Une senteur antique : la cannelle comme encens (DIY)

Parmi les senteurs utilisées pour parfumer les temples et les pièces, il y a l’encens et la myrrhe, les plus employés autrefois et que les siècles suivants ont conservé jusqu’à nos jours. De façon plus surprenante, il y a aussi la cannelle, aujourd’hui employée pour parfumer les plats mais que, dans l’Antiquité, on n’employait qu’en parfumerie. Le goût pour la cannelle dans les plats remonte au Moyen-Age, tandis que celui qu’on en avait dans les parfums s’est éteint dans l’Antiquité.

Or, outre qu’elle faisait l’objet d’utilisation dans les couronnes et les parfums huileux, elle était également employée dans les parfums à brûler, même si, généralement, seuls l’encens et la myrrhe sont mentionnés dans les textes anciens, tandis que les autres ingrédients sont cités comme des « aromates ». Néanmoins, Oribase, médecin grec du IV ème siècle, cite la cannelle parmi les ingrédients du kyphi, l’encens sacré égyptien et l’un des premiers parfums au monde. En 1930, le livre Les produits coloniaux d’origine végétale, de G. Camus le confirme : « Les anciens employaient la cannelle à la fois comme parfum et comme encens« .

C’est cette utilisation de la cannelle comme encens que j’ai voulu tester pour l’aborder à la manière des Anciens et en faire une expérience olfactive inédite.

  • Cannelle et casse

Dans l’Antiquité, l’écorce de l’une et l’autre étaient employées, et partout, les textes anciens font la distinction tout en les rapprochant néanmoins. Dans nos cuisines, la casse est couramment appelée cannelle sans autre précision tandis que la cannelle se nommera cannelle de Ceylan. Cette dernière vient effectivement du Sri Lanka et est plus claire, plus chère et plus sucrée que la casse qui lui ressemble beaucoup mais qui vient de Chine. Cette dernière est en outre plus courante, plus foncée, moins sucrée et à meilleur marché.

La cannelle de Ceylan et la casse sont toutes deux vendues en bâton et en poudre. J’ai essayé les 2 et je recommande plutôt le bâton, dont l’odeur se diffuse mieux. Vous pouvez utiliser indifféremment casse ou cannelle selon ce que vous voulez ou avez sous la main. 

  • Matériel
  • Pastille de charbon à encens ou à chicha
  • Pince ignifugée pour manier le charbon
  • Récipient en terre cuite ou plat pouvant passer au four
  • Bâton de cannelle ou casse, au choix ( voire les 2)

 

  • Mode opératoire

Prendre le charbon avec la pince et l’enflammer avec la bougie ou le briquet de façon à avoir une étincelle le parcourant entièrement. Grâce à la pince, le poser alors sur le plat ignifugé. Y déposer alors le bâton de cannelle et souffler dessus si vous voulez l’enflammer plus rapidement. Attendre que la fumée se dégage pour humer son parfum puisque la chauffe active les huiles essentielles.

Pour une raison ou pour une autre, l’écorce s’est déployée comme un parchemin pour la casse…

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…mais n’a pas bougé pour la cannelle.

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Quand la partie en contact avec le charbon est brûlée, retournez le bâton avec la pince et renouvelez l’opération jusqu’à consommation complète du bâton ( bien évidemment, ici, ça a été plus facile avec mon bâton de casse puisqu’il s’est déployé, permettant au charbon de le consumer uniformément ).

( Bien entendu, si vous n’êtes pas équipé, vous avez toujours la possibilité de brûler votre bâton de cannelle à la flamme d’une bougie et de souffler pour faire prendre la flamme dans l’écorce. Mais outre que c’est long, cela ne prend pas et vous serez obligés de brûler, souffler en permanence sur votre bâton qui dégagera certes son parfum mais vous donnera le sentiment de faire beaucoup d’efforts pour peu d’effets, ce qui sera vrai.)

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( Enfin, il vous est aussi possible d’utiliser de la cannelle en poudre dont vous ferez un petit cône que vous enflammerez. Mais là aussi, il faudra souffler sans cesse pour peu de résultats puisque ça sent moins fort que le bâton.)

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Si vous avez choisi de la cannelle et de la casse, c’est le moment de comparer les deux senteurs en changeant de bâton pour terminer le charbon. Si votre odorat est émoussé, sortez de la pièce et rentrez-y de nouveau ou sentez des grains de café comme on le fait lorsqu’on doit sentir beaucoup de parfums différents.

Voilà, vous venez de faire l’expérience d’un authentique parfum antique oublié qui diffusera pendant longtemps dans votre pièce, sa fragrance d’un autre temps.

Alors, prêt à tenter l’expérience ? 

Cet article, ces photos et recettes sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

 

 

Qu’est-ce que le parfum dans l’Antiquité ?

Dans Odeurs antiques, leur ouvrage consacré aux textes anciens parlant des odeurs, Lydie Bodiou et Véronique Mehl nous expliquent que dans l’Antiquité, le parfum était bien loin des compositions puissantes et alcoolisées d’aujourd’hui. En effet, l’extraction des huiles essentielles par solvant n’existait pas encore; seuls l’enfleurage – graisse saturée de fleurs pour capturer l’odeur – et l’extraction par expression  – pression des végétaux pour en faire sortir les sucs – existaient . L’Antiquité offrait donc pour parfums des eaux et surtout des huiles consistant, d’après Pline l’Ancien, en « stymna », le suc contenant l’odeur, et « hédysma », le corps, c’est-à-dire l’huile devant la retenir.

« On fait de l’huile avec (…) toutes plantes qu’on fait macérer avec leur suc dans l’huile et qu’on presse. » Pline. Histoire naturelle. XV.28;31

On y trouvait aussi des ingrédients comme du vin, du sel, du miel qui venaient s’ajouter aux plantes odorantes. Les parfums étaient donc légers, à peine odorants, fugaces, à l’inverse de ceux que nous connaissons.

De fait, dans un monde où ce qui est parfum sent à peine, beaucoup de choses peuvent être considérées comme des parfums. C’est le cas notamment des couronnes de fleurs ou d’autres végétaux  qui pouvaient être odorants. La plus connue est celle de lauriers, mais il en existait en réalité beaucoup d’autres qu’on mettait pour toutes occasions spéciales : sur la tête des statues de dieux ou des convives d’une fête, pour les honorer ou pour commémorer un événement.

« Elle s’arrêta près de son père pour lui mettre autour de sa chevelure une belle couronne, jaccha, qui répandait une odeur suave. » Athénée. Livre XV. Les couronnes.

Les parfums antiques, c’étaient aussi l’encens, la myrrhe, la cannelle qu’on faisait brûler pour honorer les dieux, le mot parfum venant de « per fumum », par la fumée. C’est d’abord le cas du Kyphi, encens sacré égyptien consacré au dieu Râ, constitué de 10 à 30 ingrédients selon les recettes et dont les usages, multiples, allaient de l’hommage rendu aux dieux à l’hygiène en passant par la médecine. Dans leurs peintures, d’ailleurs, les anciens Egyptiens ont réussi à ajouter une dimension, un sens à ce qu’ils représentaient en ajoutant des cônes sur la tête de leurs personnages, exprimant ainsi qu’ils étaient parfumés.

En revanche, le parfum n’avait pas d’usage multiple chez les Hébreux où le « Dieu jaloux » faisait confectionner un parfum à brûler dont la composition était fixe et qu’il ne partageait avec nul autre puisque : « Quiconque en fera de semblables pour en respirer l’odeur sera retranché d’entre les siens. » Exode 30-38.

Dans l’Antiquité, les moyens pour capturer le parfum étaient moins développés que le goût qu’on en avait. De ce fait, leurs connaissances de l’odeur de chaque végétal, de sa partie odorante et du moment où elle sentait le plus selon la période de sa cueillette, sa provenance, la température à laquelle il fallait l’exposer étaient précises. Contrairement à nous, leur rapport à l’odeur, au parfum, était direct : il provenait des matières brutes avant de provenir du produit. Dans un monde urbain comme le nôtre, à l’inverse de ce que font les nez et les meilleurs artisans parfumeurs, nous lisons plus facilement qu’il y a de l’iris ou de la myrrhe dans un parfum que nous ne rencontrons réellement ces produits, dont le premier est une racine et le second, une résine.

De cette résine de myrrhe, qu’on fait toujours brûler comme encens, on pouvait faire un parfum : « La myrrhe elle aussi constitue un parfum à elle seule, sans huile. » Pline. Histoire naturelle. XIII. II. Réduite en poudre, elle était appliquée directement sur la peau pour que son odeur ne soit pas atténuée par la présence d’un liant. C’était déjà le parfum de la reine Hatchepsout, en Egypte.

Le parfum sec, constitué d’ingrédients purs réduits en poudre auxquels on ajoutait un siccatif existait dans l’Antiquité sous le nom de « diapasma », nous apprend Pline dans son chapitre sur les parfums. Ils servaient autant à parfumer qu’à lutter contre la sudation. Le parfum qu’il nous reste de Cléopâtre et qui nous a été transmis sous le nom de détergent ressemble à un de ces « diapasmas », un parfum sec plein de ces substances naturellement très odorantes auxquels on a ajouté un desséchant.

Ainsi, bien que je l’aie également fait en parfum huileux parfumé aux huiles essentielles, n’attendez pas du vrai parfum de Cléopâtre qu’il soit liquide ! C’est en réalité une poudre qu’on frottait sur son corps, comme l’étaient les meilleurs parfums, ceux qui avaient toutes chances de sentir un peu plus durablement que les huiles, comme j’ai pu le tester après l’avoir recréé !

(Photo à la Une : parfum détergent en poudre de Cléopâtre reproduit sur la base de la recette antique présenté dans une reproduction de palette à fard de l’Egypte antique )

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L’usage du parfum dans l’Antiquité

Le parfum était quelque chose de très important dans l’Antiquité, à vrai dire aussi important que de nos jours, voire plus. Il servait en effet autant à la séduction qu’il pouvait entrer dans les remèdes puisque beaucoup d’espèces végétales étaient considérées comme ayant des vertus médicinales, à plus fortes raisons si elles étaient odorantes.

« Le parfum à la rose convient au banquet, comme celui à la myrrhe ou au coing. Ce dernier est bon pour l’estomac et pour ceux qui souffrent de léthargie. »

Athénée. Les Deipnosophistes.

Et parce que la médecine de l’époque avait peu de solutions contre les maladies, la simple hygiène faisait partie de la médecine tandis que pour nous, elle n’en est que l’introduction, le préalable obligatoire aux soins, le minimum requis pour espérer une bonne santé. Cette hygiène pouvait être si minutieuse que l’utilisation d’un parfum pour chaque partie du corps était pratiquée, comme le révèlent les textes.

Dans l’Antiquité comme aujourd’hui, le parfum était un des accessoires importants de la séduction, un moyen de marquer une présence ou un instant de manière agréable de façon à frapper un esprit. Ce sont les senteurs de la chambre d’Hélène attendant Pâris qu’Aphrodite a sauvé du champ de batailles et ramené jusqu’à elle lors de la Guerre de Troie, c’est le parfum des fleurs égayant la noce et le banquet. C’est aussi, bien entendu, le parfum des courtisanes qui se distinguent par leur surcroît d’artifices pour séduire et changer les hommes qui les regardent en des hommes qui les désirent, puis qui les payent. Et comme aujourd’hui, mis avant une sortie, c’est l’indice d’un rendez-vous amoureux.Dans l’assemblée des femmes d’Aristophane, Bléphyros demande à sa femme d’où elle revient, la soupçonnant d’adultère. Elle lui propose de vérifier si sa tête sent le parfum.

« Bléphyros : Et quoi ? Une femme ne se fait-elle pas baiser sans parfum ?

Proxagora : Non certes, mon pauvre, pas moi. »

Mais le parfum, c’était avant tout le privilège des élites, et notamment du roi, l’échelle de prix de ces parfums restreignant l’usage de certains produits aux plus hautes classes sociales. C’était le cas des produits exotiques à la base du parfum, qu’on  faisait venir d’Arabie ou d’Inde et qui atteignaient des prix exorbitants créant alors une odeur caractéristique royale. Ainsi, d’après Polybe, Antiochos IV faisait amener ses vases de parfums les plus précieux dans des bains publics auxquels, malgré son statut, il aimait à se rendre. « Vous êtes bien chanceux, vous les rois, d’utiliser de tels parfums et de sentir aussi bon.« , lui dit un homme. Le lendemain, le roi revint et fit verser sur la tête de cet homme « un grand vase du plus précieux parfum appelé stakté« , c’est-à-dire de la myrrhe pure, comme le faisait Hatchepsout, grande pharaone qui, femme, régna seule sur l’Egypte et dont c’était le parfum attitré un millénaire auparavant.

Avec l’évocation des élites, on arrive aux premiers usages du parfum, celui d’honorer les dieux que dans l’Antiquité on distinguait d’ailleurs eux-mêmes non par la vision – puisqu’ils ne peuvent se manifester sous leur vraie forme au risque de nous tuer – mais par la bonne odeur émanant du personnage qui leur servait de couverture ou du lieu qu’ils avaient occupé. C’est une croyance qui a été conservée dans le christianisme puisque la bonne odeur est souvent évoquée dans le cas d’une visite ou de la présence d’un saint ou de Jésus lui-même.

Autrefois comme aujourd’hui, on brûlait les encens pour faire monter le parfum jusqu’aux divinités, habitant des hautes sphères pour qui c’était une offrande au même titre que le fumée s’échappant de la viande sacrificielle dont les hommes mangeaient la chair et les dieux la fumée.

« C’est toi (Liber, nom romain de Dionysos), selon la tradition, qui après la soumission du Gange et de tout l’Orient, as préservé les prémices au grand Jupiter : le premier, tu as offert de la cannelle et de l’encens prélevés sur le butin ainsi que les chairs rôties du boeuf qui a été mené à ton triomphe. »

Ovide. Les Fastes. III.

A ce titre, c’était aussi une manière d’honorer ses invités puisque les parfums égayaient la plupart des fêtes, soit qu’on voulut démontrer son luxe, sa manière raffinée de vivre, soit qu’on obéît à cette vieille coutume conservée dans les pays méditerranéens et orientaux de recevoir ses invités comme s’ils étaient les dieux eux-mêmes.

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Recette : masques antiques aux poudres indiennes (DIY)

Contrairement à ce qu’on trouve habituellement sur le net en cosmétiques « maison » faits à base de poudres indiennes, ce n’est pas un soin pour les cheveux que je vous propose mais un soin pour le visage.Il est vrai que les indiens possèdent beaucoup de plantes réputées pour le soin des cheveux comme les très appréciés shikakaï et sidr et que le soin des cheveux est au coeur des rituels de beauté des femmes indiennes – comme il l’était des femmes de l’Antiquité -. Mais le soin le plus courant est avant tout l’huile sur les cheveux. C’est très bien sur cheveux secs, mais ayant le malheur d’avoir les cheveux gras et clairs, autant dire que ce type de soins, peu adapté à ma nature, ne va pas me pousser à concevoir des recettes qui ne seraient pas efficaces sur moi.

Les deux masques que je vous propose sont en réalité un seul masque visage décliné en un premier masque frais à utiliser immédiatement et un second masque auto-conservé – parce qu’exempt d’eau – qui peut donc s’utiliser des mois durant. Ils ont été conçus sur la base des enseignements reçus en atelier de conception de cosmétiques « maison » aux poudres indiennes mais avec des ingrédients uniquement choisis sur la base de leur utilisation dans l’Antiquité. Ils vous laisseront la peau douce et particulièrement lumineuse.

Ingrédients

  • Farine de pois chiches ou de lentilles
  • Poudre de fenugrec
  • Poudre de rose
  • Lait entier ( si peau sèche) ou eau (si peau grasse ) * uniquement pour le masque frais
  • Huile d’amande * uniquement pour le masque auto-conservé
  1. Recette de masque frais

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Ustensiles : bol pour mélanger, cuillère à expresso préférablement, le tout à désinfecter à l’alcool avant toute réalisation.

Dans un bol, mélanger 5 cuillères à expresso de poudre de pois chiches ou de lentilles, 1 cuillère de fenugrec en poudre, 1 cuillère de poudre de rose, 4 ou 5 cuillères de lait selon la consistance préférée. Quand le produit est homogène, appliquer sur la peau pendant 20 minutes ( temps de pause habituel des cosmétiques indiens ) avant de rincer.

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2. Recette de masque auto-conservé ( pour 100 grs)

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Ustensiles : balance de précision, bol pour peser, bol pour mélanger, fouet ou fourchette, petite spatule ou cuillère pour transvaser, petit bocal hermétique pour conserver le produit,  le tout à désinfecter à l’alcool avant toute réalisation.

Peser tour à tour :

  • 25 grs de farine de pois chiches
  • 12, 5 grs de poudre de rose
  • 12, 5 grs de poudre de fenugrec
  • 50 grs d’huile d’amande douce

Mélanger le tout jusqu’à consistance homogène avant de transvaser dans le bocal hermétique à l’aide de la spatule ou de la cuillère. Appliquer comme le premier avant de rincer au bout de 20 minutes. A faire une à deux fois par semaine.

Ce produit se conserve plusieurs mois à condition de ne pas le mettre en contact avec l’eau.

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3. Explications

Dans la culture indienne, certains masques de beauté sont faits à base de farine de pois chiches employée aussi dans la cuisine. Dans la culture occidentale antique, la farine de lentilles – même type de légumineuses – est employée pour adoucir la peau, une qualité remplie par la rose pour la culture indienne des soins de beauté. Ici, je l’ai employée autant pour cette qualité que pour son odeur. Pour les anciens Greco-Romains, le fenugrec lutte contre les desquamations, pour l’Ayurvéda, il tonifie et purifie la peau.Le lait de vache, très apprécié dans la culture indienne et dans les cosmétiques indiens, sert à lutter contre la sécheresse de la peau grâce à la présence d’eau et de gras. Pour l’Antiquité, on en connaît aussi les vertus, mais c’est le lait d’ânesse qui est considéré comme supérieur, d’après Pline l’Ancien qui lui attribue, comme le faisait Popée, des qualités anti-rides. Enfin, l’huile d’amande est réputée dans l’Ayurvéda pour améliorer le teint et nourrir la peau, tandis que dans son Histoire naturelle, Pline affirme qu’elle est anti-rides.

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Poudres indiennes : un cosmétique antique et moderne

Quand on s’interroge sur ce à quoi ressemblait la religion athénienne, comment les Anciens pouvaient s’habiller d’une seule pièce, comment étaient faits les cosmétiques antiques, la seule réponse qu’on puisse trouver est en Inde. Il est reconnu que ce à quoi ressemblaient la religion et les rites anciens, c’est l’hindouisme, qu’il existe bien un vêtement fait d’une seule pièce porté cinq mille ans après son invention, c’est le saree indien et que la façon qu’ont les indiennes d’utiliser des plantes en poudre mêlées ou non à des huiles ressemble à ce qu’étaient les cosmétiques dans l’Antiquité.

Malgré les similitudes, les poudres cosmétiques indiennes offrent un plus grand nombre de facilités que le cosmétique antique : son conditionnement industriel des poudres diffusées dans le monde entier et parfois des mélanges tout prêts auxquels il faut juste ajouter de l’eau ou de l’eau de rose, voire du lait est quand même plus accessible que les plantes qu’il faut soit faire sécher soi-même soit broyer, soit les deux. L’autre avantage sur un grand nombre de vrais cosmétiques antiques, et non des moindres, c’est son aspect « propre », conforme aux attentes et conceptions modernes, sans urine – certains cosmétiques contemporains contiennent malgré tout de l’urée -, sans animaux ou produits dérivés d’eux à part le lait.

Néanmoins, comme dans l’Antiquité, ces poudres servant au soin du visage ou des cheveux sont issus de l’Ayurvéda, médecine traditionnelle indienne, tout comme les produits cosmétiques antiques étaient issus de la médecine de l’Antiquité. En ce sens, les vertus attribuées aux plantes, inscrites dans des textes vénérés, souffrent assez mal des conditionnements contemporains qui obligent à des mélanges avec des conservateurs et autres types de produits chimiques  – même si la demande croissante des Occidentaux semble pousser à l’émergence de ce type de nouveaux produits dits « ayurvédiques » et bourrés en même temps de conservateurs-. Dans les documentaires et autres reportages, ce sont bien des plantes brutes additionnées d’eau ou d’huile qui sont utilisées comme il y a plusieurs millénaires.

Car les poudres ayurvédiques restent ce qu’elles ont toujours été : des cosmétiques antiques, rudimentaires et donc nés d’une terre en particulier. C’est pourquoi elles n’ont qu’une universalité relative en même temps qu’une efficacité limitée. Ainsi, les produits  sont bien plus adaptés aux cheveux et aux peaux sombres, surtout dans certains soins pour cheveux assez nombreux qui fixent la couleur brune ou noire, ou même la génèrent grâce aux plantes colorantes – ce qui ressemble assez à certaine recette de Cléopâtre. Et comme pour les cosmétiques antiques, les effets qu’on peut en attendre concerneront le nettoyage, l’aspect de la peau ou des cheveux, un léger changement de texture ou d’apparence mais jamais une fonction hydratante ou anti-rides – dont les Anciens avaient malgré tout compris qu’on les obtiendrait d’un corps gras.

Plus encore, le lien entre ces types de cosmétiques et la terre qui les a faits naître se fait non seulement sur les personnes à qui ils sont destinés mais aussi sur le type d’ingrédients dont ils sont faits. Dans l’Antiquité comme dans les sociétés traditionnelles, on conçoit ses remèdes médicaux et ses cosmétiques avec ce qu’il y a sous la main, ce qui est disponible sur le sol, ce qui est courant dans son environnement. Les poudres indiennes sont ainsi issues de plantes très locales, poussant dans l’Himalaya ou uniquement sur le sol indien – même si certaines rares plantes comme la rose, l’orange ou le citron sont connues partout -. A l’inverse, les multi-nationales du cosmétique vont chercher des ingrédients dans le monde entier voire, parviennent à créer de la valeur ajoutée et de nouveaux marchés avec des ingrédients exotiques censées faire rêver la consommatrice de beautés lointaines auxquelles elle aimerait pouvoir ressembler.

Néanmoins, dans l’Antiquité, l’exotisme ne manquait pas d’attrait non plus, particulièrement dans les parfums dont tous les ingrédients venaient d’Arabie, mais surtout d’Inde !

Enfin, on pourrait rapprocher les textures et les modes d’application entre les cosmétiques antiques et les cosmétiques indiens car à l’exception des quelques produits frais qu’on peut retrouver dans l’une et l’autre de ces deux traditions cosmétiques et médicinales, les soins de beauté indiens et antiques consistent le plus souvent en des masques et cataplasmes de plantes sèches mêlées à un liquide ou un oléagineux associées parfois un minéral. En revanche, si le cosmétique antique ne dispose d’aucune indication quant au temps de pose parce que conçu et employé à une époque où la notion du temps ne se voyait qu’à la course du soleil dans le ciel, le cosmétique à base de poudres indiennes, lui, n’a jamais cessé d’être utilisé depuis l’arrivée des horloges modernes. Il s’est ainsi sans doute vu attribuer un temps de pose basé sur un découpage du temps précis et relatif à l’évolution de la société. De même, il a bénéficié de nouvelles techniques de production industrielle telle que le conditionnement en poudre, choses dont n’a pas pu profiter le cosmétique antique, devenu caduc entre temps.

Mon objectif ayant été de vous montrer les points de rapprochement entre cosmétiques indiens et anciens, je vous mets quelques liens pour les découvrir et en apprendre plus sur les vertus et l’emploi de ces poudres indiennes et ayurvédiques, vous promettant néanmoins de mettre très bientôt mes propres recettes – limitées bien entendu à ce qu’on pouvait ou aurait pu faire dans l’Antiquité !

  • La différence entre l’appellation poudre indienne et poudre ayurvédique, c’est que la seconde est une plante bio. Le site d’Aroma Zone, qui s’en est fait un atout, distribue et invente régulièrement de nouvelles recettes de beauté ayurvédiques sûres et de qualité. Un petit tour vers leurs poudres de plantes ayurvédiques pour créer vos cosmétiques :

Plantes ayurvédiques d’Aroma Zone

  • Un blog qui utilise les poudres indiennes d’une façon très inventive et créative pour des soins de cheveux afro surtout. le labo de sioum sioum

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Cléopâtre et son célèbre bain au lait d’ânesse

Tout le monde sait que Cléopâtre – pièce de droite – se faisait des bains au lait d’ânesse : on le disait quand j’étais enfant, et on le disait déjà du temps de mes parents. Et pour être honnête, ayant été passionnée assez tôt par Cléopâtre et pas toujours hostile au marketing, cette information me fascinait. J’ai acheté, moi aussi, comme toute fan de Cléopâtre, la boîte de lait de bain en poudre pour m’offrir ce luxe et du rêve.

Aujourd’hui, cette information est répandue partout : sur internet, dans des livres que j’ai moi-même achetés et cette information profite à des enseignes qui développent des produits à base de lait grâce à cette légende. Oui, une légende.

Car en m’intéressant à Cléopâtre, et plus précisément à ses cosmétiques, je me suis aperçue qu’aucun historien n’a mentionné ce fait qui aurait pu ajouter aux reproches qu’on lui faisait et qui étaient si nombreux et si graves parfois qu’on en a forcément inventé pour nuire à sa réputation. En revanche, les historiens romains connaissaient cette pratique mais l’attribuaient à une autre impératrice, romaine, cette fois, la belle et coquette Popée, femme de Néron, qu’on voit représentée sur la pièce de gauche.

Dion Cassius, en bon historien romain, la mentionne dans son Histoire romaine pour critiquer son luxe : »Cette Sabine vivait dans un luxe tel que les mules qui la conduisaient avaient des harnais d’or, et que chaque jour, on trayait 500 ânesses qui avaient mis bas récemment, afin qu’elle pût se baigner dans leur lait, car elle avait un soin extrême de sa beauté et de l’éclat de sa personne. » Livre 62. 28.

Pline confirme ce fait, mais en tant que naturaliste, il s’intéresse beaucoup moins au luxe qu’aux vertus de cette pratique pour la peau : »On croit que le lait confère une certaine blancheur à la peau des femmes. En tous cas, Popée, épouse de Domitius Néron emmenait partout avec elle cinq cents ânesses ayant mis bas, et elle plongeait son corps entier dans la baignoire remplie de ce lait, croyant qu’en outre, cela retendrait sa peau.« Livre X. XCVI. 238. Mais là où le texte de Pline est capital, c’est qu’il affirme que c’est Popée, impératrice entre 63 et 65, qui en institue la pratique, et non Cléopâtre, reine d’Egypte qui mourut au siècle la précédant : »On pense effacer les rides du visage et rendre la peau plus douce et blanche avec du lait d’ânesse, et il est connu que certaines femmes s’en font des fomentations sur les joues 7 fois par jour en respectant bien ce nombre. C’est Popée, épouse de Néron, qui a institué cet usage, prenant même des bains de lait et se faisant accompagner pour cette raison de troupeaux d’ânesses.« XXVIII.L.183.

En faisant des recherches, on s’aperçoit que les auteurs anciens parlant du bain au lait d’ânesse ne font pas la confusion et l’associent bien à Popée. Ainsi, dans son étude sur Bretonnoyau, le Dr Wiant cite les vers de ce médecin qui écrivait aussi de la poésie au XVI ème siècle :

« La venaison d’un loup, la tresse ( traîte) d’une ânesse

Rajeunissent le teinct aussi bien que la gresse,

Comme jadis Popée aux dames enseignait,

Alors que toute nue en ce lait se baignait. »

De même, en 1853, dans son Histoire de la prostitution, Pierre Dufour associe bien la femme de Néron à l’utilisation des bains au lait d’ânesse.

En 1858, pourtant, dans une notice destinée à valoriser l’utilisation des bains de petit-lait, Adrien Baraniecki prête à Cléopâtre et Aspasie, sans aucune référence à l’appui, l’utilisation des bains de lait d’ânesse. Erreur ? Arrangements avec la vérité, on va dire. Baraniecki est là pour convaincre un auditoire de médecins des bienfaits du bain de lait. Cléopâtre et Aspasie partagent toutes deux des avantages pour une assemblée de médecins : elles étaient savantes, intelligentes, ont eu un rôle politique et sont connues pour avoir écrit des livres de cosmétiques et de médecine. Popée, n’ayant eu aucune de ces qualités, a disparu de l’argumentaire. Pourtant, ce petit texte confidentiel n’a certainement pas pu avoir un impact sur le grand public.

J’ai longtemps cru que l’association des bains de lait d’ânesse et de Cléopâtre plutôt que Popée était due à un savant calcul visant à vendre des produits en préférant une reine plus populaire et valorisée comme l’a fait Baraniecki. Et puis, j’ai découvert un roman de moeurs de 1864 d’Arsène Houssaye, mademoiselle Cléopâtre, où l’héroïne, courtisane parisienne, prend un bain nue devant son ancien amant. Ce motif du bain de Cléopâtre est en réalité très ancien. Lors de leur passage à Alexandrie on faisait visiter aux savants et envoyés diplomatiques en route vers Jérusalem des tombeaux vides de la nécropole qu’on présentait comme les bains de Cléopâtre. Je suis alors rappelé du bain de Cléopâtre dans le film avec Liz Taylor et Richard Burton, celui dans Astérix, celui de l’actrice maquillée en Egyptienne qui devait faire le succès du savon au nom de la reine mythique. Et si le grand public avait tout simplement mélangé les deux – à la faveur d’une attraction touristique commune à Alexandrie mais fausse – la Cléopâtre du roman, parisienne et courtisane, et la Cléopâtre historique, égyptienne, et que les historiens qualifiaient aussi de courtisane ?

Ce ne serait pas la première fois, témoin cette règle de comportement dans les auberges du XVII ème siècle mentionnant que si on voulait y dormir, il fallait y prendre aussi son dîner, devenu – certainement à cause d’Alexandre Dumas qui le met en scène d’une manière comique dans Les trois mousquetaires – un proverbe à valeur de vérité : »Qui dort dîne. » laissant croire aujourd’hui encore à beaucoup qu’en dormant, ils n’éprouveront pas la faim et n’auront pas besoin de manger.

Cet article est la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de le reproduire sans l’autorisation de son auteur.

Zoom sur le parfum de Cléopâtre

 

  • Le parfum de Cléopâtre, qu’est-ce que c’est ?

C’est l’adaptation en parfum huileux d’un authentique parfum attribué à Cléopâtre dans le Kosmétikon, le livre de cosmétiques de la grande reine d’Egypte dont quelques recettes seulement sont parvenues jusqu’à nous grâce aux médecins de l’Antiquité et que vous retrouverez ici. Je vous donne la recette originale de Cléopâtre et les recettes adaptées de celui-ci dans mon livre destiné à vous apprendre comment faire vous-mêmes ce parfum ou d’autres recettes adaptées le plus fidèlement possible de la recette de Cléopâtre.

  • Est-il vraiment composé à partir de la recette de Cléopâtre ?

Oui, mais il a subi des changements par rapport au produit de base :

  • C’est un parfum huileux ( dans l’Antiquité, il n’y avait pas de parfum à l’alcool, donc j’ai choisi cette option pour plus d’authenticité ) alors que le produit original est une poudre parfumée faite d’un mélange de plusieurs plantes et d’un minéral, un siccatif. Il faut néanmoins savoir que ce type de parfum existait sous le nom de « diapasma ». Je l’ai reproduit lui aussi et vous le propose également dans mon livre : c’est lui le vrai parfum de Cléopâtre !
  • Certains ingrédients ( 4 sur 10 ) ne sont pas trouvables tels que mentionnés dans l’Antiquité : l’un d’entre eux existe toujours mais se trouve dans la nature dans un milieu particulier mais ne fait l’objet d’aucune vente, 2 n’existent que sous des formes proches mais pas identiques et un est l’objet d’une interprétation autorisée par les auteurs de l’Antiquité, le produit prêtant son nom à plusieurs plantes.
  • Pour en faire un parfum acceptable, il a fallu respecter les règles de la pyramide olfactive du parfum équilibré : 20% de notes de tête, 30% de notes de coeur, 50% de notes de fond. Bien entendu, dans la recette en poudre que je vous donne également et qui est plus conforme à l’original, ces considérations n’ont pas lieu d’être !

 

  • Qu’est-ce que ça sent le parfum de Cléopâtre ?

Ca sent bon, c’est déjà une bonne nouvelle. Mais surtout, ça sent quelque chose d’unique, d’antique, de profond. Ca sent un oriental puissant auquel se mêle malgré tout un peu de légèreté. Par contre, ça ne sent rien de ce que vous connaissez. A noter d’ailleurs que le parfum égyptien ancien possède des valeurs inversées à celles des parfums d’aujourd’hui : le fleuri et le léger était destiné aux hommes, le parfum puissant, boisé et résineux était réservé aux femmes.

C’est un parfum conforme à l’idée qu’on se faisait de Cléopâtre : une reine féminine à l’âme forte, presque virile sans pourtant en franchir la limite, comme son parfum !

  • Comment l’obtenir ?

Formée à la recherche en littérature, c’est sur la base d’une traduction en grec des recettes de Cléopâtre d’un mémoire de maîtrise sur les fragments du Kosmètikon ( mis en lien plus haut ) et de connaissances en cosmétiques « maison » que j’ai recréé autant que possible le parfum de Cléopâtre et autres dérivés de la recette originale de la célèbre reine d’Egypte. Les recettes sont protégées par les droits d’auteur mais vous pouvez  les reproduire pour vous-mêmes, si vous le souhaitez, sur la base de mon livre vendu en e-book ou imprimé, selon votre préférence ou votre budget.

  • Comment suis-je assurée de l’authenticité de la recette ?

Par sa provenance, d’abord. Le mémoire d’Anne-Lise Vincent d’où elle provient est un travail de recherches universitaires qui a fait l’objet de plusieurs lectures, contrôles par des spécialistes et d’une soutenance. Cela veut dire que l’étudiant chercheur ne peut pas écrire n’importe quoi, et doit sans cesse justifier ses sources qui se doivent d’être incontestables. Ici, les auteurs de médecine antique dont les fragments proviennent ( Galien, Aetius d’Amide…) sont des références classiques. Par ailleurs, un papyrus confirme l’authenticité des recettes et les attribue à quelqu’un qui répertoriait les recettes de la reine..

Les ingrédients utilisés sont conformes à ce qui était employé au premier siècle avant J-C, époque de Cléopâtre, et surtout, étaient trop luxueux pour pouvoir être utilisés par quelqu’un d’autre qu’une reine. En effet, les nettoyants se concevaient avec des ingrédients beaucoup plus simples, et surtout, n’étaient pas composés de plantes aussi odorantes et chères que celles qu’on retrouve dans le parfum de Cléopâtre. Il faut d’ailleurs savoir que les ingrédients dont on faisait des parfums venaient presque tous d’Inde ou d’Arabie, ce qui les rendait pratiquement inaccessibles au commun des mortels.

  • Est-ce que le parfum est facile à faire ?

Très facile ! Sur une base d’huile végétale, vous ajoutez les huiles essentielles des plantes employées dans la recette originale, vous ajoutez une goutte d’anti-rancissement pour faire durer votre parfum et vous obtenez un parfum issu d’un authentique cosmétique de Cléopâtre 100 % naturel et particulièrement délicat.

Sur cette base parfumée, vous pourrez également faire un gel cheveux et corps puisque j’en donne également la recette.

  • Attention : cette recette est à base d’huiles essentielles. Si vous y êtes sensibles, êtes allergiques ou avez le moindre problème de santé, cette recette n’est pas pour vous. En revanche, la poudre parfumée dont je donne aussi la recette et la méthode de fabrication dans le livre est plus conforme au parfum de Cléopâtre et vous conviendra parfaitement.
  • Mais vous pouvez aussi acheter cette poudre parfumée puisque je la fabrique artisanalement et la vends sur la boutique Etsy du Labo de Cléopâtre.)
  • Vous trouverez mon e.book  » Réalisez un vrai cosmétique de Cléopâtre »pour réaliser ce parfum ici, la version papier ici

(Photograhie : coffret aux huiles essentielles servant à composer le parfum de Cléopâtre. A sa gauche, l’huile de base, le conservateur empêchant l’huile de rancir, le flacon pour composer le parfum. Devant le coffret, la pipette servant à mettre les ingrédients dont les flacons ne comportent pas de compte-gouttes. A droite, le parfum final, mis en bouteille dans un authentique flacon égyptien.)IMG_4012

Cet article et cette photo sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Cosmétiques de Cléopâtre : fantasmes, mensonges et vérité

Quand on désire découvrir les vrais cosmétiques de Cléopâtre, on se trouve confronté à plusieurs problèmes :

  • Le premier, c’est le fantasme

Plus qu’une souveraine historique, Cléopâtre est un mythe de beauté, d’intelligence, de culture, et  ce depuis l’Antiquité où elle était déjà célèbre. Quand une femme cherche une information sur ses cosmétiques ou n’importe lequel de ses secrets, son désir, son fantasme, ses rêves d’identification sont plus forts que ceux suscités par une simple curiosité historique. Son désir est souvent d’acquérir les mêmes pouvoirs que la reine d’Egypte. C’est à la fois le moteur de la personne qui fait la recherche et son obstacle.

  • Le second obstacle, découlant du premier, c’est le mensonge

C’est normal ! Si ce que vous voulez, c’est du rêve et que la réalité ne peut pas vous l’offrir, on va vous mentir. Je ne peux plus compter le nombre de sites et de livres qui prétendent vous donner des recettes de Cléopâtre quand ils vous donnent en réalité des recettes de cosmétiques naturels très ordinaires contenant des ingrédients dont on a l’habitude, qui font intemporels et qu’on emploie toujours avec plaisir : du lait – d’ânesse préférablement – du raisin, du nigelle, voire, de la fleur d’oranger, etc. On vous raconte également comment Cléopâtre se maquillait ( ce dont les historiens romains ne se sont pourtant pas préoccupés ) et vous pouvez même trouver sa recette de rouge à lèvres !

On trouve de tout sur le net, et surtout n’importe quoi ! Le plus habile, c’est le site de Consoglobe qui a fait un dossier complet sur « les secrets de beauté naturels de Cléopâtre » qu’on a doté  du mémoire d’Anne-Lise Vincent sur le Kosmètikon que j’avais mis en lien pour bénéficier d’une source crédible tout en livrant de  banales recettes qu’on trouve un peu partout sur le net mais qui n’ont jamais figuré dans le Kosmètikon, comme c’est pourtant écrit.

Si la lectrice ne vérifie pas, c’est gagné : le site gagne un article célèbre et plus de visibilité. Et ça a marché. L’article parvient à se positionner très haut sur la première page du moteur de recherches tout en offrant du vent !

  • Alors, comment reconnaît-on un vrai cosmétique de Cléopâtre ?

Si vous fantasmez encore, la réponse ne va pas vous plaire.

– On reconnaît un vrai cosmétique de Cléopâtre à la fiabilité de sa source, c’est-à-dire des textes antiques de médecine qui en ont parlé. Si la recette donnée sur un site, un ouvrage ou ailleurs ne peut se vérifier dans un texte antique consacré à la médecine ou d’un livre de recherches sur base de références universitaires en lettres classiques, en médecine ou en histoire, alors ce n’est pas un cosmétique de Cléopâtre. Si vous voulez savoir si on vous a livré une vraie recette, il n’y a pas d’autre choix que d’aller comparer.

– Si vous trouvez malgré tout que c’est difficile d’accès, retenez alors ces indices : un cosmétique de Cléopâtre est toujours difficile, que ce soit dans sa réalisation ou dans notre crainte, appréhension ou notre répugnance à l’idée de l’utiliser. Dans l’un ou l’autre de ces domaines, un authentique cosmétique de Cléopâtre n’est jamais facile d’accès.

Autrement dit, si c’est facile à faire ou facile à accepter, ce n’est pas un authentique cosmétique de Cléopâtre,car 2000 ans d’évolution séparent nos conceptions en matière d’hygiène et de beauté.

Bien sûr, il est toujours possible de s’imaginer qu’on vous propose alors quelque chose d’à la fois inaccessible et d’inauthentique, mais le but étant de vous faire rêver et de vous plaire pour gagner du crédit, quitte à vous donner une fausse recette, autant vous en donner une sexy qui correspond à l’idée que vous vous faites de la grande reine d’Egypte !

En bref, ce que vous attendez des cosmétiques de Cléopâtre conditionne l’offre qui vous en est faite. C’est donc à vous de décider si vous voulez des recettes qui vous font rêver au prix du mensonge ou des recettes authentiques qui ne parviendront à vous faire rêver qu’après vous avoir fait réfléchir.

Cet article est la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de le reproduire sans l’autorisation de son auteur.

Livre, tarif et transparence

Mon livre Réalisez un vrai cosmétique de Cléopâtre est auto-édité car le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas grand public. Néanmoins, ceux qui sont allés le voir ont dû penser que 15 euros, c’était quand même cher. Il se trouve qu’effectivement, je ne suis personne. Ce prix peut paraître exagéré à ceux qui ignorent ce qui se cache derrière et combien lui-même a représenté comme investissement.

D’abord, il y a la production du livre auto-publié, la matière première. Elle n’est pas forcément très coûteuse, et cela dépend justement du prix que l’on veut mettre. Par exemple pour ce livre, pour être au sommet de sa qualité et de ce qu’il a à dire, il devrait déjà coûter 30 euros de production sans compter aucun bénéfice parce qu’il y a des photos de plantes qui nécessitent de la couleur. J’ai donc choisi le noir et blanc pour avoir un livre moins cher. J’ai choisi 15 euros pour avoir l’assurance de toucher un peu plus de 4 euros dessus où que je le vende comme me l’assure Lulu. Par chez eux, c’est plus. Par Google et autres librairies, ce sera environ 3,50 euros. Au début, je voulais me réserver 5 euros, mais le livre aurait été beaucoup plus cher à l’achat pour le lecteur, j’ai donc décidé de baisser. Mon e.book, Réalisez un vrai cosmétique de Cléopâtre, le e.book, plus abordable, est à 7 euros.

Auto-éditée, je n’ai pas beaucoup de visibilité, donc la possibilité de vendre beaucoup est exclue.

Par ailleurs, mon livre n’est pas un roman ou un recueil de poésies sortant de mon imagination ne coûtant rien. C’est un livre de recherches autour d’un cosmétique ancien, ce qui veut dire qu’avant de l’écrire et de le sortir, j’ai engagé des dépenses pour :

  • Certains livres de référence parfois rares et chers dont certains font plus de 50 euros chaque. En effet, les ouvrages les plus utiles sont eux-mêmes des ouvrages de recherches et sont indispensables pour s’assurer de l’identification d’un ingrédient très ancien qui porte un autre nom que celui qu’il a actuellement. Certains ouvrages ont malgré tout été gratuits, d’autres ont été achetés d’occasion. Sur la photo, ce sont ceux que j’ai dû acheter. Tout est noté dans la bibliographie de mon livre.

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  • Il faut créer des cosmétiques, ce qui demande des matières premières à acheter. Les bases pour le parfum huileux et le gel douche. L’une des huiles essentielles, rare, précieuse et indispensable, a coûté 50 euros. Certaines autres ont pu tourner autour de 7 ou 8 voire moins selon leur rareté ou non. Le livre est là pour vous permettre d’avoir le choix du prix que vous voulez mettre pour créer ce cosmétique car mes informations constituent votre économie. Moi, en revanche, j’ai dû tout acheter, et c’est normal.IMG_4726
  • Il y a eu des tentatives et des ratés avant le produit final qui sont évidemment nécessaires à la création d’un produit qu’on veut parfait. Ces fioles contiennent les essais antérieurs au parfum final contenu dans le flacon égyptien rouge.IMG_4729
  • Il y a les plantes à acheter et les outils pour les broyer pour créer le détergent de Cléopâtre. La plus chère et rare fait 25 euros car elle est la part majoritaire du produit. Les autres ont des prix variables.IMG_4719.JPG
  • Enfin, c’est peut-être un luxe, mais pour les photos et surtout pour bien mettre en valeur un prestigieux et authentique cosmétique d’une reine aussi célèbre, des objets artisanaux et authentiquement égyptiens ont été achetés : la reproduction d’une palette de fards de l’Egypte antique et 2 flacons de parfums.image

Je terminerai en disant que je réalise tout toute seule et que je suis comme vous, je ne sais pas vendre, je ne sais pas me vendre et comme tous les mauvais vendeurs, je me contente de croire en ce que je fais. Comme vous, je veux être sûre de ce qu’on me propose mais je veux être sûre aussi de faire quelque chose d’authentique et de parfait. Je ne suis pas une marque de cosmétiques, je suis juste une personne que sa formation de chercheur en sciences humaines et sa passion pour la beauté ont permis de réaliser un cosmétique mythique dont elle rêvait déjà enfant et d’en faire un livre et un site. Je suis aussi quelqu’un pour qui faire ce livre a représenté beaucoup de travail et qui a bien du mal à le réaliser à un prix qui ne va pas sacrifier tout ce travail.

Voilà, je peux désormais affirmer que je ne vous ai rien caché.