque, une argile, et une plante à parfum. Et c’est tout ! Un produit basique et 100% naturel dont la formule très simple, très douce et efficace peut se réaliser partout, pour très peu d’argent, et peut se conserver longtemps.

– Équipement : bol, cuillère à café, boîte cosmétique – si vous voulez conserver ce produit

– Réalisation : 2 à 3 minutes

– Temps d’application : 1 à 2 minutes

– Conservation : non, cosmétique frais si mouillé mais conservation de plusieurs mois si non mouillé.

Recette végane

– Ingrédients : 2 c.à c d’amande en poudre, 1 c. à c de kaolin en poudre, 1 c. à c d’iris en poudre, un peu d’huile d’amande ou d’olive, eau.

– Dans votre bol, mélangez la poudre d’amande, le kaolin et l’iris. Pour lier le tout, mettre quelques gouttes d’huile de votre choix qui vous permettront d’obtenir une pâte grossière. Ajoutez quelques gouttes d’eau avant de nettoyer votre visage en de petits mouvements circulaires. Rincez abondamment quand vous avez massé toutes les zones de votre visage – ce nettoyant s’utilise également pour le corps.

Vous pouvez ensuite appliquer une crème, une huile, un beurre végétal ou rien du tout si vous avez la peau qui regraisse vite. Vous pouvez aussi entreprendre un soin du visage, rendu favorable par la douce exfoliation et la qualité purifiante du kaolin. Enfin, l’iris – qui servait de nettoyant autant que de parfum – vous permet de garder une légère odeur sur la peau.

Ce nettoyant universel basique combine des ingrédients utilisés dans l’Antiquité pour nettoyer le visage et le corps, comme vous avez pu le lire dans mon livre : poudre d’amande, iris, kaolin. Dans le livre, les recettes des médecins ou botanistes les proposent seuls, mais le cosmétique de Cléopâtre – qui était aussi un nettoyant visage et corps très parfumé – consiste en le même genre de composition : un dessicant, une base végétale riche et des plantes à parfum. (Dans ce nettoyant royal, c’est la combinaison des plantes à parfum qui est très complexe, ce qui est normal pour le cosmétique d’une grande reine.)

Vous allez peut-être me dire que vous n’êtes pas Cléopâtre et que vous, vous êtes plus concernée par la culture africaine, par exemple.

Et bien, comme ma recette est conçue comme une base universelle, elle peut s’adapter à votre peau, votre ethnie, votre envie de découverte ou de voyage pour peu que vous respectiez la base des ingrédients : le fruit oléagineux à coque, l’argile, la plante à parfum.

Pour l’Africaine, j’ai donc formulé :

2 c. à c de poudre de coco, 1 c. à c de kaolin, 1 c. à c de souchet en poudre (Nagarmotha chez AZ, gowé au Mali), huile de coco (ou de votre choix)

Réalisez et employez la recette de la même manière que l’Européenne. )La légère odeur de souchet qui reste sur la peau est juste magnifique !).

Vous voulez formuler autrement que je ne l’ai fait ? Pas de problème ! Respectez la recette de base et faites la recette naturelle de votre terroir ou celle avec laquelle vous avez envie de voyager.

– Idée recette Maghreb

– 2 c. à c de poudre d’amande, 1 c. à c de rhassoul, 1 c. à c de poudre de rose. Huile d’olive ou d’argan, quelques gouttes d’eau de rose

– Idée recette Asie

– 2 c. à c de poudre d’amande amère, 1 c. à c de kaolin, 1 c. à c de poudre de santal. Huile de sésame ou huile au choix, etc.

Vous pouvez également adapter la recette en fonction de vos besoins : une argile verte pour les problèmes d’acné qui nécessitent une terre plus absorbante, des proportions qui changent selon votre qualité de peau – plus d’amande avec la peau sèche, etc.

Vous pouvez introduire des ingrédients plus surprenants dans nos sociétés mais tout à fait traditionnels ailleurs :

– des feuilles de henné – qui servent dans les soins de la peau pour leur vertu purifiante –

– du curcuma – très utilisé dans les cosmétiques en Inde où il a la vertu d’illuminer les peaux sombres (un grand classique du mariage indien !)

– les bois odorants peuvent donné une odeur magnifique : Hinoki, santal, cèdre, genèvriers…

– la fleur de lavande, rose, camomille – uniquement les fleurs parfumées inoffensives et auxquelles vous ne faites pas allergie, évidemment !

En revanche, n’utilisez ni épices ni résines. Privilégiez les ingrédients simples que vous connaissez, sur lesquels vous êtes renseignés – et que vous aimez, tout simplement !

Vous voulez adopter ce nettoyant ?

Vous pouvez en préparer d’avance et le conserver dans un pot cosmétique propre et hermétique. Étant auto-conservé, tant que vous n’y introduisez pas d’eau, il se conservera longtemps. Vous pouvez y mettre les gouttes d’huile, mais comptez qu’il se conservera peut-être moins longtemps à cause du rancissement possible. Pour le conserver plus longtemps, optez pour la poudre brute – sachant que l’amande est quand même un oléagineux et risque aussi le rancissement.

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Partagez le lien et n’oubliez pas l’auteure : Maud Kochanski-Lullien.

Vous n’avez toujours pas lu Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, sorti chez Améthyste, des éditions Alliance Magique ?

Il est ici : https://www.alliance-magique.com/plantes-huiles-essentielles-et-cristaux/428-fabriquez-vos-soins-naturels-de-l-antiquite.html

Cet article, photos et recettes sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Quels cosmétiques au Labo ?

Le Labo de Cléopâtre est, depuis ses débuts, un projet de reconstitution autour des parfums et cosmétiques de l’Antiquité, qui a commencé avec Cléopâtre. Mais comme dans tout domaine, il n’est pas d’objet d’étude qui ne soit, de près ou de loin, relié à son hérédité. La durée d’un cosmétique dans le temps va donc souvent du cosmétique historique au cosmétique traditionnel s’il est adopté durablement. Le cosmétique industriel, de conception moderne, a la même origine mais s’éloigne de la tradition et des croyances pour atteindre des buts plus directs.

Dans mon livre Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, vous avez l’exemple type de ce qu’est un cosmétique historique, et ses liens avec les cosmétiques traditionnels : Il est aussi assez courant de trouver des cosmétiques de l’époque gréco-romaine – devenus historiques car plus employés dans notre société – toujours vivaces dans une autre société qui y accorde de l’importance et continue de les employer.

L’adage : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » se vérifie donc aussi beaucoup en matière de sciences, techniques et savoir-faire. Ainsi, bien que la société égyptienne ait abandonné la culture de ses anciens pharaons depuis l’Antiquité, la médecine populaire conserve et pratique toujours des recettes médicales inchangées depuis l’époque des pyramides. Un savoir qui a paru bon, utile, auquel on a crû ne disparaît jamais totalement : soit il est conservé intégralement, soit il est transformé, soit une autre société le conserve.

Sachant cela, je fais donc la distinction entre cosmétique historique, traditionnel et industriel.

– Le cosmétique historique a une recette datée – mème si elle peut se prolonger sur des millénaires durant – après laquelle il n’est plus du tout pratiqué. Bien que ce ne soit pas un cosmétique, je pense ici au kyphi, qui commence son office dans l’Egypte antique et dont on retrouve encore la recette dans les remèdes pharmaceutiques du 17-18 ème siècle.

– Le cosmétique traditionnel, toujours vivant, remonte à des temps ancestraux et continue d’être pratiqué par une ou plusieurs sociétés. Il a les caractéristiques d’un produit traditionnel : il emploie des matières premières et locales, spécifiques d’une société qui en connaît les vertus depuis des siècles. Il associe des connaissances chimiques anciennes à des savoir-faire imprégnés de culture.

– Le cosmétique industriel, conçu, testé et développé selon les dernières connaissances technologiques, vise un résultat précis à un coût fixé par la gamme de produits dans laquelle il s’inscrit et qui va déterminer le choix des matières premières et des techniques. C’est le plus rentable quand on se fixe un objectif esthétique, mais c’est le moins connecté à du culturel.

Dans la boutique du Labo de Cléopâtre, je ne vais évidemment proposer que les 2 premiers types de cosmétiques puisqu’ils ont tous 2 un lien avec la reconstitution : historiques, ils appartiennent au passé, traditionnels, ils sont toujours employés quelque part sur la Terre, et selon des critères et valeurs culturels qui nous sont étrangers mais dont les racines symboliques sont fortes.

En tant que projet de reconstitution des parfums et cosmétiques anciens, ce ne sont donc pas des produits faciles d’accès qui vous sont proposés dans le boutique du Labo, dès lors qu’il y aura écrit « historique » ou « traditionnel » – même s’il n’est évidemment pas question de vous proposer des produits toxiques comme les anciens fards au plomb qui ont sévi de l’Antiquité jusqu’au 18 ème siècle et plus !

Bien évidemment, c’est moi qui réalise les recettes, les conditionne et leur donne leur orientation dans une offre produit pas du tout calibrée pour l’industrie et l’usage cosmétique habituel. Pour autant, les recettes, issues de documents, sont suivies autant que possible à la lettre et ce d’autant plus que le produit est diffusé dans un but de connaissances et de transmission de certains savoir.

Il y aurait ainsi plein de choses à dire et découvrir en comparant un noir aux yeux du commerce avec un khôl traditionnel algérien ou bien encore avec un kajal indien noir profond; un parfum au solvant alcoolisé à 99% de molécules chimiques et un parfum huileux à 100% enfleurage. C’est une question de matières premières, de techniques, de savoir-faire et de culture qui se voit au résultat, mais à condition d’y être attentif, d’être connaisseur ou passionné. Autant dire que ce n’est pas forcément accessible au premier venu, et encore moins à quelqu’un qui cherche juste à se maquiller ou trouver un soin quelconque !

En somme, à quoi ressemble un cosmétique traditionnel ? A un plat du terroir, une recette qu’on connaît depuis des siècles, voire, des millénaires, qui ne se serait pas démodée et que toute une société approuve.

Et à quoi ressemble un cosmétique historique ? Un plat du terroir que l’usage n’a pas conservé car on a trouvé moins cher, plus efficace ou que les ingrédients dont il est composé ne se trouvent plus facilement et qu’il a fallu y renoncer.

En résumé, vous voulez acheter un cosmétique ? De bonnes boutiques agrées vous en proposent un peu partout et à tous les prix.

Vous voulez découvrir l’histoire des parfums et cosmétiques ? Bienvenue au Labo de Cléopâtre .

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Le labo au festival Fous d’histoire nov. 2019

 

Marché de l’Histoire, Compiègne (60)

16 – 17 novembre 2019

Vous suivez, aimez ce blog et connaissez mon artisanat, mon projet, mes recherches et ma boutique sur Etsy ? Peut-être même avez-vous déjà acheté une de mes senteurs de reconstitution ou une senteur inspirée des connaissances et des croyances des gens de
l’Antiquité.
Si vous êtes passionnés d’histoire au point de vous y perdre pendant un week-end, si vous passez par Compiègne et ses environs ou êtes tout simplement pas loin de l’Ile-de-France, le week-end du 16/17 novembre 2019, mon stand vous attendra dans le bâtiment secondaire, avec une sélection de produits artisanaux, tous conçus avec ma tête et mes mains, dans une aventure qui a commencé ici-même, par mes blogs WordPress.
Je vous y proposerai encens, parfums poudreux de recettes anciennes, parfums huileux faits uniquement à la main, sans huiles essentielles, et selon les recettes et techniques données par Dioscoride et Pline. Je vous y proposerai aussi des kyphis, bien entendu, les encens emblématiques et très sacrés de l’Egypte ancienne  qui étaient spécifiquement brûlés le soir devant les divinités. Je vous proposerai aussi des coffrets thématiques – appropriés pour des cadeaux raffinés et originaux – et des senteurs d’autres traditions dont les effets bien-être vous surprendront.

 

Mais il y aura aussi les derniers nés : les pendentifs parfums primitifs, aux senteurs brutes et sans liquide à porter comme des bijoux, les poupées de soucis aux plantes amérindiennes et le khôl parfumé d’après la recette de Dioscoride qu’on retrouve ensuite chez Pline.

Ce sera également pour moi l’occasion de vous voir, pour vous d’aborder les produits dans la réalité de leur taille, leurs couleurs, matières, et plus encore leurs odeurs, et le tout par civilisation.
Globalement, la culture antique, surtout gréco-égyptienne est la plus représentée dans ma boutique, mais vous trouverez aussi quelques senteurs indiennes, judeo-chrétiennes, et l’efficacité surprenante et les parfums de quelques plantes ancestrales vikings et amérindiennes.
Alors, je vous attends ici, avec beaucoup de plaisir, le week-end du 16 au 17 novembre 2019 :
LE TIGRE
2 RUE JEAN MERMOZ
MARGNY-LÈS-COMPIÈGNE
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Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.
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Parfum antique, parfum traditionnel

C’est un propos sur lequel je reviens assez souvent, que l’expérience et la pratique m’ont fait adopter : ce que nous appelons parfum antique est quelque chose de toujours vivant dans les sociétés traditionnelles, ce qui me pousse à le considérer non comme le parfum antique mais le parfum traditionnel. En effet, ce que nous considérons comme le parfum des Anciens – car il était utilisé dans l’Antiquité, et avec lequel nous nous sentons tellement en décalage temporel – est en réalité celui que nous utiliserions encore si, à partir de la fin du XIX ème siècle, la chimie n’était venue remplacer les molécules odorantes au nombre de centaines dans une matière première naturelle par d’autres molécules moins complexes qui en imitent l’odeur.

Depuis, nous nous y sommes habitués et c’est devenu une culture telle que nous sommes capables de dire qu’un parfum sent un ingrédient qui n’y est pas du tout mais qu’on nous a appris aussi à reconnaître pour tel et qui de fait, lui ressemble un peu. Pourtant, si on remonte un peu en arrière, juste au XVIII ème siècle, on trouve des livres de pharmacie contenant des recettes de parfums aux ingrédients encore naturels et qu’on peut reconnaître comme étant celles des médecins de l’Antiquité, notées dès le I er siècle. Du I er au XVIII ème siècle, on peut vraiment parler d’une belle longévité.

Certes, ça ne s’est pas passé de façon aussi idéale, et après une éclipse dans laquelle les livres antiques furent perdus au nom du christianisme triomphant, on a fini par les faire revenir d’Orient où ils s’étaient réfugiés. Entre temps, la distillation est passée par là, mais avec la fugacité d’un parfum volatil dont l’alcool s’évapore, un parfum sec ou une boule parfumée d’ambre, de storax, de civette ou d’iris tels que ça existait pour parfumer gants et pomandiers, étaient bien plus durables dans le temps même si plus légers et discrets à la première rencontre.

Le parfum traditionnel, c’est une culture; celle dont il faut se déprendre : la chimique, – qui est répandue parce que souvent bon marché mais qui n’est pas si universelle – et celle qu’il faut découvrir, la naturelle et qui fait nos parfums initiaux, originels, dont les racines sont la Terre depuis l’aube de l’humanité – sous des formes parfois si inattendues comme une racine longue au séchage ou du vomi de cachalot.

En soi, puisque cette culture est locale, puisque nous n’avons pas la même culture du parfum selon que nous sommes européens, africains, asiatiques, etc..et ce jusqu’à des raffinements très spécialisés – comme pour toute culture ancienne -, elle est malgré tout universelle. Partout, en effet, on a employé et on a eu du goût pour ce qui poussait à proximité, ou ce que l’histoire des échanges commerciaux nous avait permis de découvrir de senteurs exotiques attisant le désir, les rêves de luxe et ouvrant les voies commerciales au trafic bien organisé comme les célèbres routes de l’encens. Un goût encore sublimé par la culture poétique et religieuse, le parfum servant autant les désirs amoureux que les dévotions aux dieux.

En effet, la poésie antique, la Torah, la Bible de Jérusalem comme les descriptions de jardins au Moyen-Age foisonnent d’évocations parfumées, d’images olfactives, de métaphores odorantes et amoureuses, particulièrement dans le Cantique des cantiques mais aussi dans la mythologie grecque. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Même dans l’invention d’un parfum chimique, le plus grand critère de réussite est d’être parvenu à imiter un ingrédient naturel, qui reste la référence incontestée même si, dans la réalité de nos perceptions, nous pouvons en être bien plus déconnectés que ce que nous pensions. Une femme qui sent la vanille fait peut-être rêver, mais qu’en est-il si on nous dit qu’elle sent la vanilline ( Vanille et Vanilline de synthèse ) ?

Dans les poésies omanaises, algériennes contemporaines mais traditionnelles, on évoque toujours l’encens, la rose, les épices comme au Moyen-Age on réunissait dans un même jardin des espèces inconciliables dans la nature mais que le goût, la culture et l’imagination avaient réunies : le nard, la myrrhe, le cèdre, l’encens, la cannelle..

Les parfums dits anciens, on les retrouve encore actuellement dans les préparations traditionnelles : colliers de perles parfumées artisanales de traditions algérienne, malienne, sénégalaise, les malas et bracelets de bois de santal, ou de oudh de la tradition asiatique, les rosaires de pétales de roses compressées de la tradition catholique. On les retrouve aussi dans les encens destinés à parfumer les vêtements, un peu partout en Afrique, au Moyen-Orient, en brut, ou transformés par une culture du parfum qui ne s’est pas reniée et cumule tout son savoir – des matières premières naturelles aux derniers parfums à la mode mêlés dans des créations nouvelles – dans des thiourayes et bakhoor.

On les retrouve également au Japon, qui préfère les senteurs naturelles et les belles matières premières – bois d’agar, de santal, de cèdre du Japon – dont il fait brûler le parfum délicat dans les tissus précieux ou tout simplement en les rangeant dans des meubles de bois parfumé. Quand j’étais étudiante, j’avais une amie japonaise qui rangeait ses mouchoirs dans un petit meuble en bois de santal pour qu’ils aient ce parfum. Autrefois, ça n’avait pas grand sens pour moi. Mais aujourd’hui que je travaille les senteurs antiques et traditionnelles, non seulement je le sais, mais cette façon qu’a le bois de santal de dégager son parfum me la rappelle, elle et l’appartement qui s’était imprégné de l’odeur naturelle du bois brut.

Ces expériences vous paraissent étrangères ?

A moi aussi, avant, cela faisait ça. Maintenant, elles parlent le même langage que les diapasmas, les encens antiques, les fumigations et kyphis que je propose dans ma boutique. Et vous le voyez, ce n’est pas un bond spatio-temporel qui a été fait mais un bond culturel dans les mentalités. Ce qui me fait dire ça ? On a essayé d’imposer les parfums chimiques aux Japonais. Mais on ignore pourquoi ils n’en ont pas voulu et sont restés au bois d’agar, au cèdre, santal et à l’huile de camélia.

Enfin, on ignore pourquoi…En vérité, on le sait !

(Photo à la UneParfum sec de roses, recette grecque ancienne; poudre junko du Japon multi-usage comme les parfums secs de l’Antiquité et toujours en usage comme déodorant et pour parfumer les kimonos; gowe, souchet qui sert de base à de multiples parfums africains )

Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur. !