Parfumer ses vêtements : shopping

Pas tous aptes à porter des parfums chimiques auxquels on peut être devenu intolérant pour différentes raisons – de santé notamment ou d’idéologie – nous ne sommes pas non plus condamnés à parfumer nos vêtements au sachet de lavande ou à  l’anti mites. Voici quelques méthodes naturelles pour parfumer ses vêtements aux senteurs parfois ancestrales dont la pratique – et souvent les parfums aussi – remonte quelquefois à l’Antiquité. Dans tous les cas, il faut bien sûr exposer le vêtement – ou tout le placard quand c’est possible – à la senteur choisie.

  • Les poudres à brûler

On en fait un cône dont on allume le bout avant de le recouvrir et laisser échapper la fumée par les trous dans une lampe Merlin (ou lutin, pour certains). Sur sens-nature, la lampe Merlin, le santal, le cade et le cèdre sont proposés pour des senteurs antiques. Pour une senteur plus moderne, ils proposent également l’eucalyptus.

  • Les résines

Elles se brûlent sur charbon ardent, dans un encensoir protégé comme on le fait encore dans les pays du Golfe. Voici ma boutique préférée parce qu’elle offre un choix large et raffiné qui va des encens de l’Antiquité (mastic, oliban, myrrhe) à d’autres résines odorantes utilisées plus tardivement (copal, benjoin, dammar, etc.). Certaines sont très fortes et donc préférables à froid, glissées tout simplement dans une armoire en pot ouvert ou en sachet pour parfumer le linge : storax, benjoin, labdanum.

  • Les bâtons d’encens

Si les cônes peuvent être protégés par des encensoirs ou des lampes Merlin, les bâtons, enflammés à leur sommet et brûlant à l’air libre doivent être surveillés. Les encens indiens sont les plus faciles à trouver et les moins chers mais ils n’ont pas toujours bonne réputation, d’autant plus que la senteur préférée, le Nag champa, se trouve beaucoup plus souvent contrefaite qu’authentique. Beaucoup d’encens japonais sont à découvrir sur Encens compagnie. Certains coûtent très cher par l’expérience raffinée qu’ils proposent mais différents prix existent.

  • Les vrais parfums antiques

Dans ma boutique, je propose des mélanges dont les recettes datent réellement de l’Antiquité. Comme tous les autres encens, il est bien sûr possible d’en parfumer ses vêtements si on le désire. Mais le plus étrange est que les Anciens avaient conçu un mélange réellement destiné à parfumer les robes. Mais était-il destiné à être brûlé ou à rester dans une malle pour imprégner les tissus ? C’est ce que le texte ne précise malheureusement pas.

  • Les parfums arabes 

Chez Oudh and musk, site français malgré les apparences, on peut découvrir la vraie tradition des parfums arabes, notamment des encens comme le bakhoor et le thiouraye, à la base originaire du Sénégal. Certains sont naturels, d’autres non, mais dans tous les cas, c’est une merveilleuse tradition parfumée à découvrir. Comme senteur naturelle et antique, le site propose une collection de oud, bois parfumé par un champignon qui l’a colonisé et dont l’odeur, très appréciée au Moyen-Orient, plaisait aussi dans l’Antiquité. On peut y découvrir également une multitude de parfums huileux typiques dont la culture, si elle nous est inconnue, est proche de celle des Anciens. Bref, c’est un voyage des plus fascinants, mais attention si vous êtes sensible aux odeurs, celles-là sont les plus puissantes

  • Les bois

Au Japon, les meubles parfument souvent les tissus grâce aux bois odorants dont ils sont faits. D’ailleurs, si vous connaissez des Japonais, vous avez certainement senti chez eux une entêtante odeur de santal ou de cèdre. Chez Muji, le cèdre parfumé se décline en bâtonnets à glisser dans votre armoire ou en cintres qui embaument votre linge en même temps qu’il permet de le ranger.

Autre anecdote japonaise et parfumée : peut-être pour ceux qui n’avaient pas de baignoire traditionnelle en acacia, j’ai trouvé il y a longtemps dans une boutique japonaise de Paris des boules en bois d’acacia destinées à parfumer très délicatement et naturellement l’eau du bain.

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Enfin, si vous tenez vraiment à l’odeur de la lavande, Lush l’a aussi déclinée en encens à brûler dans un parfum qui a toute une histoire et qui résume assez bien le rôle des fragrances dans les sociétés humaines.

Bonne découverte !

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Découvrir les encens de l’Antiquité

Les premiers parfums de l’histoire sont ceux qu’on a fait brûler, ce que révèle l’étymologie du mot parfum – « par la fumée ». C’était une pratique qui avait lieu un peu partout puisqu’on la retrouve dans les recettes religieuses de l’Egypte antique, dans les textes canoniques de l’Ancien Testament, dans les conquêtes d’Alexandre le Grand, et dans les différents textes de l’Antiquité européenne, qu’ils soient historiques, poétiques, naturalistes ou botaniques.

Dans l’Antiquité, les parfums avaient un statut à part qu’ils ont perdu à la chute de l’Empire romain, à la montée du christianisme et qu’ils ont commencé un peu à retrouver à la suite des Croisades, quand les Européens découvrirent les raffinements de l’Orient, qui avaient été les leurs autrefois.

Aujourd’hui, les encens sont toujours employés dans les églises, les temples et appréciés par ceux qui pratiquent la magie ou une spiritualité. Mais ils ont beaucoup moins la fonction de parfum, celle-ci étant assumée par les différents « jus » à base d’huiles essentielles, molécules chimiques et alcool qu’on ne connaissait pas dans l’Antiquité.

Pourtant, ce qu’on utilisait autrefois comme encens constitue toujours le sommet de la parfumerie d’aujourd’hui, c’est-à-dire la base des parfums orientaux les meilleurs et les plus chers, qu’on trouve toujours dans les grandes maisons comme Amouage, Serge Lutens, ou même les parfums du début du XX ème siècle des grandes maisons et même leurs nouvelles collections Prestige qui tentent de retrouver cette authenticité et cette qualité des premiers parfums.

Pour découvrir les encens de l’Antiquité, impossible d’utiliser comme aujourd’hui les bâtonnets ou les mélanges tout faits car les encens antiques étaient principalement :

  • Des résines

Les exsudations des arbres ou autres plantes sont un véritable réservoir de senteurs toujours plus étonnantes, subtiles et parfois même désagréables dont il faut refaire la conquête pour savoir ce qu’était un parfum antique.

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  • L’oliban

C’est la résine du boswellia, un arbre à encens dont plusieurs espèces peuvent donner des parfums. Le plus estimé et le plus cher, aujourd’hui comme hier, c’est celui du Sultanat d’Oman ( photo à la Une). Mais d’autres étaient aussi employés dans l’Antiquité, par exemple celui d’Ethiopie, offrande probable de la reine de Saba au roi Salomon et qu’on trouve toujours actuellement.

  • La myrrhe ( photo ci-dessus)

Aussi précieuse et chère que l’encens, on en connaissait autrefois plusieurs sortes. C’est toujours le cas actuellement, plusieurs commiphora donnant effectivement des résines odorantes. Néanmoins, il est difficile de savoir si celles employées aujourd’hui correspondent à celles qu’on utilisait autrefois. Seule la résine du commiphora myrrha est la myrrhe originelle et la plus précieuse de cette espèce.

  • Le labdanum

Résine du ciste, arbrisseau méditerranéen donnant des fleurs, les Anciens la croyaient produite par la crasse de leurs moutons dont la laine était pleine quand ils revenaient des pâturages. Les Crétoises le brûlaient pour parfumer leurs corps, cheveux et vêtements. Rare, il est très cher.

  • Le storax, l’opoponax, le mastic du lentisque et le galbanum figurent parmi les autres résines utilisées dans l’Antiquité mais plus dans des parfums huileux. Certains figuraient néanmoins dans la recette du kiphy, de l’encens du Deutéronome ou d’autres mélanges à brûler. img_6825

 

  • Des épices

Elles étaient effectivement beaucoup plus employées en parfumerie qu’en cuisine et certaines étaient utilisées comme parfums à brûler.

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  • La cannelle

La vraie cannelle venait d’Inde, mais les commerçants arabes faisaient croire qu’elle poussait chez eux. On connaissait déjà la vraie cannelle – d’Inde et du Sri Lanka – et la fausse, appelée casse, venue de Chine. Les deux étaient brûlées et c’est une bonne idée que d’essayer les deux.

  • La cardamome noire

Si aujourd’hui on préfère la verte qui est la seule qu’on consomme en Occident, c’était autrefois la noire, plus âcre et fumée, qui était appréciée et qu’on employait dans les parfums.

  • Le safran (photo ci-dessus)

On dit qu’Alexandre le Grand sentait le safran. Toujours aussi cher qu’autrefois, il était surtout utilisé comme parfum à brûler, même s’il était aussi utilisé dans les parfums huileux. Mais il était plus particulièrement estimé à Rome où son emploi atteignit des sommets dans le luxe et l’absurdité, et son excès fut critiqué chez les poètes et écrivains de l’époque.

  • Pour l’expérience olfactive de votre choix :

 

  • Matériel
  • Charbon
  • Pince à charbon
  • Plat ignifugé
  • Flamme
  • Résines et épices de votre choix

 

  • Utilisation

Après avoir complètement enflammé le charbon avec la pince, déposez-le dans le plat ignifugé. Déposez-y la résine ou l’épice de votre choix et laissez-la libérer ses huiles essentielles au contact de la chaleur. Mettez-vous au -dessus de la fumée et faites l’expérience des parfums originels, de ces toutes premières senteurs appréciées de notre histoire.

Quand le produit est presque complètement carbonisé et ne produit plus de fumée odorante sur le charbon, dégagez-le avec la pince et testez une autre senteur ou continuez avec la même selon votre désir.

Cet article, cette recette et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.