Perle parfumée dans la parfumerie traditionnelle

Les sociétés anciennes comme les sociétés traditionnelles ont ceci de commun que leur manière de concevoir le parfum est très élargie, par rapport à celle de nos sociétés industrielles où la chimie a complètement changé notre rapport à celui-ci depuis bientôt 3 siècles. En Occident, un parfum, c’est un flacon de liquide qui peut aussi se diffuser en spray, et beaucoup plus rarement en concrète. On peut encore les décliner en savon, gel douche, déodorants et crème pour le corps.

Dans l’Antiquité, on considérait que le parfum était ce qui sentait de façon assez agréable pour qu’on ait envie de le porter sur soi, l’offrir aux dieux ou à ses morts. Entrent donc dans cette catégorie les résines et aromates qu’on faisait brûler pour la divinité, mais aussi pour parfumer ses vêtements, des poudres de plantes à parfum, et des couronnes de fleurs. Un système logique dans une société qui ne possède que ce que la Nature offre pour se parfumer, et qui sait multiplier les façons de le faire.

Car paradoxalement, effectivement, si les parfums occidentaux de la société industrielle sont complexes dans leur formulation chimique, leur variété est pauvre. A l’inverse, dans les sociétés anciennes, la palette est pauvre car elle dépend de ce que permet la Nature (pas en molécules odorantes, par contre, beaucoup plus nombreuses que dans un parfum chimique construit), mais les variétés de ce qu’on acceptait comme parfum étaient beaucoup plus grande : encens qu’on brûle, sachet odorant à porter sur soi, graisse parfumée par enfleurage, tissu imprégné d’une essence de bois ou d’autres ingrédients odorants, etc.

Photo de classe à Bora-Bora. Dans l’Antiquité, nous employions aussi les couronnes parfumées, comme l’attestent les textes des anciens philosophes grecs.

Parmi ces possibilités, une très intéressante consiste en des perles parfumées pour faire des colliers, bracelets et autres bijoux traditionnels, souvent religieux mais pas uniquement. Si elle n’est pas attestée pour l’instant dans les textes de l’Antiquité, c’est malgré tout une forme assez répandue pour figurer dans pas mal de civilisations, dont la nôtre – particulièrement pour la réalisation des chapelets.

Boutiques religieuses en ligne ou en dur proposent des chapelets en bois parfumé à la rose ou au jasmin, fleurs souvent associées à la Vierge Marie et qui donnent une dimension agréable et magique à l’acte de récitation du rosaire. Parfumé extérieurement aux huiles essentielles, ce sont des objets peu coûteux car faciles à réaliser.

Néanmoins, il exista en France un genre de perles pour chapelets aux recettes 100 % naturelles sur base exclusive de plantes à parfums et dont le résultat a l’avantage d’être à la fois agréable, équilibré et de remonter à plusieurs siècles, ce qui en fait un véritable produit de reconstitution historique – avec tous les inconvénients que ça occasionne : fragilité du produit, durabilité incertaine, etc..

Hormis ces inconvénients propres aux produits réalisés en matières naturelles, c’est un magnifique objet 100% reconstitué de notre histoire et dont la recette remonte au 18 ème siècle – si ce n’est plus loin.

Chapelet Vieille France

Sur cette base, en employant cette technique ancestrale, j’ai conçu plusieurs autres chapelets ou bijoux originaux, mais toujours en lien avec la botanique mythologique ou le patrimoine des civilisations.

Chapelet Mauvais œil aux herbes grecques
Chapelet latino aux perles de tabac
Chapelet Santa Muerte aux perles de tabac.
Collier Anubis perles de kyphi
Collier kyphi et authentique Ushbati (serviteur d’un défunt dans l’Au-delà)
Parure scarabée bleu perles de kyphi

Mais la perle parfumée, c’est aussi, et de façon bien plus simple, des perles taillées dans un bois ou un rhizome naturellement odorants.

Ce qu’il y a de particulièrement intéressant, avec la perle en bois parfumé, c’est que contrairement aux perles en pierre semi-précieuse, elle est moins répandue au niveau du commerce international. Son emploi en bijou est à la fois plus rare et plus typique d’une civilisation, et donc beaucoup plus porteuse de sens. En effet, notre façon d’aimer ou ne pas aimer une odeur sont beaucoup plus culturelles et radicales que notre façon d’accepter des gemmes.

Ainsi les perles de santal vont être présentes en Inde et dans quelques régions d’Asie – comme d’une manière générale dans la tradition bouddhiste. On y sculptera aussi les statues des divinités, et bien sûr, on en fait des mala dans les 2 religions.

Mala Ganesh perles de santal

Autre bois asiatique odorant au parfum moins connu en bois brut mais tout aussi naturel et magnifique, le camphrier, avec lequel je fais aussi des mala.

Mala bouddhiste camphrier

Mais comme c’est un bois particulièrement sacré et lié à la culture japonaise – comme on le voit dans le film Totoro – j’en fais aussi des bracelets Maneki Neko, dont la tradition, purement japonaise, s’apparente plus au shintoïsme.

Bracelet porte-bonheur Maneki-Neko camphrier

Enfin, dernier bois dont on fait des perles parfumées que je vous propose en boutique : le cyprès, arbre européen, cette fois, autrefois consacré à Hadès, et dont je fais des bracelets dans ce but.

Bracelet cyprès Père Hadès

Je fais aussi des bijoux pour Athena – et les Olympiens – avec des perles en bois d’Olivier, son arbre consacré. Ils ne sont pas odorants mais respectent la tradition grecque de l’Antiquité

Bracelet Protection hellénique bois d’olivier

En réalité, des bois ou autres végétaux parfumés dont on fait des perles, il en existe dans beaucoup de civilisations : l’Afrique en fait de traditionnels en gowé, dont l’odeur est magnifique et qui servent surtout à la séduction et aux rapports amoureux, le Maghreb en fait aussi de traditionnels et dans lesquels entrent les clous de girofle, notamment.

Le monde arabe, lui, aime les chapelets musulmans en bois d’agar, leur légendaire bois de oudh originaire d’Asie. Mais d’autres encore, jamais vus ou jamais sentis ayant pourtant existé : un bracelet mala en fèves Tonka, dont la mention a été rencontrée dans un livre de littérature classique Chinoise : Le rêve dans le pavillon rouge.

Vous l’aurez compris, si je donne autant de place aux bijoux parfumés en bois odorants ou mélanges de plantes, c’est qu’elles ont un vrai rôle – souvent relié à la religion et au sacré – dans les parfums traditionnels du monde entier et qu’il est temps de renouer avec la merveilleuse diversité de nos traditions à tous en matière de parfums naturels.

Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Fous d’histoire 2021

Si vous suivez le blog ou la page FB, vous savez que je participe depuis quelques années aux marchés de l’histoire de Compiègne, avec mon stand de reconstitution des parfums historiques Le Labo de Cléopâtre.

Les 2 dernières années, malheureusement, l’événement a plutôt été le Covid, mais cette fois, c’est la bonne : novembre 2021 signe le retour de l’événement, toujours magique, grâce à la participation de tous les reconstituteurs du spectacle ou de l’artisanat.

Mon stand, évidemment, propose de l’artisanat : parfums, encens historiques, parfums huileux comme d’habitude, mais aussi, pour la première fois, des encens en bâtons, et des produits parfumés diversifiés issus du 18 ème siècle français : savonnette du Grand et Petit Albert, pastilles à brûler, poudres pour perruques et chapelets parfumés.

Dans la plupart des cas, je choisis des recettes que je peux reconstituer intégralement, car c’est tout l’intérêt de la reconstitution : découvrir les parfums qu’aimaient les Anciens et les techniques qu’ils employaient pour y arriver. C’est donc ce que vous retrouverez beaucoup sur le stand, parmi d’autres plus rares produits adaptés.

Au final, le Labo de Cléopâtre a fini par rassembler quelques beaux produits parfumés de différentes époques de l’histoire de l’humanité : du monde gréco-romain – et même mésopotamien – de l’Antiquité à la France du 19 ème siècle, que vous aurez l’occasion de découvrir sur mon stand.

Évidemment, tout ne sera pas sur le stand, mais vous pourrez sentir physiquement ce qui n’est qu’accessible par les photos des fiches produits sur la boutique Etst. Autant dire que pour un stand de parfums, c’est plus qu’important !

Enfin, dernière nouveauté et pas des moindres : le Labo de Cléopâtre étant d’abord un projet de recherche qui a commencé avec ce blog et qui a abouti à tout ce que vous en connaissez désormais, je vendrai quelques exemplaires de mon livre sorti chez Améthyste – du groupe Alliance Magique – en mai dernier : Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité.

Ce seront mes derniers exemplaires – tout étant déjà parti en boutique – mais vous le retrouvez bien entendu sur Amazon, la FNAC, Cultura, la Procure, etc. Mais aussi, bien entendu, sur Le site d’Alliance Magique, qui l’a publié.

Bref, c’est avec plaisir que je vous retrouverai sur mon stand du marché de l’histoire, pour vous rencontrer, parler avec vous de parfums et cosmétiques historiques, et surtout vous les faire découvrir en vrai.

Quelques photos de l’événement précédent :

Je vous attends donc pour cette fois le week-end du 20 et 21 novembre 2021 au Tigre de Margny-lès-Compiègne sur mon stand de reconstitution de parfums. Une occasion idéale pour rencontrer ceux qui suivent ce blog depuis des années, connaissent mon travail par les parfums artisanaux ou mes travaux écrits.

Les détails de l’événement sont sur le site de l’Association Pour l’Histoire Vivante qui l’organise depuis plus de 30 ans : Fous d’histoire 2021

Merci de suivre ce blog, la Page FB et d’une manière générale, l’aventure du Labo de Cléopâtre. A très bientôt ! ´

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur

Senteurs du Labo de Cléopâtre et authenticité

La Labo de Cléopâtre, c’est un blog et une boutique de senteurs de l’Antiquité que j’ai ouverte sur Etsy. Aujourd’hui, sur mon blog, je vais vous éclairer le lien entre les produits que je réalise et le type de recettes qui les a inspirés. Car la première étape, ce par quoi tout a commencé, c’est la recherche.

Il n’y a aucune qui ne soit issue de mon imagination, même si, bien entendu, il doit y avoir une certaine dose d’invention mais surtout de logique pour combler les manques liés à une recette manquant de proportions ou dont un ou plusieurs ingrédients ont disparu.

Il y a donc des degrés dans la part prise par les textes et celle prise par la re-création, la créativité.

  • La recette est complète : elle comporte des proportions précises et des détails de fabrication

– Parfum sec de roses

– Parfum sec de roses 2

– Parfum antique de roses

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  • La recette est complète mais certains ingrédients qui la composent ne sont plus trouvables, il y a des détails de fabrication

– Kyphi de Dioscoride

– Encens biblique

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  • La recette antique est complète à part quelques proportions non précisées, il y a des détails de fabrication mais certains ingrédients ne sont plus trouvables

– Nettoyant de Cléopâtre

– Parfum de robes

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  • La recette existe uniquement sous forme de liste d’ingrédients qui la composent et plus ou moins de détails de fabrication

– – Kyphi de Galien

– Kyphi syriaque

– Encens de Gilgamesh

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  • Il n’y a pas de recette, juste une liste d’ingrédients utilisés dans telle ou telle région ou telle ou telle circonstance

– Encens d’Aphrodite

– Encens de funérailles romaines

– Encens de mariage mythologique

– Encens de Dionysos

– Encens du tribunal

– Encens crétois

– Kyphi de Pylos

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  • Des textes d’historiens ou de botanistes évoquent les effets supposés de quelques plantes, selon les croyances de l’Antiquité

– Aphrodisiaque grec

– Aphrodisiaque romain

– Aphrodisiaque indien

– Encens de sommeil

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Les ouvrages de référence utilisés peuvent être :

  • Des textes littéraires, poésies, mythes antiques, etc…
  • Des ouvrages de botanistes, historiens, naturalistes anciens
  • Des ouvrages de médecins de toute la période antique
  • Des compilations d’extraits de textes antiques par des chercheurs en lettres
  • Des ouvrages d’historiens ou de parfumeurs de l’époque moderne
  • Des ouvrages d’historiens contemporains sur l’histoire du parfum
  • Des ouvrages d’historiens contemporains sur la botanique ancienne

Dans tous les cas, l’histoire de chaque produit vous est brièvement racontée sur chaque fiche produit et plus précisément lorsque vous passez commande et recevez un produit puisque aucun ne vous est envoyé sans papier explicatif.

Cet article ayant l’avantage de rendre simple et clair ce que je fais, je l’enrichirai au fur et à mesure de l’évolution de la boutique et de son enrichissement en produits. Donc, si mes créations de senteurs antiques vous intéressent, n’oubliez pas de mettre cette page en favori.

Ma boutique dans son ensemble pour tout voir en une seule page

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Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

 

La boutique du Labo de Cléopâtre

Ceux qui me suivent depuis quelques temps connaissent mon parcours de mon premier blog, Echodecythere, consacré à la beauté à mon second, le Labo de Cléopâtre, consacré aux cosmétiques antiques, et notamment ceux de Cléopâtre.

Maintenant, le Labo de Cléopâtre, c’est aussi une boutique sur Etsy en lien avec toutes mes recherches et les sujets évoqués sur mes blogs.

Alors, devinez ce que je vends dans ma boutique ?

 

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Nettoyant de Cléopâtre

 

  • Oui, je vends une version du Détergent de Cléopâtre, le parfum de la dernière reine d’Egypte d’après le Kosmètikon.
  • Non, on ne peut pas être sûr que c’était de façon certaine le parfum de Cléopâtre, et même, c’est certain que ce n’était pas exactement lui puisqu’on ne peut le reproduire fidèlement aujourd’hui. Mais plus de 6 ingrédients sur 10 utilisés dans la recette originale y sont présents dans des proportions et selon des modalités qui étaient exigées – du moins quand c’était possible. En bref, c’est un produit qui doit ressembler au niveau de sa texture et de son odeur au produit de beauté de Cléopâtre.

Mais on n’ouvre pas une boutique avec un seul produit…

Ce que je vous propose dans ma boutique, ce sont des senteurs de l’Antiquité, c’est-à-dire plusieurs authentiques parfums historiques dont aucun n’a été inventé. Chacun, en effet, est né soit d’une recette historique précise, soit d’une description ou d’un texte littéraire évoquant des parfums. Parfois, certains ingrédients n’existent plus, ne sont plus disponibles ou ne peuvent être utilisés en l’état. Dans ce cas, il a pu m’arriver de remplacer un ingrédient avec un autre qui lui était proche.

Que trouve-t-on concrètement dans ma boutique ?

  • Des mélanges d’encens correspondant à de vraies senteurs de l’Antiquité, comme l’encens d’Aphrodite.

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  • Des kyphis, autres mélanges d’encens d’origine égyptienne mais que tout le monde antique avait adopté et adapté.

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Kyphi sur la boutique du Labo de Cléopâtre

  • Des mélanges de plantes ou de résines plus ou moins en poudre qui servaient de parfums secs, qu’on appelait diapasmas et qui servent aujourd’hui à parfumer l’atmosphère d’un lieu, un petit espace, etc.

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  • Des pyramides auto-combustibles uniquement à base de plantes.
  • Des parfums huileux faits artisanalement et qui existaient dans plusieurs civilisations.
  • Un authentique khôl

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Parfum de Cléopâtre

  • Des brûle-encens artisanaux sans charbon pour ceux qui, comme moi, ne le supportent pas.
  • D’autres sortes de brûle-encens non artisanaux mais en lien avec l’univers du Labo.
  • Des bâtons d’encens artisanaux sans produits chimiques, sans ajouts d’huiles essentielles mais uniquement composées de plantes actives et à parfum connues et employées dans l’Antiquité.

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  • Des bains médicinaux et historiques, conçus par un médecin du 3 ème siècle.

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  • Attention : Chacun des parfums du Labo de Cléopâtre est un produit de senteur mais non un cosmétique. Ils ne sont pas destinés à entrer en contact avec la peau.
  • Les matières premières sont les résines odorantes, quelques écorces, feuilles, racines, épices qu’on employait dans les parfums antiques et qu’on utilise toujours dans les parfums orientaux. Par contre, inutile d’y chercher un produit chimique moderne, une plante découverte sur le sol américain ou utilisée seulement à partir du Moyen-Age, car vous n’en trouverez pas.
  • Mes produits ne contiennent pas non plus d’ajouts d’huiles essentielles ( sauf cas précisés pour les créations) pour renforcer l’odeur; le parfum est conforme à ce qui était possible et ce qui se faisait dans l’Antiquité. La tradition n’est d’ailleurs pas perdue puisque nous la connaissons depuis toujours à travers le simple sachet de lavande. L’Orient par contre, la connaît au travers des coussins remplis d’herbes et de fleurs séchées qu’on met un peu partout dans les chambres et les vêtements pour les parfumer.

Ce sont toutes ces traditions que je veux faire redécouvrir dans ma boutique en même temps que les senteurs qu’aimaient les Anciens. Ce sont des parfums à la fois simples et historiques que les gens goûtaient à travers les encens et donc la fumée – « per fume »- lors des rituels, fêtes ou commémorations, ou dans la vie quotidienne où les diapasmas étaient polyvalents et servaient autant de parfum que de cosmétique aux usages aussi complexes que ceux d’aujourd’hui.

Alors si les parfums et les cosmétiques antiques vous passionnent, venez visiter ma boutique où vous attendent ces parfums historiques dont la collection s’enrichira bientôt d’autres senteurs authentiques ressuscitées de l’Antiquité. Vous pourrez ainsi découvrir ce qu’on sentait et aimait sentir à l’époque où on vénérait Aphrodite et où la séduction de Cléopâtre faisait plus trembler que rêver les belles Romaines. Quoique…

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Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.