Le kyphi du Labo chez l’E-Sens Unik

Pour cette rentrée, déjà best seller à la boutique du Labo de Cléopâtre et habitué à me surprendre par les aventures qu’il me fait vivre, le kyphi égyptien vient de franchir une nouvelle étape. Dépassant le monde de la reconstitution et des parfums sacrés utilisés dans les rituels, l’antique kyphi d’Edfou – que j’ai moi-même attendu 4 ans avant de pouvoir vous proposer – vient aussi d’être demandé à l’essai en parfumerie, rejoignant les parfums les plus contemporains, lui, le dinosaure, leur ancêtre à tous !

Enfin, évidemment pas exactement une parfumerie à l’échelle industrielle, mais une « barfumerie concept store » proposant des parfums de niche dans des bouteilles de whisky retournées et disposées sur un même mur. Un concept qui permet de recentrer le découvreur sur l’essentiel du parfum : la rencontre entre l’odeur et l’émotion qu’elle provoque de manière toute personnelle selon les individus.

Le mur de bouteilles, pour se parfumer comme on s’enivre.

Le parfum, en effet, a le pouvoir réel de nous connecter aux parties les plus anciennes de notre mémoire en une fraction de seconde par ce sens sous-exploité qu’est l’odorat. Sous-exploité et pourtant si important dans notre construction émotionnelle car notre cerveau a emmagasiné des millions d’odeurs qu’il a associé avec un souvenir.

C’est cette rencontre-là que Keira Amable – et sa famille avec elle – veut provoquer entre le découvreur et les parfums qu’elle propose dans ses boutiques : cette rencontre-là sans parasites extérieurs qui viennent influencer le jugement. En effet, marque, visuel du flacon, fioritures comptent énormément dans l’industrie du parfum et orientent déjà le consommateur autant qu’ils grossissent son prix. Un argent que la parfumerie industrielle investit dans le marketing aux dépens de l’essentiel, le parfum lui-même censé pourtant être le produit phare. C’est cet allègement de coûts qui permet aux parfums de niche de cette barfumerie de se payer le luxe d’être abordables.

Keira, habillée aux couleurs de sa boutique.

Chez E-Sens Unik, les flacons minimalistes sont tous les mêmes, seule la contenance change en fonction de votre demande. C’est donc le jus que vous achetez, catégorisé par famille olfactive, et qu’il vous faudra découvrir avec le cœur sur le mur de bouteilles de whisky intelligemment recyclées, ou bien dans la collection privée, sur le mur opposé.

La collection privée.

Bien que le Labo de Cléopâtre soit un projet d’archéologie expérimentale reconstituant des parfums historiques avant tout pour la connaissance et très loin d’une logique industrielle, il a de commun avec celui de l’E-Sens Unik d’aller à l’essentiel en puisant avant tout dans les racines du parfum, dont l’histoire est aussi longue que diversement localisée.

Lorsque Keira décide de faire des recherches sur le premier parfum, qu’elle tombe sur le Labo de Cléopâtre et qu’elle a l’idée de proposer du vrai kyphi égyptien à faire découvrir dans sa boutique, elle affirme que pour elle, le parfum a une histoire. Et cette histoire ne compte pas pour rien pour tous ceux qui veulent en redécouvrir le passé pour lui donner un avenir.

Le kyphi égyptien

L’autre lien très net entre l’E-Sens Unik et le Labo de Cléopâtre, c’est la reconnaissance de l’origine multiculturelle et complexe du parfum et de la nécessité de lui laisser cette ouverture. La collection privée de Keira a ainsi ses racines au Moyen-Orient, tout comme au Labo de Cléopâtre, les parfums, tous artisanaux et reconstitués sur la base de mes recherches, viennent d’un peu partout dans le temps et l’espace : Égypte, Grèce antique, Chine, Inde du 18 ème siècle, Europe de la Renaissance qui a fait revenir les parfums du Moyen-Orient, de la cour de Versailles…

Une évidence pour Keira comme pour moi qui sommes issues toutes deux de l’immigration d’origines diverses, à l’instar de toutes les sociétés qui ont fondé leur identité sur des points de rencontre culturels offerts par les hasards de l’histoire.

– Vous pouvez donc retrouver le kyphi égyptien du Labo de Cléopâtre à la boutique de l’E-Sens Unik 76 avenue des Ternes à Paris, où Keira vous le proposera sous forme de pastilles d’encens – au cas où vous ne le connaîtriez pas déjà via la boutique Etsy du Labo de Cléopâtre. Elle vous fera également découvrir les parfums de la boutique, avec mouillettes et grains de café – comme dans les autres parfumeries.

– L’E-Sens Unik, c’est aussi une boutique à Châtelet, 54 rue des Lombards. Paris et une autre à Clermont Ferrand, au 2 rue du Maréchal Foch.

Enfin, pour vous faire une petite idée, voire, craquer en ligne, voici leur e-boutique: https://e-sensunik.fr

Perle parfumée dans la parfumerie traditionnelle

Les sociétés anciennes comme les sociétés traditionnelles ont ceci de commun que leur manière de concevoir le parfum est très élargie, par rapport à celle de nos sociétés industrielles où la chimie a complètement changé notre rapport à celui-ci depuis bientôt 3 siècles. En Occident, un parfum, c’est un flacon de liquide qui peut aussi se diffuser en spray, et beaucoup plus rarement en concrète. On peut encore les décliner en savon, gel douche, déodorants et crème pour le corps.

Dans l’Antiquité, on considérait que le parfum était ce qui sentait de façon assez agréable pour qu’on ait envie de le porter sur soi, l’offrir aux dieux ou à ses morts. Entrent donc dans cette catégorie les résines et aromates qu’on faisait brûler pour la divinité, mais aussi pour parfumer ses vêtements, des poudres de plantes à parfum, et des couronnes de fleurs. Un système logique dans une société qui ne possède que ce que la Nature offre pour se parfumer, et qui sait multiplier les façons de le faire.

Car paradoxalement, effectivement, si les parfums occidentaux de la société industrielle sont complexes dans leur formulation chimique, leur variété est pauvre. A l’inverse, dans les sociétés anciennes, la palette est pauvre car elle dépend de ce que permet la Nature (pas en molécules odorantes, par contre, beaucoup plus nombreuses que dans un parfum chimique construit), mais les variétés de ce qu’on acceptait comme parfum étaient beaucoup plus grande : encens qu’on brûle, sachet odorant à porter sur soi, graisse parfumée par enfleurage, tissu imprégné d’une essence de bois ou d’autres ingrédients odorants, etc.

Photo de classe à Bora-Bora. Dans l’Antiquité, nous employions aussi les couronnes parfumées, comme l’attestent les textes des anciens philosophes grecs.

Parmi ces possibilités, une très intéressante consiste en des perles parfumées pour faire des colliers, bracelets et autres bijoux traditionnels, souvent religieux mais pas uniquement. Si elle n’est pas attestée pour l’instant dans les textes de l’Antiquité, c’est malgré tout une forme assez répandue pour figurer dans pas mal de civilisations, dont la nôtre – particulièrement pour la réalisation des chapelets.

Boutiques religieuses en ligne ou en dur proposent des chapelets en bois parfumé à la rose ou au jasmin, fleurs souvent associées à la Vierge Marie et qui donnent une dimension agréable et magique à l’acte de récitation du rosaire. Parfumé extérieurement aux huiles essentielles, ce sont des objets peu coûteux car faciles à réaliser.

Néanmoins, il exista en France un genre de perles pour chapelets aux recettes 100 % naturelles sur base exclusive de plantes à parfums et dont le résultat a l’avantage d’être à la fois agréable, équilibré et de remonter à plusieurs siècles, ce qui en fait un véritable produit de reconstitution historique – avec tous les inconvénients que ça occasionne : fragilité du produit, durabilité incertaine, etc..

Hormis ces inconvénients propres aux produits réalisés en matières naturelles, c’est un magnifique objet 100% reconstitué de notre histoire et dont la recette remonte au 18 ème siècle – si ce n’est plus loin.

Chapelet Vieille France

Sur cette base, en employant cette technique ancestrale, j’ai conçu plusieurs autres chapelets ou bijoux originaux, mais toujours en lien avec la botanique mythologique ou le patrimoine des civilisations.

Chapelet Mauvais œil aux herbes grecques
Chapelet latino aux perles de tabac
Chapelet Santa Muerte aux perles de tabac.
Collier Anubis perles de kyphi
Collier kyphi et authentique Ushbati (serviteur d’un défunt dans l’Au-delà)
Parure scarabée bleu perles de kyphi

Mais la perle parfumée, c’est aussi, et de façon bien plus simple, des perles taillées dans un bois ou un rhizome naturellement odorants.

Ce qu’il y a de particulièrement intéressant, avec la perle en bois parfumé, c’est que contrairement aux perles en pierre semi-précieuse, elle est moins répandue au niveau du commerce international. Son emploi en bijou est à la fois plus rare et plus typique d’une civilisation, et donc beaucoup plus porteuse de sens. En effet, notre façon d’aimer ou ne pas aimer une odeur sont beaucoup plus culturelles et radicales que notre façon d’accepter des gemmes.

Ainsi les perles de santal vont être présentes en Inde et dans quelques régions d’Asie – comme d’une manière générale dans la tradition bouddhiste. On y sculptera aussi les statues des divinités, et bien sûr, on en fait des mala dans les 2 religions.

Mala Ganesh perles de santal

Autre bois asiatique odorant au parfum moins connu en bois brut mais tout aussi naturel et magnifique, le camphrier, avec lequel je fais aussi des mala.

Mala bouddhiste camphrier

Mais comme c’est un bois particulièrement sacré et lié à la culture japonaise – comme on le voit dans le film Totoro – j’en fais aussi des bracelets Maneki Neko, dont la tradition, purement japonaise, s’apparente plus au shintoïsme.

Bracelet porte-bonheur Maneki-Neko camphrier

Enfin, dernier bois dont on fait des perles parfumées que je vous propose en boutique : le cyprès, arbre européen, cette fois, autrefois consacré à Hadès, et dont je fais des bracelets dans ce but.

Bracelet cyprès Père Hadès

Je fais aussi des bijoux pour Athena – et les Olympiens – avec des perles en bois d’Olivier, son arbre consacré. Ils ne sont pas odorants mais respectent la tradition grecque de l’Antiquité

Bracelet Protection hellénique bois d’olivier

En réalité, des bois ou autres végétaux parfumés dont on fait des perles, il en existe dans beaucoup de civilisations : l’Afrique en fait de traditionnels en gowé, dont l’odeur est magnifique et qui servent surtout à la séduction et aux rapports amoureux, le Maghreb en fait aussi de traditionnels et dans lesquels entrent les clous de girofle, notamment.

Le monde arabe, lui, aime les chapelets musulmans en bois d’agar, leur légendaire bois de oudh originaire d’Asie. Mais d’autres encore, jamais vus ou jamais sentis ayant pourtant existé : un bracelet mala en fèves Tonka, dont la mention a été rencontrée dans un livre de littérature classique Chinoise : Le rêve dans le pavillon rouge.

Vous l’aurez compris, si je donne autant de place aux bijoux parfumés en bois odorants ou mélanges de plantes, c’est qu’elles ont un vrai rôle – souvent relié à la religion et au sacré – dans les parfums traditionnels du monde entier et qu’il est temps de renouer avec la merveilleuse diversité de nos traditions à tous en matière de parfums naturels.

Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

L’art de l’encens en Chine ancienne

En 2018 a eu lieu l’exposition Parfums de Chine au musée Cernuschi, consacrée à la culture de l’encens dans la Chine impériale.

C’était une exposition d’un grand raffinement où les objets anciens destinés aux parfums rivalisaient d’élégance – même pour les plus anciens d’entre eux. Exposition magnifique, il est vrai, mais finalement un peu hermétique, car au final, les différentes dynasties et ce qu’elles ont pu représenter restera forcément un mystère, car ce n’est pas notre culture.

Pour autant, force est de constater que la culture du parfum et de l’encens y étaient vivantes et continuaient de progresser quand nous les avions abandonnées. Non seulement cette culture était vivante, mais elle était, de plus, associée aux plus hautes classes sociales, celle des lettrés, des mandarins, des poètes et des empereurs.

Une association qui pousse évidemment au plus grand raffinement et à la technicité même dans les moindres détails : des senteurs distinguées et jamais puissantes, une fumée presque inexistante, des matières premières d’une grande finesse et des brûle-parfum ouvragés comme des œuvres d’art.

L’encens lui-même, en tant que produit, rituel et dans sa fonctionnalité, se révèle très riche de possibilités, avec l’apparition d’un premier bâton d’encens à une période que nous appelions la Renaissance, et avec une recette primitive complexe en plusieurs étapes. Un modèle pratique qui a évolué depuis pour finalement donner de l’encens un caractère si pratique qu’il semble aujourd’hui majoritaire – grâce également aux procédés chimiques et industriels.

Plus raffinée est la culture du sceau d’encens, issue de la religion bouddhiste et qui consiste à faire un dessin avec le parfum – une poudre de bois et de plantes auto-combustible qui ne nécessite de ce fait pas de charbon. Ce dessin fait à la poudre semblera mobile à mesure que progressera la combustion. Un exercice en réalité moins facile qu’il n’y parait et qui a tout de ces exercices de patience qui font parvenir à la méditation.

D’autre part, et pour ajouter à la créativité possible, des dizaines de sceaux d’encens sont réalisables car l’offre peut être vaste. En effet, l’art de l’encens est une culture toujours vivante, en Chine comme au Japon.

À la base, les sceaux d’encens servaient à mesurer le temps : temps des veilles, qui constituaient les différentes tranches horaires découpant la nuit, temps d’un rendez-vous d’affaire, temps d’un rendez-vous chez une courtisane. Une technique également pratiquée au Japon et qui peut également se faire avec les bâtons.

N’avez-vous jamais remarqué que la durée de combustion d’un bâton était toujours précisée sur un rouleau ou une boîte d’encens japonais ? Bien que d’autres techniques plus modernes soient apparues pour mesurer le temps, l’usage de l’encens, simple et évident, demeure.

C’est cette pratique que j’ai voulu vous faire découvrir avec l’encens du grenier public de Dingzhou entièrement reconstitué grâce à sa recette donnée en exemple et dont tous les ingrédients ont pu être trouvés. C’est une recette qu’on peut situer entre le XII ème siècle et XVI ème siècle européen.

Encens historique de la Chine impériale

En outre, pour vous proposer une reconstitution totale, j’ai décidé de proposer des coffrets Art chinois de l’encens. L’encens reconstitué était en effet un sceau d’encens, j’ai pensé que vous proposer l’expérience totale était forcément plus parlante.

Le coffret comprend malgré tout un minimum d’instruments là où un coffret total vous proposerait plus d’outils.

Coffret art chinois de l’encens

J’ai donc décidé d’aller à l’essentiel :

– un brûle-parfum très chinois mais uniquement adapté à cette méthode par son ouverture assez vaste pour recevoir un sceau d’encens et un fond assez plat pour recueillir le lit de cendres.

– Un paquet de cendres de paille de riz

– Une cuillère pour aplanir parfaitement le lit de cendres

– Le sceau d’encens de votre choix – à choisir parmi les options

– Un paquet d’encens santal champaka créé artisanalement au Labo par mes soins et grâce auquel vous pourrez vous entraîner à la technique du sceau d’encens.

Prêts à vous lancer ou découvrir les encens de la Chine ancienne ? Alors cliquez sur les liens mis sous les photos, ils vous mèneront aux fiches produits issues de mes recherches et de mes choix pour partager avec vous ce voyage culturel et olfactif en Chine impériale

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Fous d’histoire 2021

Si vous suivez le blog ou la page FB, vous savez que je participe depuis quelques années aux marchés de l’histoire de Compiègne, avec mon stand de reconstitution des parfums historiques Le Labo de Cléopâtre.

Les 2 dernières années, malheureusement, l’événement a plutôt été le Covid, mais cette fois, c’est la bonne : novembre 2021 signe le retour de l’événement, toujours magique, grâce à la participation de tous les reconstituteurs du spectacle ou de l’artisanat.

Mon stand, évidemment, propose de l’artisanat : parfums, encens historiques, parfums huileux comme d’habitude, mais aussi, pour la première fois, des encens en bâtons, et des produits parfumés diversifiés issus du 18 ème siècle français : savonnette du Grand et Petit Albert, pastilles à brûler, poudres pour perruques et chapelets parfumés.

Dans la plupart des cas, je choisis des recettes que je peux reconstituer intégralement, car c’est tout l’intérêt de la reconstitution : découvrir les parfums qu’aimaient les Anciens et les techniques qu’ils employaient pour y arriver. C’est donc ce que vous retrouverez beaucoup sur le stand, parmi d’autres plus rares produits adaptés.

Au final, le Labo de Cléopâtre a fini par rassembler quelques beaux produits parfumés de différentes époques de l’histoire de l’humanité : du monde gréco-romain – et même mésopotamien – de l’Antiquité à la France du 19 ème siècle, que vous aurez l’occasion de découvrir sur mon stand.

Évidemment, tout ne sera pas sur le stand, mais vous pourrez sentir physiquement ce qui n’est qu’accessible par les photos des fiches produits sur la boutique Etst. Autant dire que pour un stand de parfums, c’est plus qu’important !

Enfin, dernière nouveauté et pas des moindres : le Labo de Cléopâtre étant d’abord un projet de recherche qui a commencé avec ce blog et qui a abouti à tout ce que vous en connaissez désormais, je vendrai quelques exemplaires de mon livre sorti chez Améthyste – du groupe Alliance Magique – en mai dernier : Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité.

Ce seront mes derniers exemplaires – tout étant déjà parti en boutique – mais vous le retrouvez bien entendu sur Amazon, la FNAC, Cultura, la Procure, etc. Mais aussi, bien entendu, sur Le site d’Alliance Magique, qui l’a publié.

Bref, c’est avec plaisir que je vous retrouverai sur mon stand du marché de l’histoire, pour vous rencontrer, parler avec vous de parfums et cosmétiques historiques, et surtout vous les faire découvrir en vrai.

Quelques photos de l’événement précédent :

Je vous attends donc pour cette fois le week-end du 20 et 21 novembre 2021 au Tigre de Margny-lès-Compiègne sur mon stand de reconstitution de parfums. Une occasion idéale pour rencontrer ceux qui suivent ce blog depuis des années, connaissent mon travail par les parfums artisanaux ou mes travaux écrits.

Les détails de l’événement sont sur le site de l’Association Pour l’Histoire Vivante qui l’organise depuis plus de 30 ans : Fous d’histoire 2021

Merci de suivre ce blog, la Page FB et d’une manière générale, l’aventure du Labo de Cléopâtre. A très bientôt ! ´

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Quels cosmétiques au Labo ?

Le Labo de Cléopâtre est, depuis ses débuts, un projet de reconstitution autour des parfums et cosmétiques de l’Antiquité, qui a commencé avec Cléopâtre. Mais comme dans tout domaine, il n’est pas d’objet d’étude qui ne soit, de près ou de loin, relié à son hérédité. La durée d’un cosmétique dans le temps va donc souvent du cosmétique historique au cosmétique traditionnel s’il est adopté durablement. Le cosmétique industriel, de conception moderne, a la même origine mais s’éloigne de la tradition et des croyances pour atteindre des buts plus directs.

Dans mon livre Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, vous avez l’exemple type de ce qu’est un cosmétique historique, et ses liens avec les cosmétiques traditionnels : Il est aussi assez courant de trouver des cosmétiques de l’époque gréco-romaine – devenus historiques car plus employés dans notre société – toujours vivaces dans une autre société qui y accorde de l’importance et continue de les employer.

L’adage : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » se vérifie donc aussi beaucoup en matière de sciences, techniques et savoir-faire. Ainsi, bien que la société égyptienne ait abandonné la culture de ses anciens pharaons depuis l’Antiquité, la médecine populaire conserve et pratique toujours des recettes médicales inchangées depuis l’époque des pyramides. Un savoir qui a paru bon, utile, auquel on a crû ne disparaît jamais totalement : soit il est conservé intégralement, soit il est transformé, soit une autre société le conserve.

Sachant cela, je fais donc la distinction entre cosmétique historique, traditionnel et industriel.

– Le cosmétique historique a une recette datée – mème si elle peut se prolonger sur des millénaires durant – après laquelle il n’est plus du tout pratiqué. Bien que ce ne soit pas un cosmétique, je pense ici au kyphi, qui commence son office dans l’Egypte antique et dont on retrouve encore la recette dans les remèdes pharmaceutiques du 17-18 ème siècle.

– Le cosmétique traditionnel, toujours vivant, remonte à des temps ancestraux et continue d’être pratiqué par une ou plusieurs sociétés. Il a les caractéristiques d’un produit traditionnel : il emploie des matières premières et locales, spécifiques d’une société qui en connaît les vertus depuis des siècles. Il associe des connaissances chimiques anciennes à des savoir-faire imprégnés de culture.

– Le cosmétique industriel, conçu, testé et développé selon les dernières connaissances technologiques, vise un résultat précis à un coût fixé par la gamme de produits dans laquelle il s’inscrit et qui va déterminer le choix des matières premières et des techniques. C’est le plus rentable quand on se fixe un objectif esthétique, mais c’est le moins connecté à du culturel.

Dans la boutique du Labo de Cléopâtre, je ne vais évidemment proposer que les 2 premiers types de cosmétiques puisqu’ils ont tous 2 un lien avec la reconstitution : historiques, ils appartiennent au passé, traditionnels, ils sont toujours employés quelque part sur la Terre, et selon des critères et valeurs culturels qui nous sont étrangers mais dont les racines symboliques sont fortes.

En tant que projet de reconstitution des parfums et cosmétiques anciens, ce ne sont donc pas des produits faciles d’accès qui vous sont proposés dans le boutique du Labo, dès lors qu’il y aura écrit « historique » ou « traditionnel » – même s’il n’est évidemment pas question de vous proposer des produits toxiques comme les anciens fards au plomb qui ont sévi de l’Antiquité jusqu’au 18 ème siècle et plus !

Bien évidemment, c’est moi qui réalise les recettes, les conditionne et leur donne leur orientation dans une offre produit pas du tout calibrée pour l’industrie et l’usage cosmétique habituel. Pour autant, les recettes, issues de documents, sont suivies autant que possible à la lettre et ce d’autant plus que le produit est diffusé dans un but de connaissances et de transmission de certains savoir.

Il y aurait ainsi plein de choses à dire et découvrir en comparant un noir aux yeux du commerce avec un khôl traditionnel algérien ou bien encore avec un kajal indien noir profond; un parfum au solvant alcoolisé à 99% de molécules chimiques et un parfum huileux à 100% enfleurage. C’est une question de matières premières, de techniques, de savoir-faire et de culture qui se voit au résultat, mais à condition d’y être attentif, d’être connaisseur ou passionné. Autant dire que ce n’est pas forcément accessible au premier venu, et encore moins à quelqu’un qui cherche juste à se maquiller ou trouver un soin quelconque !

En somme, à quoi ressemble un cosmétique traditionnel ? A un plat du terroir, une recette qu’on connaît depuis des siècles, voire, des millénaires, qui ne se serait pas démodée et que toute une société approuve.

Et à quoi ressemble un cosmétique historique ? Un plat du terroir que l’usage n’a pas conservé car on a trouvé moins cher, plus efficace ou que les ingrédients dont il est composé ne se trouvent plus facilement et qu’il a fallu y renoncer.

En résumé, vous voulez acheter un cosmétique ? De bonnes boutiques agrées vous en proposent un peu partout et à tous les prix.

Vous voulez découvrir l’histoire des parfums et cosmétiques ? Bienvenue au Labo de Cléopâtre .

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Le pomander du Labo

Cela faisait longtemps que je projetais la reconstitution d’un parfum de pomander lorsque je tombai sur une recette du 16 ème siècle donnée par un célèbre parfumeur.

Du pomander, qui fut surtout et qui demeure un bijou – un ornement qu’on peut encore rencontrer dans des ventes d’antiquités – on connaît surtout l’aspect visuel. Tomber sur des pomander lors d’une recherche en ligne, sur Pinterest ou autre, nous permet de rencontrer des objets historiques d’une très grande beauté parfois, et d’une grande originalité.

D’ailleurs, il s’en fait toujours : certaines grandes maisons de parfums l’ayant adapté au goût du jour dans des compositions employant des techniques modernes.

Mais en réalité, ce qui caractérise le parfum du pomander, ce sont au contraire les techniques et les senteurs anciennes, à tel point qu’une fois terminé, c’est un ovni d’une puissance olfactive rarement connue auquel on se confronte. Il faut dire qu’ayant plus l’habitude du raffinement et de l’équilibre des parfums antiques, ceux issus de la Renaissance jusqu’au 18 ème siècle changent du tout au tout !

C’est surtout vrai du pomander qui concentre – dans une mode où se mêlent conceptions hygiéniques et religieuses – toutes les substances à parfums les plus puissantes découvertes en Orient à la suite des Croisades, voire, du Nouveau Monde nouvellement colonisé. Musc, ambre, civette et autre Baume de Tolu imposent leur puissance pour compenser l’absence d’hygiène dans un pomander qui devient le porteur de pureté. Car il est censé aussi bien protéger contre les épidémies que contre les esprits malfaisants. « Les plus étonnantes de ces pommes de senteur, censées protéger des miasmes et des épidémies, prenaient la forme d’une sphère inspirée de la grenade. » explique Bimbenet-Privat dans le Bain et le miroir (soins du corps et cosmétiques de l’Antiquité à la Renaissance)

Le bain et le miroir, collectif très complet sur l’histoire des cosmétiques en Occident, nous révèle aussi un usage du pomander finalement plus important et plus complexe qu’attendu, et qui cadre bien avec les objets nombreux et parfois très prestigieux objets conservés dans les musées, ou proposés sur les marchés d’antiquités.

Ainsi, le pomander était porté dans toutes les classes de la société – au cou, à la ceinture, au poignet, etc.. – n’était destiné qu’à être senti de façon brève et se portait même sans être visible, tel un talisman protecteur sous un vêtement. De fait, on en portait souvent plusieurs sur soi. Ceux destinés à être vus sont les plus artistiques et les plus ouvragés. De plus, objets ordinaires associés à des pratiques sanitaires et pieuses, il faisait partie de la dot des jeunes filles de classe marchande.

Un peu comme à toute époque, si le pomander était commun, les qualités du bijou et du parfum qu’il contenait dépendaient de la classe sociale de celui qui le portait. Oui, « celui », car le pomander était porté également par les hommes, l’usage étant plus médicinal et hygiénique qu’autre chose – selon les conceptions anciennes où on se méfiait de l’eau.

Le 17 ème siècle où il perdit sa crédibilité – en tant qu’objet prophylactique et magique apte à repousser les épidémies et influences néfastes – amorça son déclin. Le pomander passa complètement de mode au milieu du 18 ème siècle.

Pomander victorien en bois du 19 ème siècle.

Reste que le pomander, comme objet, continue de figurer au catalogue d’antiquités, dans les collections privées et dans les musées de la Renaissance et la vie traditionnelle.

Le parfum, quant à lui, est caractéristique de l’histoire de la parfumerie occidentale, à ce moment charnière où, revenant de Croisades, l’Européen redécouvre les parfums par l’influence arabe et leur goût pour les senteurs. Un goût qui, clairement, nous est passé depuis, mais qui est malgré tout inscrit dans notre histoire culturelle.

Oui, pendant quelques siècles, la France, l’Europe aimaient les muscs les plus entêtants, de ceux qu’on a du mal à supporter aujourd’hui.

Le pomander du Labo de Cléopâtre

Il se compose d’une chaîne avec un bijou cage contenant une boule de pâte dont la recette était destinée à une riche maison – par la présence des musc et ambre gris, matières premières qui ont toujours été les plus chères de la parfumerie.

La recette a été refaite à 100% – aucun ingrédient ne manquant à sa composition à l’atelier du Labo – et a demandé plus d’une semaine de réalisation avec des techniques encore jamais vues auparavant – ce qui en a fait une expérience fascinante.

Par contre, n’y cherchez pas d’odeur délicate de fleurs, il n’y en a aucune ! Cette recette semble être un concentré de tout ce qui se trouvait de plus odorant à l’époque où elle a été réalisée.

En revanche, ne contenant pas non plus d’ingrédients issus du Nouveau Monde, elle est certainement d’origine orientale : musc, ambre gris et civette étant de grands classiques de la parfumerie arabe du Moyen-Age et dont le goût perdure en Orient.

C’est une recette aux techniques archaïques, sans ajout d’huiles essentielles qu’on maîtrisait encore mal à l’époque. C’est surtout une occasion de découvrir un authentique parfum historique typique de la Renaissance, à réserver en priorité aux musées, aux amateurs de cette époque, aux historiens et reconstituteurs de costumes d’époque.

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Les bâtons du Labo : le parti-pris des plantes traditionnelles

La boutique du Labo de Cléopâtre s’est construite au fil de découvertes lors de reconstitutions minutieuses qui ont donné lieu à une vaste proposition de produits parfumés rigoureusement historiques qui vont des mélanges d’encens simples aux kyphis en passant par les parfums huileux – et depuis peu encore, de poudres parfumées du 18 ème siècle pour perruques, pastilles à brûler de la même époque et autres sachets pour le linge, aux recettes reconstituées intégralement.

C’est ce fond authentique et historique, basé sur le respect strict de recettes qui vaut à la boutique l’intérêt des musées, et la présence de son stand au marché de l’histoire de Compiègne. Une aventure historienne qui va se prolonger d’ici quelques mois avec la sortie de mon livre sur les cosmétiques de l’Antiquité chez Améthyste, du groupe Alliance Magique.

Néanmoins, le Labo de Cléopâtre, vous le savez par ce blog, c’est aussi un laboratoire de recherches autour des cultures traditionnelles dans l’utilisation des plantes pour leurs vertus et les croyances qui y sont associées dans les différentes cultures ancestrales. Un domaine si riche et si vaste qu’on peut réellement parler de patrimoines ancestraux d’utilisation des plantes selon un environnement et une histoire donnés, quitte à faire se rejoindre certaines cultures.

Des coutumes qui peuvent perdurer dans la société moderne, au travers, surtout, de l’utilisation de tisanes qu’on pratique depuis toujours. Or, verveine, camomille, valériane et autres sont des plantes utilisées par nos ancêtres depuis l’Antiquité. Ce n’est évidemment qu’un exemple connu de tous, mais dont finalement le territoire semble bien limité au regard de tout ce que les autres civilisations semblent se permettre d’utiliser comme plantes dans leurs différents rituels – de la magie à la médecine en passant par l’hygiène -.

Nous connaissons et reconnaissons ainsi un moment sacré de la spiritualité indienne aux effluves de bois de santal, un rituel amérindien aux fumées odorantes de sauge blanche…Mais le reste ?

C’est ça et le reste que je me propose de vous faire découvrir dans la collection de bâtons d’encens du Labo de Cléopâtre. 100 % naturels. Aussi faciles d’utilisation que n’importe quel autre bâton mais sans huile essentielle, charbon ou salpêtre ajoutés, ils sont formulés à l’atelier et faits à la main uniquement par mes soins. Ils ne contiennent que des plantes qui ne doivent rien au hasard mais qui ont leurs racines dans l’utilisation qu’en faisaient ou qu’en font toujours les civilisations.

  • C’est le cas de l’indienne et l’amérindienne, dont il a déjà été question et dont l’usage perdure dans les pratiques spirituelles, donc vous les connaissez bien :
  • Bâtons India, sur bois de santal
  • Bâtons Amérindiens, sur sauge blanche telle qu’on l’utilise pour la purification.
  • Moins connues, les plantes magiques et sacrées égyptiennes du kyphi – utilisés dans les rites religieux se retrouvent dans les bâtons égyptiens.
  • Quand elles appartiennent plus simplement à l’histoire de la médecine ou de la parfumerie égyptienne, on les retrouve dans les bâtons Alexandrie et bâtons Cléopâtre.
  • Plus près de notre civilisation et nos racines gréco-romaine, la botanique mythologique – et les associations divinités et plantes actives – se retrouvent à la boutique du Labo dans de nombreuses collections d’encens en bâtons servant désormais également à vos pratiques. En boutique ésotérique matérielle ou sur ma e-boutique, vous retrouvez ainsi des bâtons d’encens aux plantes seules – ou en synergies – consacrées aux divinités grecques suivantes :
  • Aphrodite ( pour l’instant uniquement dans le cadre d’un coffret)
  • Apollon
  • Hadès
  • Morphée
  • Artémis
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Encore plus proche, vous retrouvez les plantes du sud de la France toujours estimées dans le bâton gallo-romain

Pêle-mêle, à cheval .entre les croyances ancestrales et des pratiques qui parfois perdurent dans le monde moderne, j’ai conçu pour votre bien-être et sur des bases authentiques :

  • Et enfin, bien évidemment, certaines plantes d’Europe du Nord se retrouvent dans plusieurs civilisations et vous pouvez aussi les employer et les retrouver avec avantage dans vos pratiques vikings avec Les bâtons vikings, mais aussi vos pratiques druidiques avec :
  • Artemisia sacra, composé d’armoise, plante à rêves des anciens druides.
  • Les bâtons druidiques, aux plantes sacrées des druides pour redonner la joie comme la vraie verveine.
  • Les bâtons Protection druidique, au millepertuis chasse-démon qui amène sur vous le soleil de Litha.

Je ne vous cache pas mon envie d’agrandir encore la collection pour diffuser d’autres merveilles du patrimoine botanique des civilisations, mais j’espère avoir d’ici là mis un peu de clarté dans l’offre auto-combustible du Labo de Cléopâtre, sa logique et ce qu’elle vous propose.

Pour terminer, retrouvez toute l’offre des encens en bâtons du Labo de Cléopâtre en un seul coup d’oeil, qui de plus, sera toujours actualisée.

(Vous êtes une boutique et souhaitez distribuer les encens artisanaux en bâtons du Labo de Cléopâtre ? Envoyez-moi un mail à l’adresse en lien dans la barre de droite)

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

La cannelle, vrai parfum antique

Concernant l’Antiquité, et surtout l’Egypte ancienne, il y un fossé entre ce que nous en percevons par le biais des images idéales et donc fantasmées, et la réalité. L’Egypte rêvée des Pharaons, des pyramides monumentales, des oeuvres précieuses d’art et d’artisanat ont beaucoup de mal à s’associer avec des réalités plus prosaïques dont on a parfois hérité à travers des inventions triviales aujourd’hui, mais en réalité fondamentales pour l’histoire de l’humanité, comme le pain ou la bière – pas inventée pour s’enivrer mais pour purifier une eau impropre à la consommation.

C’est sensible aussi dans la reconstitution de parfums où finalement, lorsqu’on veut transmettre au public ce qu’il y avait de plus caractéristique et de plus précieux comme parfum de l’Antiquité, on se retrouve à décevoir ceux qui rêvent d’Egypte à l’Empire de 3000 ans, de pharaons tout d’or recouverts et de Cléopâtre, en leur désignant la simple cannelle. Alors, certes, la cannelle sous plusieurs formes, mais la cannelle reste la cannelle, avec tout l’arrière-plan culturel que nous y avons associé. Ainsi, en France, c’est une épice à dessert qui sert à parfumer les tartes aux pommes et les teurgoules.

La cannelle aromatise en effet depuis fort longtemps les desserts traditionnels les plus élémentaires – même pas ceux de la haute gastronomie ou la haute pâtisserie – mais bien les préparations plus basiques et ordinaires.

C’est bien plus simple quand on fait réellement découvrir une senteur exotique et inconnue à des gens qui attendent du rêve et du voyage spatio-temporel que lorsqu’on leur présente la cannelle, que tout le monde possède dans sa cuisine.

Et pourtant…Non seulement la cannelle était un parfum des plus répandus mais en même temps si précieux qu’il entrait souvent dans les compositions médicamenteuses – dont les recettes de parfums qui nous restent sont un exemple – que dans les plus savantes de l’époque comme le rituel d’embaumement – grâce à ses qualités anti-bactériennes. L’Egypte, première civilisation prestigieuse de l’Antiquité – dotée déjà d’une grande ancienneté quand les autres civilisations émergeaient – fut évidemment un modèle pour les Grecs, en premier lieu. C’est donc en toute logique que la cannelle devint aussi un parfum des plus classiques et prestigieux de la civilisation grecque où elle fut utilisée comme encens, comme médicament échauffant, mais aussi comme matière première mythologique dont on racontait qu’elle était gardée par des créatures fantastiques.

Cannelle et ses strates de fine écorce

La cannelle était distinguée de la casse, mais comme aujourd’hui, on les considérait comme proches. Recherchée, estimée, adorée, son prix ne cessait de varier, certainement en raison de la forte demande. Pline dit à son propos : « L’empereur Vespasien Auguste a, le premier, dédié des couronnes de cinammome enchâssées dans de l’or ciselé dans les temples du Capitole et de la Paix. » Histoire naturelle. XII. 93. On voit ainsi son caractère sacré et précieux à Rome, au premier siècle de notre ère.

En Egypte, où son usage semble avoir commencé pour notre civilisation, la cannelle fait partie des aromates qui servaient à conserver le corps du Pharaon défunt, mais il entrait aussi dans la composition du célèbre kyphi, l’encens sacré des anciens égyptiens : Le kyphi d’Edfou

La casse, aux strates épaisses.

La culture judaïque n’est pas en reste, et la casse comme la cannelle faisaient partie des matières premières entrant dans la composition de l’huile d’onction destinée à la sacralisation des objets dans le temple de Yahvé. Exode 30-23. Huile d’onction du Temple. La cannelle, vraie ou fausse, est en effet associée dans le Livre Saint, à une vie luxueuse et royale : « La myrrhe, l’aloès et la casse parfument tous tes vêtements. Dans les palais d’ivoire, les instruments à corde te réjouissent. » Psaume 45-8

Plus encore, la cannelle est tellement appréciée qu’on la trouve encore dans plusieurs recettes sous forme de feuilles – qu’on n’emploie plus guère aujourd’hui que dans la cuisine indienne. Si on en croit Diocoride et Pline, les variétés d’arbres à cannelle et à casse furent assez variées pour avoir revêtu une palette d’odeurs et de couleurs que nous ne connaissons plus.

Feuille de casse.

Pline ajoute même : « Bien plus, on la plante aussi dans notre monde, et jusqu’aux limites de notre empire, dans la région arrosée par le Rhin, j’en ai vue plantée dans les rochers. Mais elle n’a pas cette odeur brûlée due au soleil, et de ce fait, elle n’a pas non plus la même odeur. » Histoire naturelle. XII. 98.

Bien que les façons de catégoriser les plantes à l’époque de Pline aient parfois été incertaines, on voit malgré tout à ce passage le prestige que pouvait avoir un arbre exotique et normalement cantonné à des zones géographiques fort éloignées de l’Europe que l’auteur croit reconnaître comme poussant dans la région du Rhin.

Aujourd’hui, bien plus que dans la cuisine, on la redécouvre aussi pour colorer les cheveux, réaliser des parfums d’ambiance, mais attention, elle est assez allergisante sur la peau et encore plus en huile essentielle – dermo-caustique -. Les Allemands l’utilisent aussi en baies – en réalité en boutons de fleurs séchées assez semblables aux clous de girofle – mais elle est plus rares à trouver pour nous sous cette forme, même si son odeur caractéristique est très reconnaissable.

Grand classique très estimé des parfums antiques et même au-delà, la cannelle sous toutes ses formes se retrouve dans les produits historiques de ma boutique de parfums, quel que puisse être le sentiment que je nourris à son égard et la valeur que lui donne aujourd’hui la société dans laquelle je vis. Encens de Dionysos.

Ce qui m’incite à vous dire une seule chose : redécouvrez-la avec un oeil nouveau, celui de l’amateur d’histoire.

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Le kyphi d’Edfou

Le Kyphi d’Edfou

Parmi toutes les recettes de kyphis authentiques – ou même librement adaptés, il en est un qui s’est fait le plus attendre, le plus désirer, et pour lequel j’ai le plus patienté, c’est le véritable kyphi égyptien. Dans la boutique du Labo de Cléopâtre, il y a pourtant déjà plusieurs kyphis :

Ceux qui viennent d’une recette précise qui a été suivie à la lettre :

Nous les devons tous à des médecins grecs.

Puis, il y a les kyphis plus librement adaptés parce que les textes ne nous ont laissé qu’une liste d’ingrédients et que c’est librement que j’ai choisi les proportions sur une base déjà connue – la recette de Dioscoride.

Enfin, il y a des kyphis de type plus créatifs, ceux qui concentrent la recette sur un effet que certains auteurs mentionnent qu’il avait, et ce grâce à une plante sédative – en réalité toxique et interdite, comme la jusquiame évoquée par Plutarque – mais à laquelle j’ai substitué une autre connue pour les mêmes effets et ce, dès l’Antiquité :

  • Le kyphi intégral – qui contient de laitue sauvage, une plante consacrée au dieu Min dans l’Egypte ancienne.
  • Le kyphi de lotus – qui contient du lotus, plante sacrée des anciens Egyptiens.
  • Le kyphi de lotus bleu royal, dont le sédatif est exclusivement le lotus bleu, plante sacrée des égyptiens représentant la résurrection, le soleil autant que la Haute-Egypte. Ce produit d’exception est dit royal car il contient les meilleures matières premières, de celles qu’on réservait autrefois aux rois.

Cela fait déjà une belle collection de produits de reconstitution pour tenter d’approcher ce que pouvait être cet encens sacré des anciens égyptiens avec des propositions soit 100 % fidèles, soit historiquement justifiées d’une manière ou d’une autre – par la présence attestée par les auteurs antiques soit de certains ingrédients, soit de certains effets.

Le kyphi, comme tous produit culte de toute civilisation du monde, se déclinait en plusieurs recettes selon l’endroit du monde où on voulait le confectionner, l’usage qu’on voulait en faire, etc. Celui de Damocrates se retrouve ainsi dans un ouvrage de pharmacie qui en donne une recette qui a permis de le reconstituer.

Mais de tous ces kyphis – qui nous venaient tous d’une recette primitive qui égyptienne qui s’est complexifiée – aucun n’était réellement l’Egyptien, celui d’Edfou, qu’on préparait dans le laboratoire du temple pour l’offrir aux dieux et qu’on a gravé dans la pierre..

J’ai attendu longtemps avant d’avoir le bon ingrédient pour pouvoir estimer que c’était le kyphi égyptien que je reconstituais. Car comme il a été expliqué, des kyphis, il y en a plein de recettes différentes comme c’est le cas de tas de produits très estimés dans le monde, et à moins d’être un très grand spécialiste, difficile de déterminer si quelque chose de particulier peut caractériser l’Egyptien plus qu’un autre.

Et pourtant, malgré ma pratique du kyphi historique depuis plusieurs années, je dois dire que le plus surprenant est bien celui d’Edfou. On peut bien sûr parler de l’odeur, qui bien que semblable à celle de tous les kyphis, en diffère par la présence d’ingrédients uniques et jamais observés dans les kyphis plus tardifs – comme la fleur d’acacia ou le henné.

Mais la différence la plus remarquable réside dans la présence d’une résine rare, si ce n’est unique dans sa variété, et qui pour ça est aussi chère que très difficilement accessible. Outre son odeur prononcée et caractéristique, cette résine a pour principale propriété celle d’être inflammable, contrairement aux résines présentes dans toutes les recettes de kyphis qui ont suivi.

Lors de son voyage en Egypte, j’avais demandé à une jeune femme, Mélody Simon, de me prendre des photos de la réalisation du kyphi et l’une d’entre elles m’avait assez surprise. Le kyphi était jeté directement dans le feu, chose que je trouvais vraiment étrange…Et pourtant, je fis le test de la seule chose que je pouvais conclure, et contrairement aux autres kyphis.…

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Et bien oui : le kyphi d’Edfou est inflammable. Il n’a besoin de rien d’autre pour s’enflammer et embaumer qu’une flamme de bougie – ou de lampe à huile pour être plus chronologiquement correcte. Ce qui fait de lui, contre toute attente, le premier auto-combustible connu de l’histoire des encens !

(Texte et photos : Maud Kochanski-Lullien (sauf photo d’Edfou de Mélody Simon) pour le projet de recherche le Labo de Cléopâtre, blog et boutique artisanale de reconstitution de parfums historiques et écriture d’ouvrages spécialisés.

Le 27/12 :2020

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre, sauf la photo du temple d’Edfou, propriété de Melle Mélody Simon. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leurs auteurs.

Les 12 nuits sacrées

Depuis plusieurs années déjà, la boutique du Labo de Cléopâtre vous propose pour la période des fêtes de fin d’année, de retrouver une tradition spirituelle celtique toujours vivace chez certains de nos voisins comme les Allemands du Sud, Autrichiens, tyroliens, etc..Le rituel possède de nombreux suiveurs et fidèles dans les pays où la tradition reste vivace, et quelques-uns qui commencent à s’y mettre, par le biais de ce blog, de la boutique et surtout de la Page FB où j’accompagne les pratiquants du 25 décembre au 6 janvier.

Traditionnellement, cette période de 12 jours correspond à l’ancien Yule celtique, période de renaissance du soleil, caractéristique du Solstice d’Hiver. Comme pour chaque Solstice, c’est à la fois une période d’acmé dans un phénomène cyclique en même temps qu’une lente remise en route dans le sens inverse de celui-ci. Ici, en même temps qu’on entre dans l’hiver, les jours rallongent, nous conduisant du même coup de manière certaine vers la renaissance du printemps. Comme souvent dans nos traditions, la période pénible à traverser ne se fait jamais sans être accompagnée d’espoir.

Ce moment particulier de l’année possède plusieurs noms très imagés : les 12 corbeaux, les 12 nuits sacrées, les nuits difficiles. Traditionnellement, on pense que c’est une période où le voile entre les mondes est le plus fin et où les démons, esprits, habitants de l’Autre Monde peuvent se rencontrer très facilement – comme on le croit d’ailleurs pour la fête d’Halloween -. Dans leurs célébrations de cette période, nos voisins le symbolisent très bien à travers leurs costumes et masques effrayants et démoniaques qui nous viennent de traditions de bergers remontant à la Préhistoire.

KRAMPUS,MASKEN,Schwarzachtal Pass e.V ; KRAMPUS Verein in Neuburg vorm Wald, Oberpfalz, auf der Schwarzenburg, vor der Schwarzwirhberghütten. und in der Werkstatt von Timm Buckley, DEIFLS WERK. auf der Burg mit den Masken:Timm+Anja Buckley, Familie Chris+Silvie+Tochter Juliane,Mitglieder des Schwarzachtal Pass eV

Pour se protéger des mauvaises rencontres avec des âmes en peine de sortie pendant ces jours froids où les nuits sont longues, on a recours à un rituel de fumigation de son habitation. Le rituel ne consiste pas en plus que ça, mais il possède malgré tout quelques obligations et traditions de base :

  • Il doit être pratiqué pendant ces 12 jours dans les habitations mais aussi les dépendances – signe d’un temps où c’était une tradition rurale – étables, remises, ateliers, hangar, etc..
  • Traditionnellement, l’encens utilisé était composé de plantes ayant été cueillies du 15 août au 8 septembre, période où les plantes sont les plus odorantes.
  • Il est composé d’un mélange de 7 à 77 plantes, ce qui en fait un mélange à chiffre très symbolique (à la boutique, le mélange Purification contient 7 plantes).
  • Le rituel hier : gardiens de la tradition celtique, nos voisins sont particulièrement attachés aux plantes indigènes, celles qu’on trouve en Europe. Une habitude qui tranche avec celle des gréco-romains qui, dès l’Antiquité, avaient du goût pour les plantes à parfum exotiques venus d’Inde ou d’Arabie. Une habitude qui correspond bien à cette civilisation de voyageurs et de conquérants, mais moins à celles de peuples plus sédentaires comme les Germains. A l’heure des questions sur la mondialisation, le goût de ces peuples et germains semble revenir d’actualité.
  • Le rituel aujourd’hui : la tradition de fumigation pendant 12 jours ayant perduré, elle s’est enrichie de toutes les plantes à parfum du monde apportées par le commerce. Précises et spirituelles, associées à certaines énergies particulières, leur mélange permet de cibler des intentions au travers des énergies de la fumigation. Et effectivement, les encens propres aux 12 corbeaux sont des mélanges dans lesquels entrent facilement plus de plantes européennes qu’il n’en est proposé dans les types de mélanges usuels mondialisés et courants sur le marché de l’encens à usage spirituel.

  • Comment fonctionne ce rituel : il est assez simple et ne demande pas de croyance autre que celle d’énergies particulières propres à cette entrée dans l’hiver et des fêtes de fin d’année. On est à cette période où on s’apprête à quitter une année et à entrer dans une autre. Il est donc temps de faire place à de nouvelles énergies et se débarrasser des anciennes. Il y a donc 2 possibilités :

  • La purification et l’intention : le rituel est partagé en 2 pratiques de fumigations différentes :
  • du 25 décembre au 1 janvier, celle de purification des énergies de l’année finissant, à base de 7 plantes.
  • du 1 au 6 janvier, celle d’intention particulière en fonction des énergies que vous voulez inviter chez vous pour cette nouvelle année – sachant que chaque fumigation se fait avec prières d’intentions simples prononcées mentalement ou verbalement, comme vous préférez.
  • Les coffrets Tradition 12 corbeaux avec intentions :
  • Le coffret Bénédictions, pour favoriser leurs énergies pour cette nouvelle année.
  • Le coffret Famille, pour améliorer les relations familiales.
  • Le coffret Courage, pour attirer ce type d’énergies chez vous.
  • Le coffret Amour, si vous souhaitez plus d’affection dans votre vie pour l’année à venir.
  • Le coffret Nouveaux Départs, pour donner une nouvelle impulsion à votre vie pour l’année à venir,

En vidéo, un festival de Rauhnacht, tradition européenne survivant chez certains de nos voisins.

Cet article est la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de le reproduire sans l’autorisation de leur auteur. Les images sont la propriété des sites où ils ont été trouvés – Perlesreut.de et Bayern.by – sauf celle de l’encens, qui appartient au Labo de Cléopâtre.