Ma Kibell, l’étonnant Lush breton

En allant sur la côte normande cet été, j’ai été surprise par une enseigne complètement inconnue de cosmétiques aussi nombreux que chez Lush. C’est français, – bon, d’accord, les Bretons ne diraient pas ça – l’enseigne annonce des produits responsables et durables en toutes lettres et ça ne s’appelle pas Aroma Zone mais Ma Kibell.

Les boutiques n’essaiment pas partout, mais d’abord en Bretagne, où l’entreprise est née, et commencent à envahir quelques villes de la Normandie, où j’ai rencontré par hasard une boutique. Évidemment, la curiosité m’a démangée !

Et pour répondre tout de suite à la question qui nous préoccupe en premier lieu, Ma Kibell signifie baignoire, en Breton.

D’après leur site, l’histoire commence en 2019 avec 2 professeurs en cosmétique à l’université catholique de l’Ouest de Guigamp : ils créent une entreprise à leur domicile en fabriquant d’abord des savons et sels de bain.

En changeant de mains en 2014, de nouveaux professeurs, Séverine Pallu et Pascal Morcel, offrent au projet un atelier de fabrication à St Donan. En 2015, de premiers magasins ouvrent à St Brieuc, qui donneront d’autant plus de petits que la gamme va s’étendre, mais toujours en Bretagne.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que je ne les découvre que 10 ans plus tard ; si vous n’allez pas sur la côte ouest, vous ne rencontrez pas ces enseignes.

Les savons.

La boutique est vraiment riche : il y a un peu de tout pour le corps, le visage, l’entretien de la maison et même le soin des animaux. Des savons, shampooings, serviettes, déodorants, produits pour la vaisselle, bougies parfumées, trousses de toilette, brosses, pinces à cheveux, etc..De quoi acheter en un même endroit plein d’articles de la maison et la toilette, comme dans les drogueries d’autrefois. Et là, pas d’ambiance guindée : on se sent vite à l’aise.

Le vétiver pour une odeur délicate, et surtout naturelle.

L’identité de Ma Kibell reste unique : des produits, souvent locaux, à base d’algues, de fruits de la région, de lait ribot, des emballages et accessoires souvent végétaux, durables et originaux : des bois, des racines, des pots de yaourts en verre, des contenants recyclés ou recyclables. L’offre est vraiment très étendue : il y en a vraiment pour tout le monde, de façon incontestable.

Shampoing en boîte de fromage.

Ayant conscience que ce qui rend une entreprise viable ne correspond pas forcément aux attentes du client idéaliste – et avec des attentes personnelles dont les limites sont ses rêves et ses intolérances individuelles, à certains matériaux utilisés, par exemple – je me garderai de critiquer certains choix qui sont peut-être obligatoires quand on veut pouvoir être rentable. Les clients, c’est une entité culturellement forgée par une histoire d’habitudes et de produits attendus qui vont décider de leur achat ou non, et réussir en entreprise, c’est en avoir conscience.

Nettoyer le visage au cocon de soie ! Une idée incroyable !

Je vais donc m’en tenir à ce qui me plaît, que je retiens et qui fait que j’ai été contente de découvrir l’enseigne :

  • La transparence n’est pas un vain mot : la composition est notée sur l’écriteau même qui vous présente le produit, et jusque sur leur site, la composition est proposée dans le latin scientifique du formulateur mais aussi dans le français du client. Ça a l’air d’être un détail, mais en réalité, c’est la seule vraie façon de rendre le client pleinement libre de ses choix en toute conscience. Nous sommes nombreux à être allergiques : pouvoir se diriger rapidement vers ce qui nous convient en toute sécurité est primordial.
  • Des ingrédients connus et courants en cosmétique « maison », ce qui est plus que rassurant, car on a forcément utilisé ces produits dont nous avons de ce fait déjà l’expérience.
  • Mais pour moi, le top chez eux et que je n’ai pas vu ailleurs, c’est l’amour des belles matières qu’on utilise avec beaucoup de créativité pour une société qui cherche des solutions durables. En tant que reconstitutrice de parfums historiques qui ne travaille qu’avec le naturel, voir des boules de vétiver pour les placards, de vraies éponges de Grèce, des porte-savon en argile qui font aussi office de pierre gommante pour le corps ou du charbon actif japonais pour purifier son eau, c’est vraiment le paradis des bonnes idées ! Ce que je trouve particulièrement inspirant.
  • Et bien sûr les matières premières locales valorisées : ce qui m’a même poussée à me renseigner sur les algues de nos côtes et découvrir qu’elles ont longtemps fait l’objet d’une importante exploitation dans notre histoire, et qu’elles possédaient des super pouvoirs.
  • D’autre part, étant globalement allergique au parfum de synthèse, je mets une mention très bien à une entreprise qui sait proposer un même produit avec ou sans parfum, ce qui permet en somme, d’accueillir tout le monde.
Les éponges grecques telles que les Grecs les proposent dans les boutiques spécialisées.
  • Enfin, contre toute attente, le passage et les discussions dans la boutique prouvent que Ma Kibell est connue et estimée dans sa région, et même, qu’on en est plutôt fier, là-bas !

Le site de Ma Kibell ( mais le mieux est quand même de rencontrer une boutique)

Votre déodorant, vous le voulez avec ou sans parfum ?
Encore une super idée !

Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

DIY : cérat antique au lait d’ânesse

Si vous connaissez ce blog et si vous connaissez mon livre, vous savez que pour différentes raisons variées, ma préférence en matière de parfums et cosmétiques va à ceux qui sont les plus minimalistes, anciens et locaux – si possible. Plusieurs raisons à cela, mais l’une d’entre elles, non négligeable, est que mes recherches m’ont menée à accumuler plus de connaissances dans les procédés et techniques anciens que dans des modernes. Une logique à rebours qui me permet finalement d’explorer ce que la richesse des savoirs anciens a eu et a encore à nous apporter, à cette époque de grandes questions environnementales.

C’est ainsi que j’ai eu l’idée de réunir deux grands classiques stars et indissociables du monde de la cosmétique antique : le cérat et le lait d’ânesse.

On ne présente plus le lait d’ânesse, grande star historique des soins de beauté de l’impératrice Popée – mais que la publicité a préféré attribuer à Cléopâtre – immortalisé par Pline dans son Histoire Naturelle. On y apprend ainsi que la femme de Néron l’employait pour ses bains, mais aussi comme tenseur de la peau du visage. Dans mon livre Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, je vous le propose en masque tenseur pour le visage. Encore à l’heure actuelle, il continue d’avoir cette réputation et est facilement employé dans les produits anti-âge.

Enfin, il a des qualités hypoallergéniques et anti bactériennes, d’après le site Allô Docteur, ce qui le rend tolérable pour tous types de peaux. .

Article Lait d’ânesse Allô Docteur

Des qualités qui lui ont longtemps permis de remplacer le lait maternel chez les nourrissons qui ne supportaient pas les autres substituts.

Le cérat non plus ne se présente plus puisque c’est la crème de Galien dont la recette nous est connue depuis presque 2000 ans, toujours actualisée dans la pharmacopée moderne, et qui, à ce titre, sert de base à d’autres soins. Ce soin universel d’une grande douceur continue d’être employé pour son efficacité autant que pour sa neutralité.

Pour autant, le cérat que j’emploie est plus ancien puisqu’il s’agit de celui d’Hippocrate – maître revendiqué de Galien qui lui a donné la place qu’il a aujourd’hui dans l’histoire de la médecine. La recette, beaucoup plus minimaliste, ne contient ni eau, ni rose ni borax. Servant de base à tout un tas d’autres remèdes médicinaux de l’Antiquité, c’est toujours le classique incontesté, la base minimale.

Ingrédients

– Huile d’olive : 4 cuillères de 5 ml

– Cire d’abeille : 1 cuillère de 5 ml

– Lait d’ânesse en poudre : 1 cuillère de 5 ml

– Argile blanche en poudre : 2 cuillères de 2 ml (ou 2 grammes)

– Eau

Matériel

– Pot vide

– Plusieurs bols pour mélange et bain-Marie, fouet cosmétique, cuillère mélangeuse

– Coton et alcool pour stériliser le matériel

– Étiquette et stylo pour écrire vos informations

– Cuillères doseuses 5 ml et 2 ml

– Balance de précision (si vous n’utilisez pas la cuillère de 2 ml)

– Pipette

Nettoyez à l’alcool tout le matériel que vous allez utiliser : c’est d’autant plus important que cette recette ne contient pas de conservateur.

Dosez dans un bol à faire chauffer doucement l’huile d’olive et la cire d’abeille. Mettez à fondre.

Pastilles de cire dans l’huile d’olive froide

Pendant ce temps, dosez le lait d’ânesse en poudre et versez-le dans un autre bol à cosmétique. Versez un peu d’eau tiède dans un autre bol et aspirez-en à la pipette que vous viendrez mettre goutte à goutte dans votre lait en poudre tout en mélangeant parfaitement. Vous devez obtenir un liquide très épais, suffisant pour être dissous mais dans le minimum d’eau possible. Remuez bien pour ne laisser aucun petit grain.

Lait d’ânesse concentré au minimum d’eau

Quand le cérat est fondu, laissez-le complètement refroidir.

Quand le cérat a durci, ajoutez-y le lait que vous allez y incorporer, puis la poudre d’argile blanche. (NB : l’idée de mettre l’argile blanche m’est venue après donc je l’introduis après solidification mais cela s’intègre aussi à chaud pour une plus grande homogénéité).

Mélange final

Mettre en pot à la cuillère, à froid, une fois votre mélange bien réalisé. Étiquetez avec le nom du produit et marquez la date de votre réalisation.

Surveillez chaque jour la tenue de votre pommade car elle contient de l’eau sans aucun conservateur. Voilà, vous avez une pommade aux ingrédients gréco-romains, sans parfum, sans conservateur et à près de 20% de lait d’ânesse.

– Remarques

C’est une recette qui mélange ingrédients romains et recette grecque qu’on utilisait encore chez les Romains. L’argile blanche, connue aussi dans l’Antiquité, sert ici à matifier, à rendre la crème – et donc l’apparence de la peau – moins grasse. On utilisait l’argile blanche pour beaucoup d’applications et notamment, c’était le savon préféré des Atheniennes.

La technique de mêler le liquide au mélange une fois le cérat durci est issue d’un ouvrage de parfumeurs du XVIII ème siècle et n’est donc pas une invention personnelle. Je croyais moi aussi que l’eau et l’huile ne se mélangeant pas, on avait forcément besoin d’un émulsifiant spécial, mais les Anciens étaient bien plus malins que ça ! Et pour l’avoir testé plus d’une fois, je sais que ça fonctionne et que ça tient dans le temps, n’empêchant pas votre produit d’être auto-conservé s’il contient vraiment peu d’eau.

Par sécurité, je vérifie chaque jour l’apparition d’éventuelles moisissures ou signes de corruption, mais au bout de 9 jours, ce n’est toujours pas le cas.

– C’est une crème très douce et très bien tolérée : vous pouvez en mettre sur vos lèvres, vos mains et partout où vous en avez besoin car elle est très confortable.

– Dans mon délire lait d’ânesse, j’aurais voulu que ce cérat soit tout blanc, mais il ne pourrait jamais l’être à des conditions antiques et de simplicité, donc ce n’est pas ce que j’ai choisi pour cette recette, mais rien ne vous empêche de la tester avec du beurre de karité, mais aussi de varier les proportions d’argile blanche. Bref, amusez-vous !

Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

DIY : Bain de bouche concentré à la sauge

Ayant des problèmes de gencives, je tente et teste beaucoup de produits d’hygiène dentaire du commerce ordinaire et de parapharmacie.

En lisant le livre de Maria Trében : La santé à la pharmacie du Bon Dieu, j’ai vu qu’elle recommandait la sauge pour ce genre de problèmes : « inflammation de la cavité buccale », « dents branlantes et saignantes », « déchaussements des dents et tumeurs gingivales ». Elle recommande ainsi une simple tisane en gargarisme à 1 cuillère à café pour 1/4 de litre d’eau.

Cette tisane utilisée en gargarisme est effectivement recommandée par certains dentistes – la sauge ayant par ailleurs une très bonne réputation comme plante médicinale depuis les temps les plus anciens.

Fatiguée de faire tous les jours de la tisane, j’ai décidé de stabiliser la préparation pour me libérer de cette contrainte journalière en créant un bain de bouche aussi efficace que durable et uniquement à base de plantes, sans alcool ni conservateur de synthèse.

Mission accomplie ! Voilà 8 jours qu’elle a été faite et ne montre aucun signe de corruption. Mais pour y arriver, il faut suivre la recette et respecter strictement les conseils d’hygiène. Vous êtes prêt ?

– Ingrédients

– Sauge séchée : 4 cuillères à soupe

– Eau : 1 litre

– HE clous de girofle : 4 gouttes

– Matériel

– Casserole

– Verre doseur

– Petite bouteille de verre neuve ou stérilisée (obligatoire !)

– Tamis

– Entonnoir

– Étiquette, stylo

Mettre les feuilles séchées et l’eau dans la casserole, faire chauffer et bouillir. Continuer la décoction jusqu’à belle réduction du liquide. Passer au tamis pour enlever les feuilles et remettre dans la casserole pour affiner votre réduction jusqu’à environ 200 ml (le verre doseur sert à le vérifier).

Laissez refroidir votre préparation puis versez-la avec l’entonnoir dans votre bouteille stérilisée ou neuve – j’insiste sur son hygiène qui doit être irréprochable ! -.

Finissez par les 4 gouttes d’huile essentielle de clous de girofle. Fermez, mélangez et collez dessus une étiquette indiquant ce que c’est et la date de réalisation. Voilà, votre bain de bouche sans alcool est prêt !

– Variante sans HE

Vous n’avez pas d’huile essentielle de clous de girofle mais souhaitez quand même réaliser cette recette ?

Comptez 6 grammes minimum de clous de girofle, concassez-les pour libérer les huiles essentielles et intégrez-les à votre préparation avant de mettre la tisane à chauffer.

Puis suivez la recette normalement.

– Utilisation : ce produit est un concentré pour remplacer des tisanes, il se prend donc en dilution et ce d’autant plus que la présence d’une grosse dose de sauge en fait un produit fortement dosé malgré sa formulation 100% naturelle.

Utilisez un petit bouchon que vous mélangerez dans la même quantité d’eau pour faire votre bain de bouche.

– Remarques : le mélange est fort mais contrairement aux bains de bouche ordinaires à l’alcool, il ne pique pas, n’irrite pas et peut donc se garder de longues minutes si on le désire.

– L’étiquette mentionnant la date est très importante : elle vous permet de contrôler la durée de vie du produit. Il est prévu pour être auto-conservé et donc ne pas se corrompre, mais des paramètres dans l’environnement peuvent changer là situation. Assurez-vous toujours que le produit n’est pas dégradé ( moisissures, odeur qui change, etc. )

– Pour conserver le mieux possible votre produit, ne mettez pas les doigts dans le bouchon, sur le goulot et nettoyer de temps en temps le bouchon à l’alcool ou au savon.

– Notes sur les plantes :

– La sauge est anti bactérienne et anti inflammatoire. Elle ne présente pas de danger mais est déconseillée aux femmes enceintes, allaitantes et aux épileptiques (il est à remarquer néanmoins qu’on ne l’utilise ici qu’en gargarisme et non en interne !)

– L’huile essentielle de clous de girofle – comme le clou de girofle – a une certaine toxicité en cas de surdosage, mais à une goutte pour 50 ml, dilué encore dans 50 % d’eau, et non avalé, pas de soucis !

L’avantage du clou de girofle est double : c’est à la fois un conservateur naturel très efficace par son action antibactérienne puissante, et de ce fait, c’est un produit dont l’odeur est très associée aux dentistes dont le principe actif, l’eugénol est abondamment employé dans cette profession. Issu principalement du clou de girofle qui en contient plus de 70 %, il est utilisé dans presque tous les produits d’hygiène dentaire : dentifrices, ciment dentaire, bain de bouche, etc…

Attention : l’HE de clou de girofle est déconseillée aux femmes enceintes, aux enfants de moins de 6 ans et aux personnes souffrant de troubles de la coagulation. Ne pas ingérer.

Enfin, est-il besoin de vous dire qu’en cas d’allergie, intolérance et autre désagrément à l’usage, vous ne devez pas prendre ce produit ?

Cet article, photos et recettes sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Réalisation d’une pommade 18 ème siècle en images

Le mois dernier, j’ai tenté une recette qui m’attirait depuis quelques temps, trouvée dans un ouvrage destiné aux parfumeurs et daté du 18 ème siècle.

C’est une pommade pour les lèvres légèrement teintée et comme toujours au 18 ème siècle, entièrement naturelle. Un siècle plus tard, les choses auront bien changé et la chimie s’invitera dans les parfums et cosmétiques.

Pour autant, en 1920, encore, quand apparaîtra le premier rouge à lèvres, il aura pour base les modestes ingrédients de cette recette : un cérat pour base, du raisin et de l’orcanette pour la couleur. Et c’est tout ? Et bien oui.

Le cérat chauffe tandis que les grains de raisin attendent l’heure de leur entrée en scène.
Les voilà réunis. Je les abats au presse purée.
Cuisson.
Je retire la chair et les pépins.
J’ajoute l’orcanette.
Après plusieurs tâtonnements, je décide de faire ce que je crois juste car l’ouvrage ne mentionne comment parvenir à une homogénéité.
Je remets le cérat que j’avais retiré du mélange.
J’unis l’un et l’autre : j’ai effectivement une pommade rosée.
Je mets en pots de format baume à lèvres contemporain. J’ignore comment étaient les contenants au 18 ème siècle.

Vous voulez sans doute savoir le reste : ça hydrate bien, ça a la force colorante d’un gloss discret, ça sent bon et le raisin laisse un délicieux petit goût sucré sur les lèvres. L’ouvrage précise que ce produit se conserve 2 ans !

Bien sûr, j’imagine qu’en fonction des variétés de raisin noir, il est possible d’avoir des couleurs plus ou moins intenses, sachant que celles-ci devaient être moins variées qu’aujourd’hui. En les identifiant, on aurait la palette des rouges possibles au 18 ème siècle, du moins pour cette pommade.

Enfin, c’est évidemment un produit pour les aristocrates, et forcément un produit saisonnier qu’on ne pouvait faire qu’à l’époque de la récolte du raisin. Il en était donc un peu du rouge à lèvres pour les dames comme du vin pour les messieurs.

DIY : Nettoyant universel d’inspiration antique

L’année dernière à la même date sortait officiellement mon livre Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, auquel vous avez vraiment fait bon accueil, et je vous en remercie. Les livres ouvrent souvent des perspectives pour s’enrichir, voir les choses autrement, ou – comme dans le cadre de mon ouvrage – retrouver un patrimoine cosmétique simple et naturel dont nous avons actuellement plus que besoin.

Pour ma part, mes recherches ont changé ma façon de concevoir les cosmétiques, les parfums, de par le fait que je les travaille sur bases traditionnelles et oubliées dans nos sociétés, mais aussi parce que hypersensible, je fais intolérance à de plus en plus d’ingrédients cosmétiques et de parfums chimiques.

Pour fêter l’anniversaire de mon ouvrage, j’ai décidé d’offrir à mon lectorat une base de recettes de nettoyant universel sur la base de ce qu’utilisaient les Anciens – et que les sociétés traditionnelles conservent également : un fruit oléagineux à coque, une argile, et une plante à parfum. Et c’est tout ! Un produit basique et 100% naturel dont la formule très simple, très douce et efficace peut se réaliser partout, pour très peu d’argent, et peut se conserver longtemps.

– Équipement : bol, cuillère à café, boîte cosmétique – si vous voulez conserver ce produit

– Réalisation : 2 à 3 minutes

– Temps d’application : 1 à 2 minutes

– Conservation : non, cosmétique frais si mouillé mais conservation de plusieurs mois si non mouillé.

Recette végane

– Ingrédients : 2 c.à c d’amande en poudre, 1 c. à c de kaolin en poudre, 1 c. à c d’iris en poudre, un peu d’huile d’amande ou d’olive, eau.

– Dans votre bol, mélangez la poudre d’amande, le kaolin et l’iris. Pour lier le tout, mettre quelques gouttes d’huile de votre choix qui vous permettront d’obtenir une pâte grossière. Ajoutez quelques gouttes d’eau avant de nettoyer votre visage en de petits mouvements circulaires. Rincez abondamment quand vous avez massé toutes les zones de votre visage – ce nettoyant s’utilise également pour le corps.

Vous pouvez ensuite appliquer une crème, une huile, un beurre végétal ou rien du tout si vous avez la peau qui regraisse vite. Vous pouvez aussi entreprendre un soin du visage, rendu favorable par la douce exfoliation et la qualité purifiante du kaolin. Enfin, l’iris – qui servait de nettoyant autant que de parfum – vous permet de garder une légère odeur sur la peau.

Ce nettoyant universel basique combine des ingrédients utilisés dans l’Antiquité pour nettoyer le visage et le corps, comme vous avez pu le lire dans mon livre : poudre d’amande, iris, kaolin. Dans le livre, les recettes des médecins ou botanistes les proposent seuls, mais le cosmétique de Cléopâtre – qui était aussi un nettoyant visage et corps très parfumé – consiste en le même genre de composition : un dessicant, une base végétale riche et des plantes à parfum. (Dans ce nettoyant royal, c’est la combinaison des plantes à parfum qui est très complexe, ce qui est normal pour le cosmétique d’une grande reine.)

Vous allez peut-être me dire que vous n’êtes pas Cléopâtre et que vous, vous êtes plus concernée par la culture africaine, par exemple.

Et bien, comme ma recette est conçue comme une base universelle, elle peut s’adapter à votre peau, votre ethnie, votre envie de découverte ou de voyage pour peu que vous respectiez la base des ingrédients : le fruit oléagineux à coque, l’argile, la plante à parfum.

Pour l’Africaine, j’ai donc formulé :

2 c. à c de poudre de coco, 1 c. à c de kaolin, 1 c. à c de souchet en poudre (Nagarmotha chez AZ, gowé au Mali), huile de coco (ou de votre choix)

Réalisez et employez la recette de la même manière que l’Européenne. )La légère odeur de souchet qui reste sur la peau est juste magnifique !).

Vous voulez formuler autrement que je ne l’ai fait ? Pas de problème ! Respectez la recette de base et faites la recette naturelle de votre terroir ou celle avec laquelle vous avez envie de voyager.

– Idée recette Maghreb

– 2 c. à c de poudre d’amande, 1 c. à c de rhassoul, 1 c. à c de poudre de rose. Huile d’olive ou d’argan, quelques gouttes d’eau de rose

– Idée recette Asie

– 2 c. à c de poudre d’amande amère, 1 c. à c de kaolin, 1 c. à c de poudre de santal. Huile de sésame ou huile au choix, etc.

Vous pouvez également adapter la recette en fonction de vos besoins : une argile verte pour les problèmes d’acné qui nécessitent une terre plus absorbante, des proportions qui changent selon votre qualité de peau – plus d’amande avec la peau sèche, etc.

Vous pouvez introduire des ingrédients plus surprenants dans nos sociétés mais tout à fait traditionnels ailleurs :

– des feuilles de henné – qui servent dans les soins de la peau pour leur vertu purifiante –

– du curcuma – très utilisé dans les cosmétiques en Inde où il a la vertu d’illuminer les peaux sombres (un grand classique du mariage indien !)

– les bois odorants peuvent donné une odeur magnifique : Hinoki, santal, cèdre, genèvriers…

– la fleur de lavande, rose, camomille – uniquement les fleurs parfumées inoffensives et auxquelles vous ne faites pas allergie, évidemment !

En revanche, n’utilisez ni épices ni résines. Privilégiez les ingrédients simples que vous connaissez, sur lesquels vous êtes renseignés – et que vous aimez, tout simplement !

Vous voulez adopter ce nettoyant ?

Vous pouvez en préparer d’avance et le conserver dans un pot cosmétique propre et hermétique. Étant auto-conservé, tant que vous n’y introduisez pas d’eau, il se conservera longtemps. Vous pouvez y mettre les gouttes d’huile, mais comptez qu’il se conservera peut-être moins longtemps à cause du rancissement possible. Pour le conserver plus longtemps, optez pour la poudre brute – sachant que l’amande est quand même un oléagineux et risque aussi le rancissement.

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Partagez le lien et n’oubliez pas l’auteure : Maud Kochanski-Lullien.

Vous n’avez toujours pas lu Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, sorti chez Améthyste, des éditions Alliance Magique ?

Il est ici : https://www.alliance-magique.com/plantes-huiles-essentielles-et-cristaux/428-fabriquez-vos-soins-naturels-de-l-antiquite.html

Cet article, photos et recettes sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Quels cosmétiques au Labo ?

Le Labo de Cléopâtre est, depuis ses débuts, un projet de reconstitution autour des parfums et cosmétiques de l’Antiquité, qui a commencé avec Cléopâtre. Mais comme dans tout domaine, il n’est pas d’objet d’étude qui ne soit, de près ou de loin, relié à son hérédité. La durée d’un cosmétique dans le temps va donc souvent du cosmétique historique au cosmétique traditionnel s’il est adopté durablement. Le cosmétique industriel, de conception moderne, a la même origine mais s’éloigne de la tradition et des croyances pour atteindre des buts plus directs.

Dans mon livre Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité, vous avez l’exemple type de ce qu’est un cosmétique historique, et ses liens avec les cosmétiques traditionnels : Il est aussi assez courant de trouver des cosmétiques de l’époque gréco-romaine – devenus historiques car plus employés dans notre société – toujours vivaces dans une autre société qui y accorde de l’importance et continue de les employer.

L’adage : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. » se vérifie donc aussi beaucoup en matière de sciences, techniques et savoir-faire. Ainsi, bien que la société égyptienne ait abandonné la culture de ses anciens pharaons depuis l’Antiquité, la médecine populaire conserve et pratique toujours des recettes médicales inchangées depuis l’époque des pyramides. Un savoir qui a paru bon, utile, auquel on a crû ne disparaît jamais totalement : soit il est conservé intégralement, soit il est transformé, soit une autre société le conserve.

Sachant cela, je fais donc la distinction entre cosmétique historique, traditionnel et industriel.

– Le cosmétique historique a une recette datée – mème si elle peut se prolonger sur des millénaires durant – après laquelle il n’est plus du tout pratiqué. Bien que ce ne soit pas un cosmétique, je pense ici au kyphi, qui commence son office dans l’Egypte antique et dont on retrouve encore la recette dans les remèdes pharmaceutiques du 17-18 ème siècle.

– Le cosmétique traditionnel, toujours vivant, remonte à des temps ancestraux et continue d’être pratiqué par une ou plusieurs sociétés. Il a les caractéristiques d’un produit traditionnel : il emploie des matières premières et locales, spécifiques d’une société qui en connaît les vertus depuis des siècles. Il associe des connaissances chimiques anciennes à des savoir-faire imprégnés de culture.

– Le cosmétique industriel, conçu, testé et développé selon les dernières connaissances technologiques, vise un résultat précis à un coût fixé par la gamme de produits dans laquelle il s’inscrit et qui va déterminer le choix des matières premières et des techniques. C’est le plus rentable quand on se fixe un objectif esthétique, mais c’est le moins connecté à du culturel.

Dans la boutique du Labo de Cléopâtre, je ne vais évidemment proposer que les 2 premiers types de cosmétiques puisqu’ils ont tous 2 un lien avec la reconstitution : historiques, ils appartiennent au passé, traditionnels, ils sont toujours employés quelque part sur la Terre, et selon des critères et valeurs culturels qui nous sont étrangers mais dont les racines symboliques sont fortes.

En tant que projet de reconstitution des parfums et cosmétiques anciens, ce ne sont donc pas des produits faciles d’accès qui vous sont proposés dans le boutique du Labo, dès lors qu’il y aura écrit « historique » ou « traditionnel » – même s’il n’est évidemment pas question de vous proposer des produits toxiques comme les anciens fards au plomb qui ont sévi de l’Antiquité jusqu’au 18 ème siècle et plus !

Bien évidemment, c’est moi qui réalise les recettes, les conditionne et leur donne leur orientation dans une offre produit pas du tout calibrée pour l’industrie et l’usage cosmétique habituel. Pour autant, les recettes, issues de documents, sont suivies autant que possible à la lettre et ce d’autant plus que le produit est diffusé dans un but de connaissances et de transmission de certains savoir.

Il y aurait ainsi plein de choses à dire et découvrir en comparant un noir aux yeux du commerce avec un khôl traditionnel algérien ou bien encore avec un kajal indien noir profond; un parfum au solvant alcoolisé à 99% de molécules chimiques et un parfum huileux à 100% enfleurage. C’est une question de matières premières, de techniques, de savoir-faire et de culture qui se voit au résultat, mais à condition d’y être attentif, d’être connaisseur ou passionné. Autant dire que ce n’est pas forcément accessible au premier venu, et encore moins à quelqu’un qui cherche juste à se maquiller ou trouver un soin quelconque !

En somme, à quoi ressemble un cosmétique traditionnel ? A un plat du terroir, une recette qu’on connaît depuis des siècles, voire, des millénaires, qui ne se serait pas démodée et que toute une société approuve.

Et à quoi ressemble un cosmétique historique ? Un plat du terroir que l’usage n’a pas conservé car on a trouvé moins cher, plus efficace ou que les ingrédients dont il est composé ne se trouvent plus facilement et qu’il a fallu y renoncer.

En résumé, vous voulez acheter un cosmétique ? De bonnes boutiques agrées vous en proposent un peu partout et à tous les prix.

Vous voulez découvrir l’histoire des parfums et cosmétiques ? Bienvenue au Labo de Cléopâtre .

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Fabriquez vos soins naturels de l’Antiquité

Vous suivez ce blog et êtes déjà intéressés par mon travail depuis longtemps ?

Si vous voulez en apprendre plus, sachez que mon projet s’est aussi incarné dans un livre qui sortira ce 27 mai 2021 chez Améthyste, du groupe Alliance Magique. Et déjà en prévente à partir de ce jeudi, avec un marque-page offert pour les 50 premières commandes.

Qu’est-ce que vous allez retrouver dans ce livre ? Exclusivement des recettes de beauté datant authentiquement de l’Antiquité, que j’ai cherchées dans les livres anciens pendant des années. Ces recettes concernent toutes ce qu’on peut appeler la médecine ancienne de notre civilisation.

Oui, il y a dedans des recettes de Cléopâtre, la reine d’Egypte ayant aussi été une référence médicale au point que les médecins compilateurs ont conservé quelques-uns de ces écrits en les copiant et citant leur origine.

Mais il y sera surtout question de beauté, hygiène, soins et parfums. Vous vous demandez comment les Anciens nettoyaient leur visage, leurs cheveux, leurs dents, comment ils teignaient leurs cheveux ou se maquillaient et comme ils prenaient soin de leur peau ?

Je vous le raconte dans ce livre en vous , de manière très facile et accessible, vous donnant la possibilité de faire de même. C’est donc à un voyage dans le temps et en beauté que je vous invite avec cet ouvrage. Une dimension que vous connaissez bien si vous suivez le blog du Labo de Cléopâtre depuis longtemps.

Un voyage où ne sont invitées que des matières premières, principalement végétales et quelquefois dérivées d’animaux mais dont vous avez l’habitude comme la cire ou le miel.

Ce sera aussi l’occasion de comparer avec les autres cultures traditionnelles des soins de beauté : monde indien et arabo-musulman.

Alors, je vous embarque ?

Les photos et illustrations sont toutes de Céline Morange et de son équipe au sein d’Améthyste, du groupe Alliance Magique.

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Le parfum d’Aphrodite ?

Si sur le blog sont développés des articles qui demandent réflexions et construction, la Page Facebook du Labo de Cléopâtre – qui mêle nouveautés de la boutique, créations parfumées, images d’art ou nouvelles archéologiques – véhicule des informations plus fugaces.

C’est ainsi qu’à la suite d’une recherche sur Athènes  où je devais me rendre en octobre, j’appris par un article en ligne pour voyageurs, ici que le musée archéologique y avait ressuscité le parfum d’Aphrodite. Le parfum d’Aphrodite ? Un rêve quand on a créé Echodecythère, le domaine d’Aphrodite, une aberration quand on a créé le Labo de Cléopâtre et qu’on sait qu’il n’y eut jamais de parfum d’Aphrodite qui puisse se prétendre ressuscité. Une appellation qui doit sûrement faire rêver par son évocation mythologique, érotique et racoleuse puisqu’on la retrouve dans un autre titre à propos du même événement.

Certes, c’est une absurdité pour moi qui recréé ces parfums anciens, néanmoins, je partage l’article sur la Page FB pour les informations qu’il contient et surtout parce qu’en tant que créatrice de senteurs anciennes, habituée à refaire les parfums selon les recettes des médecins de l’Antiquité au plus près de la manière dont ils les ont transmises dans leurs écrits, si moi je ne ne fais pas, qui le fera ?

Et bien entendu, je garde en tête l’information pour mon voyage et n’ai de cesse de me renseigner sur le lieu où se trouve ce fameux musée car je ne suis jamais allée à Athènes.

Le parfum est présenté dans le cadre d’une exposition « Les aspects du Beau », qui réunit de magnifiques pièces de l’Antiquité autour de ce qu’on considérait comme la Beauté. La première à nous accueillir est l’Aphrodite pudique, en tête de cet article. Dans le fond de la pièce, dans un ballon de verre de chimiste transparent, vissé au mur et le col protégé par une grille, apparaît le fameux parfum.

Tant qu’il n’a pas révélé son secret olfactif, un parfum, au visuel, c’est tout et c’est rien. Celui-là, il est rose fuschia, presque rouge, et c’est notamment pour ça qu’il attire l’oeil. Il est aussi mis en scène grâce à un éclairage accentué et des panneaux tendus de tissu noir pour le mettre en valeur. Impossible de le manquer, donc ! Il faut dire qu’au milieu des statues et des objets anciens d’une grande beauté, sa présentation dans du matériel de laboratoire de chimie fait tache. Pourtant, ce n’est pas pour ça qu’il est rouge. Dans l’Antiquité, les parfums huileux étaient en effet teintés en rouge.

 

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Alors, qu’est-ce que ça sent ? Et comment ça sent ?

Ca sent bon, ça sent la rose, ça sent les ingrédients naturels de qualité, et ce de façon puissante. La rose – qui n’était pas un ingrédient exotique mais courant – et un autre aromate européen assez simple et délicieux – tel que coriandre, romarin, sauge, je ne sais pas trop -. Le résultat est vraiment excellent d’un point de vue qualitatif.

D’un point de vue technique et historique, pourtant, la senteur est trop puissante pour un parfum antique dont la recette entraîne une durée de réalisation malgré tout limitée dans le temps, ce qui impose nécessairement une intensité plus faible à l’odeur – problème auquel je suis confrontée en permanence à l’atelier – mais qui devait entrer aussi dans les données culturelles puisque choisies pour des raisons symboliques et magiques – ce que chacun oublie un peu trop.

L’autre problème majeur est le solvant, le « corps » du parfum, comme disait Pline. Ici, ce n’est pas de l’huile, comme c’était le cas dans l’Antiquité – et tels que je les reproduits dans mon atelier avec les aléas que ça comporte – mais de l’alcool. Un choix qui se comprend pour un produit soumis aux bactéries de millions de visiteurs curieux de cette ancienne fragrance, car la solution est en effet stérile et sans danger. Pourtant, cela a une incidence réelle au niveau de la tenue du parfum et de son intensité. Il n’est ainsi pas de choix, pas de sacrifice technique qui ne se fasse au prix de l’odeur elle-même, tout excellent qu’ait été ce parfum.

Finalement, ce parfum, qu’est-ce que c’est ?

C’est un produit fait par une grande marque grecque de cosmétiques et parfumerie, KORRES, qui s’exporte bien et qui a bonne réputation; une valeur sûre pour ceux qui veulent s’assurer que c’est fait par quelqu’un qui sait. Sauf que c’est une notion contemporaine, les parfums n’étant pas conçus par des chimistes dans l’Antiquité mais par des artisans, parfumeurs de profession ou médecins apothicaires en accès direct avec les matières premières.

La notion « parfum d’Aphrodite » des articles français est bien sûr racoleuse, la déesse, ayant bien, selon la mythologie portés des parfums dont elle est aussi la déesse, aucune recette ne peut se targuer d’avoir été décrite comme son parfum, ce qui amplifie d’ailleurs son pouvoir d’évocation comme savent le faire le Nectar et l’Ambroisie dont elle se nourrissait.

L’exposition précise : parfum de l’époque mycénienne.

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Au musée archéologique lui-même comme dans les livres d’historiens spécialisés sur les parfums de l’Antiquité, on apprend que ce qui reste de la parfumerie antique et de l’idée qu’on peut se faire d’un parfum aussi ancien que l’époque mycénienne – de 1650 à 1100 av J-C – ne consiste qu’en des listes de plantes aromatiques sans mentions de quantités, recettes, techniques, ni produits finis. Autrement dit, il ne reste pas grand-chose.

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Si on le recoupe avec les informations données par les médecins ou botanistes tels que Galien, Dioscoride ou Théophraste, le parfum présenté constitue une recette tout à fait probable – de laquelle est bien sûr exclue l’alcool comme solvant, et l’origine de cette couleur rouge, autrefois dévolue au cinabre, minéral toxique, les matières premières brutes qui ont de fortes chances d’avoir été – par commodité, et ça se comprend – des huiles essentielles. Tout l’inverse de ce que j’utilise en atelier pour recréer des parfums anciens qui ne soient pas que dans l’odeur mais dans la matière également, tout détail conservé sur le produit d’origine étant une dimension de vérité ajoutée et des informations précieuses.

 

 

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Cet article et photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

 

 

Déodorants de l’Antiquité

Par cette vague de chaleur, le moment est tout choisi pour vous faire découvrir des déodorants de l’Antiquité qui peuvent s’avérer de véritables alternatives lorsque vous êtes allergiques aux produits chimiques, aux odeurs trop fortes, ou tout simplement curieux des anciennes façons de concevoir la beauté et l’hygiène.

  • La poudre d’alun

La pierre d’alun, qui a fait son grand retour au moyen des cosmétiques bio était déjà connu et utilisé par les Anciens pour sa lutte contre la transpiration. Oribase, grand compilateur de la médecine antique du V ème siècle, écrit ainsi : » Contre la fétidité des aisselles et l’odeur de bouc. Faites des embrocations avec la myrrhe ou l’alun. »

Par embrocation, l’auteur voulait dire que la poudre d’alun ou de myrrhe n’étaient pas appliqués directement sur la peau mais au moyen d’une substance grasse, huileuse, qui adoucissait le côté irritant des grains de la poudre.

( La poudre d’alun, a par contre, le désavantage de déposer des sels d’aluminum sur votre peau, en lesquels on a actuellement moins confiance )

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  • Ingrédients
  • Poudre d’alun
  • Cérat maison à l’huile d’olive ou beurre corporel cacao, olive, etc.IMG_6402
  • Marche à suivre

Sur aisselles propres et parfaitement sèches, appliquez une noisette de beurre corporel ou de cérat mêlé à un peu de poudre d’alun.

  • Les divers diapasmas

Les diapasmas sont des poudres sèches, de végétaux ou de minéraux reconnus dans l’Antiquité comme étant propres à parfumer et faire disparaître « l’odeur de bouc ». D’un point de vue pratique, on pourrait dire que tout ce qui aide à maintenir la sécheresse du corps et empêcher son humidité et donc la survenue des bactéries va empêcher les mauvaises odeurs.

Pour autant, culturellement, il y a ce qu’on est sûr qu’on employait puisque les textes médicaux en témoignent. On a ainsi vu la poudre de myrrhe, à employer comme la poudre d’alun.

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S’y ajoute :

  • de la poussière d’encens – idéale pour recycler les fonds de boîte
  • les feuilles de cannelle

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  • du jonc odorant

On trouvait également de l’épiaire – plante sauvage – des baies de laurier desséché et du myrte desséché.

  • De la poudre d’iris

Toujours employée, et comme la poudre d’alun, de retour après une éclipse, la poudre d’iris peut servir de déodorant à la fois antique et contemporain, puisqu’on le trouve facilement dans les commerces bio ou spécialisés.

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Sur aisselles propres et sèches, appliquez votre poudre de racine d’iris en plusieurs couches afin d’assurer la sécheresse, et appliquer de nouveau si besoin.

  • Les diapasmas élaborés

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Nettoyant de Cléopâtre

Il existait des recettes précises et élaborées de parfums poudreux qui étaient multi-usage et qui avaient surtout la fonction d’empêcher la mauvaise odeur de sueur. En réalité, elles étaient surtout utilisées par les aristocrates et les recettes employées étaient des senteurs célèbres. Dioscoride et d’autres médecins en donnent certaines recettes que vous pouvez découvrir dans ma boutique et auxquelles j’ai donné la fonction de senteur pour le linge mais qui servaient de déodorant et de parfum sec à leur époque. Parmi eux, le nettoyant de Cléopâtre, utilisé sec, peut servir à cet usage.

Les diapasmas de ma boutique et leur histoire sont ici !

  • De la terre de Sélinonte

Comme la terre de Kimolos, la terre de Sélinonte nous rappelle les diverses argiles, kaolin, ghassoul, utilisés pour se nettoyer ou assécher et qu’on utilise depuis des millénaires. Des terres argileuses qui ne laissent pas passer l’eau naissent les sources, puis les rivières et les fleuves. C’est donc tout naturellement qu’on peut employer la poudre d’argile qu’on trouve dans le commerce, sachant bien sûr qu’en fonction de la couleur de peau ou de la volonté de ne pas trop être marqué au niveau des vêtements, on peut choisir parmi les couleurs d’argile.

Au début de cet été, j’ai utilisé le kaolin comme déodorant. Il a bien fonctionné, j’ai donc décidé de le perfectionner un peu en le parfumant à l’Antique, sans huiles essentielles.

  • Ingrédients
  • Poudre de kaolin
  • Storax noir ( sachet de 50 gr)
  • Mortier et pilon
  • Bol
  • Cuillère
  • Bocal ou boîte hermétique
  • Tamis

 

  • Marche à suivre

Dans le bol, dosez 3 cuillères à soupe de kaolin en poudre. Dosez ensuite 1 cuillère de storax que vous mettrez à piler dans le mortier pour le réduire en poudre et que vous passerez au tamis avant de le mettre dans le bol. Ce qui ne passera pas par le tamis devra être moulu de nouveau. Vous doserez et tamiserez ainsi 3 cuillères à soupe de storax avant de mélanger complètement les 2 ingrédients réduits en poudre que vous conserverez dans votre bocal ou votre boîte hermétique.

Vous voilà en possession d’un déodorant naturel qui vous protège de l’humidité tout en vous parfumant juste légèrement.

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Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

Masque anti-rides à la figue (DIY)

« Les figues mûres réduisent les rides » Pline l’Ancien. Histoire naturelle. XXIII. LXIII.118

La figue est le premier fruit cultivé de l’histoire, mais sa particularité est de n’être pas vraiment un fruit, mais une fleur dont les fruits, intérieurs, sont les petits grains. S’il en existe des centaines de variétés, seuls ces deux, les vertes et les violettes, sont vendues dans le commerce.

Il y a plein de raisons qui peuvent justifier de l’emploi de la figue comme anti-rides, et l’une d’entre elles semble relative à leur croyance en sa maturité. En effet, la figue, tapissée de fleurs mâles et femelles qui n’arrivent pas à maturité en même temps, a besoin d’un insecte sans lequel elle serait stérile. Mais les Anciens n’avaient pas exactement vu les choses ainsi.

Pour eux, le figuier domestique avait besoin d’un figuier sauvage, « qui ne mûrit jamais », mais se décompose et pourrit, libérant ainsi des moucherons qui, colonisant les figues cultivées, les faisaient mûrir. Est-ce par une sorte de transfert de pouvoir symbolique d’un fruit qu’ils croient incapable de mûrir que les Anciens estimaient que la figue réduisait les rides ? Difficile à dire, car ce fruit plein de potassium, vitamines du groupe B, est également riche de plusieurs anti-oxydants, autrement dit, des protecteurs contre le vieillissement.

Son emploi comme anti-rides dans l’Antiquité n’est pas mentionné que chez Pline : on la retrouve chez Rufus d’Ephèse, reprise par Oribase, médecin de l’empereur Julien, dans sa compilation médicale.

  • Matériel
  • Figue
  • Bol

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  • Marche à suivre

Après avoir nettoyé votre peau, profitez de votre dégustation d’une figue pour réserver une partie de sa pulpe à votre peau. En effet, vous n’avez pas besoin d’une figue entière pour recouvrir votre visage, même après plusieurs couches. Ecrasez malgré tout dans le bol la partie que vous souhaitez utiliser pour que l’application soit plus facile.

  • Application

Appliquez sur votre peau propre en plusieurs couches successives pour être sûr de bien recouvrir la peau du visage et du cou. Laissez poser et agir 10 à 20 minutes, puis rincez à l’eau froide pour prolonger les effets tenseurs du masque à la figue.

  • Remarque

Par sa légèreté et sa fraîcheur, la pulpe de figue évoque le gel d’aloe vera, très utilisé en cosmétique naturelle pour ses qualités hydratantes, rafraîchissantes et par sa capacité à tendre légèrement la peau. En effet, les Anciens ne se sont pas trompés : excellent produit tenseur, la différence est visible tout de suite après l’application.

En revanche, les figues proposées sur le marché étant peu nombreuses, ce n’est pas un traitement qu’on peut s’offrir toute l’année, la pleine saison des figues s’étendent de juillet.

Cet article et ces photos sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.