Recette de Cléopâtre : le chou séché (DIY)

La recette la plus simple de Cléopâtre est traduite ainsi par Anne-Lise Vincent dans son mémoire sur les fragments du Kosmètikon :

« Contre la chute des cheveux qui se produit en l’absence de maladie. Appliquez du chou séché broyé fin avec de l’eau. »

Ceux et celles qui viennent sur ce blog le savent : les recettes de beauté de Cléopâtre ne sont ni simples ni glamour, à part celle de son nettoyant parfumé qui, sans être simple, a quand même le bénéfice de sentir bon malgré les 2000 ans qui nous séparent. Cette recette est la plus simple de celles qui nous restent de Cléopâtre pour plusieurs raisons : elle ne nécessite qu’un seul ingrédient, elle  ne demande pas de plantes sauvages parfois difficiles d’accès, ni d’animaux ou de parties d’animaux comme c’était courant dans la médecine antique mais aujourd’hui parfaitement incompatible avec nos moeurs. Au contraire, le chou est un ingrédient commun que nous consommons toujours.

Malgré cela, cette recette a des inconvénients : comme la plupart des recettes de Cléopâtre, elle concerne l’alopécie, problème rare chez les femmes, elle demande de se mettre du chou sur la tête avec l’odeur que ça suppose, le contact inattendu et l’aspect déroutant si ce n’est rebutant d’un tel produit à se mettre sur la peau.

Enfin, un autre inconvénient qui ne frappe pas immédiatement avant l’exécution mais qui se révèle à la réalisation : que faisait-on du chou ? Combien de temps l’appliquait-on ? Etait-ce une cure, un produit qu’on gardait le plus longtemps possible ou qu’on appliquait un court laps de temps ? En l’absence d’indications, plus précises de la part de Cléopâtre comme des autres médecins donnant des recettes à cette époque-là, il faut deviner, reconstituer, comprendre inventer ce qui manque. Parce que c’était évident pour tout le monde à l’époque, rien n’a été précisé, mais pour nous, c’est un vrai défi !

  • Matériel pour cette recette
  • 1 gentil cobaye perdant ses cheveux
  • 1 chou vert
  • 1 grand couteau de cuisine
  • 1 four
  • 1 mixeur
  • 1 tamis
  • 1 large bol pour recueillir la poudre de chou tamisée à réutiliser pour le mélange
  • 1 bocal ou une boîte hermétique pour recueillir le chou séché
  • De l’eau

 

Soyons clair : le chou séché, ça se réalise. Or, le chou est le seul légume qu’on retrouve dans les contrées les plus froides aux climats les plus ingrats. Donc, quoi que vous fassiez, il est coriace : sa résistance est à toutes épreuves et s’il y a bien un super légume sur terre, on peut vraiment dire que c’est lui ! Le chou, il va donc falloir le sécher, mais pour obtenir la poudre fine qui fera que le cataplasme tiendra sur la tête, il faudra couper l’arête centrale sur chaque feuille, sans quoi, cela fatiguera le mixeur et le rendra moins efficace. La poudre sera donc moins fine et n’adhérera pas sur la tête.

  • Recette

Préchauffer le four à 1. Détachez suffisamment de feuilles de chou pour en remplir la plaque du four sans leur permettre de se chevaucher. Retirez avec votre couteau la grosse arête centrale de chaque feuille.

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Posez-les à plat sur la plaque en évitant de les faire se chevaucher pour permettre un séchage uniforme. Enfournez jusqu’à ce que les feuilles de chou soient complètement desséchées et craquent comme des chips quand on les manipule. ( Cela prend près de 5 à 6 heures environ.)

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( Pour mon premier essai, je n’avais pas pas compris qu’il fallait retirer l’arête centrale car Cléopâtre ne le précise pas : c’est à l’expérience que ça se comprend !)

Passez les feuilles de chou au mixeur, sortez la poudre et passez-la au tamis pour vous assurer de la conserver la plus fine possible, puis mettez-la dans un bocal hermétique en attendant de l’utiliser.IMG_4007

Le jour de l’utilisation, prélevez un peu de poudre, ajoutez peu d’eau, juste assez pour pouvoir faire un cataplasme.

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Appliquez le cataplasme sur les zones gagnées par la chute des cheveux. Vous pourrez vous apercevoir que le produit est stable et recouvre parfaitement la calvitie sans bouger.

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Ensuite, combien de temps faut-il laisser poser le mélange ? En l’état, je dirai autant de temps que votre cobaye peut l’assumer et le tolérer ! Nous, nous avons fait deux applications de 3 heures.

Quel a été le résultat ? Les cheveux n’ont pas repoussé, mais apparemment, le contact a été agréable et le confort du cuir chevelu s’est trouvé amélioré. Néanmoins, après l’application, le crâne a gratté partout où on avait posé le cataplasme, comme si la production de cheveux avait un peu envie de reprendre, de l’avis du cobaye. Néanmoins, les difficultés techniques que représente cette recette à tous les niveaux de sa réalisation et de son application font qu’il est assez délicat de multiplier les tests.

Dernière remarque : pendant le séchage du chou, voire un peu au-delà, votre appartement s’imprègne tellement de son odeur que les voisins vont s’imaginer qu’une famille de gens de l’est habite clandestinement à côté de chez eux. Moi, j’ai un nom polonais, je peux donc assumer avec humour ( d’autant plus que comme beaucoup de gens de l’est, je vénère le chou !), mais vous, réfléchissez-y à deux fois avant de tenter cette recette.

( Photo à la Une : ma première poudre de chou, avant que j’enlève l’arête centrale. On distingue bien les feuilles extérieures, vertes, des feuilles intérieures, jaunes, séchées en deux temps distincts puis superposés dans le bocal. La poudre est plus grossière : elle tenait mal sur la tête, c’est ce qui m’a fait comprendre que ce ne devait pas être la consistance du produit initial.)

Cet article, ces photos et recettes sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

 

Une senteur antique : la cannelle comme encens (DIY)

Parmi les senteurs utilisées pour parfumer les temples et les pièces, il y a l’encens et la myrrhe, les plus employés autrefois et que les siècles suivants ont conservé jusqu’à nos jours. De façon plus surprenante, il y a aussi la cannelle, aujourd’hui employée pour parfumer les plats mais que, dans l’Antiquité, on n’employait qu’en parfumerie. Le goût pour la cannelle dans les plats remonte au Moyen-Age, tandis que celui qu’on en avait dans les parfums s’est éteint dans l’Antiquité.

Or, outre qu’elle faisait l’objet d’utilisation dans les couronnes et les parfums huileux, elle était également employée dans les parfums à brûler, même si, généralement, seuls l’encens et la myrrhe sont mentionnés dans les textes anciens, tandis que les autres ingrédients sont cités comme des « aromates ». Néanmoins, Oribase, médecin grec du IV ème siècle, cite la cannelle parmi les ingrédients du kyphi, l’encens sacré égyptien et l’un des premiers parfums au monde. En 1930, le livre Les produits coloniaux d’origine végétale, de G. Camus le confirme : « Les anciens employaient la cannelle à la fois comme parfum et comme encens« .

C’est cette utilisation de la cannelle comme encens que j’ai voulu tester pour l’aborder à la manière des Anciens et en faire une expérience olfactive inédite.

  • Cannelle et casse

Dans l’Antiquité, l’écorce de l’une et l’autre étaient employées, et partout, les textes anciens font la distinction tout en les rapprochant néanmoins. Dans nos cuisines, la casse est couramment appelée cannelle sans autre précision tandis que la cannelle se nommera cannelle de Ceylan. Cette dernière vient effectivement du Sri Lanka et est plus claire, plus chère et plus sucrée que la casse qui lui ressemble beaucoup mais qui vient de Chine. Cette dernière est en outre plus courante, plus foncée, moins sucrée et à meilleur marché.

La cannelle de Ceylan et la casse sont toutes deux vendues en bâton et en poudre. J’ai essayé les 2 et je recommande plutôt le bâton, dont l’odeur se diffuse mieux. Vous pouvez utiliser indifféremment casse ou cannelle selon ce que vous voulez ou avez sous la main. 

  • Matériel
  • Pastille de charbon à encens ou à chicha
  • Pince ignifugée pour manier le charbon
  • Récipient en terre cuite ou plat pouvant passer au four
  • Bâton de cannelle ou casse, au choix ( voire les 2)

 

  • Mode opératoire

Prendre le charbon avec la pince et l’enflammer avec la bougie ou le briquet de façon à avoir une étincelle le parcourant entièrement. Grâce à la pince, le poser alors sur le plat ignifugé. Y déposer alors le bâton de cannelle et souffler dessus si vous voulez l’enflammer plus rapidement. Attendre que la fumée se dégage pour humer son parfum puisque la chauffe active les huiles essentielles.

Pour une raison ou pour une autre, l’écorce s’est déployée comme un parchemin pour la casse…

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…mais n’a pas bougé pour la cannelle.

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Quand la partie en contact avec le charbon est brûlée, retournez le bâton avec la pince et renouvelez l’opération jusqu’à consommation complète du bâton ( bien évidemment, ici, ça a été plus facile avec mon bâton de casse puisqu’il s’est déployé, permettant au charbon de le consumer uniformément ).

( Bien entendu, si vous n’êtes pas équipé, vous avez toujours la possibilité de brûler votre bâton de cannelle à la flamme d’une bougie et de souffler pour faire prendre la flamme dans l’écorce. Mais outre que c’est long, cela ne prend pas et vous serez obligés de brûler, souffler en permanence sur votre bâton qui dégagera certes son parfum mais vous donnera le sentiment de faire beaucoup d’efforts pour peu d’effets, ce qui sera vrai.)

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( Enfin, il vous est aussi possible d’utiliser de la cannelle en poudre dont vous ferez un petit cône que vous enflammerez. Mais là aussi, il faudra souffler sans cesse pour peu de résultats puisque ça sent moins fort que le bâton.)

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Si vous avez choisi de la cannelle et de la casse, c’est le moment de comparer les deux senteurs en changeant de bâton pour terminer le charbon. Si votre odorat est émoussé, sortez de la pièce et rentrez-y de nouveau ou sentez des grains de café comme on le fait lorsqu’on doit sentir beaucoup de parfums différents.

Voilà, vous venez de faire l’expérience d’un authentique parfum antique oublié qui diffusera pendant longtemps dans votre pièce, sa fragrance d’un autre temps.

Alors, prêt à tenter l’expérience ? 

Cet article, ces photos et recettes sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.

 

 

Recette : masques antiques aux poudres indiennes (DIY)

Contrairement à ce qu’on trouve habituellement sur le net en cosmétiques « maison » faits à base de poudres indiennes, ce n’est pas un soin pour les cheveux que je vous propose mais un soin pour le visage.Il est vrai que les indiens possèdent beaucoup de plantes réputées pour le soin des cheveux comme les très appréciés shikakaï et sidr et que le soin des cheveux est au coeur des rituels de beauté des femmes indiennes – comme il l’était des femmes de l’Antiquité -. Mais le soin le plus courant est avant tout l’huile sur les cheveux. C’est très bien sur cheveux secs, mais ayant le malheur d’avoir les cheveux gras et clairs, autant dire que ce type de soins, peu adapté à ma nature, ne va pas me pousser à concevoir des recettes qui ne seraient pas efficaces sur moi.

Les deux masques que je vous propose sont en réalité un seul masque visage décliné en un premier masque frais à utiliser immédiatement et un second masque auto-conservé – parce qu’exempt d’eau – qui peut donc s’utiliser des mois durant. Ils ont été conçus sur la base des enseignements reçus en atelier de conception de cosmétiques « maison » aux poudres indiennes mais avec des ingrédients uniquement choisis sur la base de leur utilisation dans l’Antiquité. Ils vous laisseront la peau douce et particulièrement lumineuse.

Ingrédients

  • Farine de pois chiches ou de lentilles
  • Poudre de fenugrec
  • Poudre de rose
  • Lait entier ( si peau sèche) ou eau (si peau grasse ) * uniquement pour le masque frais
  • Huile d’amande * uniquement pour le masque auto-conservé
  1. Recette de masque frais

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Ustensiles : bol pour mélanger, cuillère à expresso préférablement, le tout à désinfecter à l’alcool avant toute réalisation.

Dans un bol, mélanger 5 cuillères à expresso de poudre de pois chiches ou de lentilles, 1 cuillère de fenugrec en poudre, 1 cuillère de poudre de rose, 4 ou 5 cuillères de lait selon la consistance préférée. Quand le produit est homogène, appliquer sur la peau pendant 20 minutes ( temps de pause habituel des cosmétiques indiens ) avant de rincer.

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2. Recette de masque auto-conservé ( pour 100 grs)

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Ustensiles : balance de précision, bol pour peser, bol pour mélanger, fouet ou fourchette, petite spatule ou cuillère pour transvaser, petit bocal hermétique pour conserver le produit,  le tout à désinfecter à l’alcool avant toute réalisation.

Peser tour à tour :

  • 25 grs de farine de pois chiches
  • 12, 5 grs de poudre de rose
  • 12, 5 grs de poudre de fenugrec
  • 50 grs d’huile d’amande douce

Mélanger le tout jusqu’à consistance homogène avant de transvaser dans le bocal hermétique à l’aide de la spatule ou de la cuillère. Appliquer comme le premier avant de rincer au bout de 20 minutes. A faire une à deux fois par semaine.

Ce produit se conserve plusieurs mois à condition de ne pas le mettre en contact avec l’eau.

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3. Explications

Dans la culture indienne, certains masques de beauté sont faits à base de farine de pois chiches employée aussi dans la cuisine. Dans la culture occidentale antique, la farine de lentilles – même type de légumineuses – est employée pour adoucir la peau, une qualité remplie par la rose pour la culture indienne des soins de beauté. Ici, je l’ai employée autant pour cette qualité que pour son odeur. Pour les anciens Greco-Romains, le fenugrec lutte contre les desquamations, pour l’Ayurvéda, il tonifie et purifie la peau.Le lait de vache, très apprécié dans la culture indienne et dans les cosmétiques indiens, sert à lutter contre la sécheresse de la peau grâce à la présence d’eau et de gras. Pour l’Antiquité, on en connaît aussi les vertus, mais c’est le lait d’ânesse qui est considéré comme supérieur, d’après Pline l’Ancien qui lui attribue, comme le faisait Popée, des qualités anti-rides. Enfin, l’huile d’amande est réputée dans l’Ayurvéda pour améliorer le teint et nourrir la peau, tandis que dans son Histoire naturelle, Pline affirme qu’elle est anti-rides.

Cet article, ces photos et recettes sont la propriété du site Le labo de Cléopâtre. Il est interdit de les reproduire sans l’autorisation de leur auteur.