Le kyphi du Labo chez l’E-Sens Unik

Pour cette rentrée, déjà best seller à la boutique du Labo de Cléopâtre et habitué à me surprendre par les aventures qu’il me fait vivre, le kyphi égyptien vient de franchir une nouvelle étape. Dépassant le monde de la reconstitution et des parfums sacrés utilisés dans les rituels, l’antique kyphi d’Edfou – que j’ai moi-même attendu 4 ans avant de pouvoir vous proposer – vient aussi d’être demandé à l’essai en parfumerie, rejoignant les parfums les plus contemporains, lui, le dinosaure, leur ancêtre à tous !

Enfin, évidemment pas exactement une parfumerie à l’échelle industrielle, mais une « barfumerie concept store » proposant des parfums de niche dans des bouteilles de whisky retournées et disposées sur un même mur. Un concept qui permet de recentrer le découvreur sur l’essentiel du parfum : la rencontre entre l’odeur et l’émotion qu’elle provoque de manière toute personnelle selon les individus.

Le mur de bouteilles, pour se parfumer comme on s’enivre.

Le parfum, en effet, a le pouvoir réel de nous connecter aux parties les plus anciennes de notre mémoire en une fraction de seconde par ce sens sous-exploité qu’est l’odorat. Sous-exploité et pourtant si important dans notre construction émotionnelle car notre cerveau a emmagasiné des millions d’odeurs qu’il a associé avec un souvenir.

C’est cette rencontre-là que Keira Amable – et sa famille avec elle – veut provoquer entre le découvreur et les parfums qu’elle propose dans ses boutiques : cette rencontre-là sans parasites extérieurs qui viennent influencer le jugement. En effet, marque, visuel du flacon, fioritures comptent énormément dans l’industrie du parfum et orientent déjà le consommateur autant qu’ils grossissent son prix. Un argent que la parfumerie industrielle investit dans le marketing aux dépens de l’essentiel, le parfum lui-même censé pourtant être le produit phare. C’est cet allègement de coûts qui permet aux parfums de niche de cette barfumerie de se payer le luxe d’être abordables.

Keira, habillée aux couleurs de sa boutique.

Chez E-Sens Unik, les flacons minimalistes sont tous les mêmes, seule la contenance change en fonction de votre demande. C’est donc le jus que vous achetez, catégorisé par famille olfactive, et qu’il vous faudra découvrir avec le cœur sur le mur de bouteilles de whisky intelligemment recyclées, ou bien dans la collection privée, sur le mur opposé.

La collection privée.

Bien que le Labo de Cléopâtre soit un projet d’archéologie expérimentale reconstituant des parfums historiques avant tout pour la connaissance et très loin d’une logique industrielle, il a de commun avec celui de l’E-Sens Unik d’aller à l’essentiel en puisant avant tout dans les racines du parfum, dont l’histoire est aussi longue que diversement localisée.

Lorsque Keira décide de faire des recherches sur le premier parfum, qu’elle tombe sur le Labo de Cléopâtre et qu’elle a l’idée de proposer du vrai kyphi égyptien à faire découvrir dans sa boutique, elle affirme que pour elle, le parfum a une histoire. Et cette histoire ne compte pas pour rien pour tous ceux qui veulent en redécouvrir le passé pour lui donner un avenir.

Le kyphi égyptien

L’autre lien très net entre l’E-Sens Unik et le Labo de Cléopâtre, c’est la reconnaissance de l’origine multiculturelle et complexe du parfum et de la nécessité de lui laisser cette ouverture. La collection privée de Keira a ainsi ses racines au Moyen-Orient, tout comme au Labo de Cléopâtre, les parfums, tous artisanaux et reconstitués sur la base de mes recherches, viennent d’un peu partout dans le temps et l’espace : Égypte, Grèce antique, Chine, Inde du 18 ème siècle, Europe de la Renaissance qui a fait revenir les parfums du Moyen-Orient, de la cour de Versailles…

Une évidence pour Keira comme pour moi qui sommes issues toutes deux de l’immigration d’origines diverses, à l’instar de toutes les sociétés qui ont fondé leur identité sur des points de rencontre culturels offerts par les hasards de l’histoire.

– Vous pouvez donc retrouver le kyphi égyptien du Labo de Cléopâtre à la boutique de l’E-Sens Unik 76 avenue des Ternes à Paris, où Keira vous le proposera sous forme de pastilles d’encens – au cas où vous ne le connaîtriez pas déjà via la boutique Etsy du Labo de Cléopâtre. Elle vous fera également découvrir les parfums de la boutique, avec mouillettes et grains de café – comme dans les autres parfumeries.

– L’E-Sens Unik, c’est aussi une boutique à Châtelet, 54 rue des Lombards. Paris et une autre à Clermont Ferrand, au 2 rue du Maréchal Foch.

Enfin, pour vous faire une petite idée, voire, craquer en ligne, voici leur e-boutique: https://e-sensunik.fr

Parfumer ses vêtements : shopping

Pas tous aptes à porter des parfums chimiques auxquels on peut être devenu intolérant pour différentes raisons – de santé notamment ou d’idéologie – nous ne sommes pas non plus condamnés à parfumer nos vêtements au sachet de lavande ou à  l’anti mites. Voici quelques méthodes naturelles pour parfumer ses vêtements aux senteurs parfois ancestrales dont la pratique – et souvent les parfums aussi – remonte quelquefois à l’Antiquité. Dans tous les cas, il faut bien sûr exposer le vêtement – ou tout le placard quand c’est possible – à la senteur choisie.

  • Les poudres à brûler

On en fait un cône dont on allume le bout avant de le recouvrir et laisser échapper la fumée par les trous dans une lampe Merlin (ou lutin, pour certains). Sur sens-nature, la lampe Merlin, le santal, le cade et le cèdre sont proposés pour des senteurs antiques. Pour une senteur plus moderne, ils proposent également l’eucalyptus.

  • Les résines

Elles se brûlent sur charbon ardent, dans un encensoir protégé comme on le fait encore dans les pays du Golfe. Voici ma boutique préférée parce qu’elle offre un choix large et raffiné qui va des encens de l’Antiquité (mastic, oliban, myrrhe) à d’autres résines odorantes utilisées plus tardivement (copal, benjoin, dammar, etc.). Certaines sont très fortes et donc préférables à froid, glissées tout simplement dans une armoire en pot ouvert ou en sachet pour parfumer le linge : storax, benjoin, labdanum.

  • Les bâtons d’encens

Si les cônes peuvent être protégés par des encensoirs ou des lampes Merlin, les bâtons, enflammés à leur sommet et brûlant à l’air libre doivent être surveillés. Les encens indiens sont les plus faciles à trouver et les moins chers mais ils n’ont pas toujours bonne réputation, d’autant plus que la senteur préférée, le Nag champa, se trouve beaucoup plus souvent contrefaite qu’authentique. Beaucoup d’encens japonais sont à découvrir sur Encens compagnie. Certains coûtent très cher par l’expérience raffinée qu’ils proposent mais différents prix existent.

  • Les vrais parfums antiques

Dans ma boutique, je propose des mélanges dont les recettes datent réellement de l’Antiquité. Comme tous les autres encens, il est bien sûr possible d’en parfumer ses vêtements si on le désire. Mais le plus étrange est que les Anciens avaient conçu un mélange réellement destiné à parfumer les robes. Mais était-il destiné à être brûlé ou à rester dans une malle pour imprégner les tissus ? C’est ce que le texte ne précise malheureusement pas.

  • Les parfums arabes 

Chez Oudh and musk, site français malgré les apparences, on peut découvrir la vraie tradition des parfums arabes, notamment des encens comme le bakhoor et le thiouraye, à la base originaire du Sénégal. Certains sont naturels, d’autres non, mais dans tous les cas, c’est une merveilleuse tradition parfumée à découvrir. Comme senteur naturelle et antique, le site propose une collection de oud, bois parfumé par un champignon qui l’a colonisé et dont l’odeur, très appréciée au Moyen-Orient, plaisait aussi dans l’Antiquité. On peut y découvrir également une multitude de parfums huileux typiques dont la culture, si elle nous est inconnue, est proche de celle des Anciens. Bref, c’est un voyage des plus fascinants, mais attention si vous êtes sensible aux odeurs, celles-là sont les plus puissantes

  • Les bois

Au Japon, les meubles parfument souvent les tissus grâce aux bois odorants dont ils sont faits. D’ailleurs, si vous connaissez des Japonais, vous avez certainement senti chez eux une entêtante odeur de santal ou de cèdre. Chez Muji, le cèdre parfumé se décline en bâtonnets à glisser dans votre armoire ou en cintres qui embaument votre linge en même temps qu’il permet de le ranger.

Autre anecdote japonaise et parfumée : peut-être pour ceux qui n’avaient pas de baignoire traditionnelle en acacia, j’ai trouvé il y a longtemps dans une boutique japonaise de Paris des boules en bois d’acacia destinées à parfumer très délicatement et naturellement l’eau du bain.

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Enfin, si vous tenez vraiment à l’odeur de la lavande, Lush l’a aussi déclinée en encens à brûler dans un parfum qui a toute une histoire et qui résume assez bien le rôle des fragrances dans les sociétés humaines.

Bonne découverte !

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Parfumer ses vêtements comme dans l’Antiquité (DIY)

Nos parfums sous forme de sprays alcoolisés qu’on pulvérise sur la peau mais plus idéalement sur un textile – dont les fibres retiennent plus facilement la fragrance – ne sont pas les seuls moyens de sentir bon. D’usage très contemporain, ils ne sont non seulement pas majoritaires mais sont en plus d’un usage très récent qui n’a rien de traditionnel.

Au Moyen-Orient où l’alcool est interdit dans les parfums, il n’est évidemment pas non plus possible de vaporiser un parfum huileux qui, s’il est délicieux, ne manquera pas de tacher un vêtement d’une grosse trace de gras qui évoque plus quelqu’un qui a mangé malproprement plutôt qu’une personne coquette qui voulait sentir bon.

Là-bas, comme dans l’Antiquité, on continue de parfumer son intérieur et ses vêtements aux encens, résines naturelles d’oliban, de myrrhe ou mélanges de résines, bois, fleurs, appelés bakhoor dont il existe une grande variété. Le textile, placé sur un tréteau en forme de pyramide – appelé mabkhara à Oman – est parfumé par l’encens sortant de l’encensoir placé en dessous, comme sur la photo.

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Cette façon de parfumer les vêtements est très séduisante pour ceux qui, comme moi, font une intolérance aux fragrances trop puissantes mais aussi pour ceux et celles qui aimeraient tenter les parfums naturels ou les manières de se parfumer traditionnelles – comme c’est aussi le cas en Afrique – et que nous pratiquions également dans l’Antiquité.

Dans nos sociétés modernes, c’est plutôt dans une penderie que nous pouvons parfumer nos vêtements au moyen d’un encensoir assez fermé pour ne pas mettre le vêtement en contact avec le charbon – ni même avec l’encensoir -. On peut ainsi faire brûler comme dans les pays arabes, résines d’oliban ou de myrrhe, selon ce qu’on préfère.

Si on veut découvrir un parfum spécifiquement antique, on peut brûler du labdanum – qui était le parfum préféré des Crétoises – mais aussi du patchouli – qui était connu à l’époque – du cyprès, si on l’aime, du cèdre et du génévrier. Vous pouvez aussi découvrir le parfum de robes de Dioscoride dont j’ai reconstitué la recette et que je vous propose sur Etsy. Pour tous ces parfums, il vous faudra généralement un charbon ardent et un encensoir.

Mais c’est avec la poudre de cade, genévrier sauvage typiquement méditerranéen toujours utilisé comme encens naturel et à l’odeur très agréable qu’on peut parfumer ses vêtements de façon traditionnelle et délicieuse sans charbon et au moyen d’une lampe Merlin – ainsi appelée car elle ressemble à un chapeau de Merlin.

Parfumer ses vêtements au cade

  • Matériel
  • Lampe Merlin
  • Poudre de cade
  • Briquet
  • Marche à suivre

Remplir le réservoir de poudre de cade en formant un cône identique à celui formé par le couvercle de la lampe. cone-de-cade

Enflammer le sommet avec un briquet et attendre qu’il s’éteigne pour remettre le couvercle à trous d’où s’échappera la fumée. Le feu va consumer doucement toute la poudre, répandant le parfum de cade.

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  • Utilisation

Placer votre lampe Merlin en bas de votre penderie pour que la fumée remonte et imprègne toute votre penderie. Fermez  la porte pour confiner l’endroit où vont se libérer les huiles essentielles qui imprégneront les textiles de votre placard, les parfumant naturellement et éloignant du même coup quelques nuisibles qui auraient bien aimé s’y installer.

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Cet article, cette recette et ces photos – sauf celle du mabkhara trouvé sur ce site – sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.