Ma Kibell, l’étonnant Lush breton

En allant sur la côte normande cet été, j’ai été surprise par une enseigne complètement inconnue de cosmétiques aussi nombreux que chez Lush. C’est français, – bon, d’accord, les Bretons ne diraient pas ça – l’enseigne annonce des produits responsables et durables en toutes lettres et ça ne s’appelle pas Aroma Zone mais Ma Kibell.

Les boutiques n’essaiment pas partout, mais d’abord en Bretagne, où l’entreprise est née, et commencent à envahir quelques villes de la Normandie, où j’ai rencontré par hasard une boutique. Évidemment, la curiosité m’a démangée !

Et pour répondre tout de suite à la question qui nous préoccupe en premier lieu, Ma Kibell signifie baignoire, en Breton.

D’après leur site, l’histoire commence en 2019 avec 2 professeurs en cosmétique à l’université catholique de l’Ouest de Guigamp : ils créent une entreprise à leur domicile en fabriquant d’abord des savons et sels de bain.

En changeant de mains en 2014, de nouveaux professeurs, Séverine Pallu et Pascal Morcel, offrent au projet un atelier de fabrication à St Donan. En 2015, de premiers magasins ouvrent à St Brieuc, qui donneront d’autant plus de petits que la gamme va s’étendre, mais toujours en Bretagne.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que je ne les découvre que 10 ans plus tard ; si vous n’allez pas sur la côte ouest, vous ne rencontrez pas ces enseignes.

Les savons.

La boutique est vraiment riche : il y a un peu de tout pour le corps, le visage, l’entretien de la maison et même le soin des animaux. Des savons, shampooings, serviettes, déodorants, produits pour la vaisselle, bougies parfumées, trousses de toilette, brosses, pinces à cheveux, etc..De quoi acheter en un même endroit plein d’articles de la maison et la toilette, comme dans les drogueries d’autrefois. Et là, pas d’ambiance guindée : on se sent vite à l’aise.

Le vétiver pour une odeur délicate, et surtout naturelle.

L’identité de Ma Kibell reste unique : des produits, souvent locaux, à base d’algues, de fruits de la région, de lait ribot, des emballages et accessoires souvent végétaux, durables et originaux : des bois, des racines, des pots de yaourts en verre, des contenants recyclés ou recyclables. L’offre est vraiment très étendue : il y en a vraiment pour tout le monde, de façon incontestable.

Shampoing en boîte de fromage.

Ayant conscience que ce qui rend une entreprise viable ne correspond pas forcément aux attentes du client idéaliste – et avec des attentes personnelles dont les limites sont ses rêves et ses intolérances individuelles, à certains matériaux utilisés, par exemple – je me garderai de critiquer certains choix qui sont peut-être obligatoires quand on veut pouvoir être rentable. Les clients, c’est une entité culturellement forgée par une histoire d’habitudes et de produits attendus qui vont décider de leur achat ou non, et réussir en entreprise, c’est en avoir conscience.

Nettoyer le visage au cocon de soie ! Une idée incroyable !

Je vais donc m’en tenir à ce qui me plaît, que je retiens et qui fait que j’ai été contente de découvrir l’enseigne :

  • La transparence n’est pas un vain mot : la composition est notée sur l’écriteau même qui vous présente le produit, et jusque sur leur site, la composition est proposée dans le latin scientifique du formulateur mais aussi dans le français du client. Ça a l’air d’être un détail, mais en réalité, c’est la seule vraie façon de rendre le client pleinement libre de ses choix en toute conscience. Nous sommes nombreux à être allergiques : pouvoir se diriger rapidement vers ce qui nous convient en toute sécurité est primordial.
  • Des ingrédients connus et courants en cosmétique « maison », ce qui est plus que rassurant, car on a forcément utilisé ces produits dont nous avons de ce fait déjà l’expérience.
  • Mais pour moi, le top chez eux et que je n’ai pas vu ailleurs, c’est l’amour des belles matières qu’on utilise avec beaucoup de créativité pour une société qui cherche des solutions durables. En tant que reconstitutrice de parfums historiques qui ne travaille qu’avec le naturel, voir des boules de vétiver pour les placards, de vraies éponges de Grèce, des porte-savon en argile qui font aussi office de pierre gommante pour le corps ou du charbon actif japonais pour purifier son eau, c’est vraiment le paradis des bonnes idées ! Ce que je trouve particulièrement inspirant.
  • Et bien sûr les matières premières locales valorisées : ce qui m’a même poussée à me renseigner sur les algues de nos côtes et découvrir qu’elles ont longtemps fait l’objet d’une importante exploitation dans notre histoire, et qu’elles possédaient des super pouvoirs.
  • D’autre part, étant globalement allergique au parfum de synthèse, je mets une mention très bien à une entreprise qui sait proposer un même produit avec ou sans parfum, ce qui permet en somme, d’accueillir tout le monde.
Les éponges grecques telles que les Grecs les proposent dans les boutiques spécialisées.
  • Enfin, contre toute attente, le passage et les discussions dans la boutique prouvent que Ma Kibell est connue et estimée dans sa région, et même, qu’on en est plutôt fier, là-bas !

Le site de Ma Kibell ( mais le mieux est quand même de rencontrer une boutique)

Votre déodorant, vous le voulez avec ou sans parfum ?
Encore une super idée !

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Cosmétiques antiques : une notion relative

Si aujourd’hui nous nous intéressons aux cosmétiques antiques, ça peut être pour des raisons très variées, mais généralement, c’est la curiosité historique qui est à la base de cet intérêt. Un historien, un chimiste, un pharmacien, une esthéticienne possèdent des clés pour comprendre plus ou moins la raison d’être d’un produit de beauté ancien. C’est moins le cas pour le grand public à qui on propose depuis plus d’un siècle des produits industriels pour tous les budgets, bardés néanmoins de multiples brevets et obligatoirement testés en laboratoires.

L’offre de ces produits cosmétiques industriels est considérable et cible toutes les portions du marché, allant de produits de marques luxueuses et historiques aux marques discount, bio, pharmaceutiques, voire à la simple vente de matières premières pour réaliser ses propres cosmétiques. Et tous ces produits peuvent bénéficier des dernières recherches technologiques en terme d’actifs, mais aussi de besoins réels de la peau, grâce, par exemple, aux soins cosmétiques calqués sur votre test ADN, que vous pouvez vous offrir pour plusieurs milliers d’euros : test ADN cosmétiques.

Oui, mais ailleurs ?

Dans le magazine Gala du 11 novembre 2015, un fascinant dossier Beauté propose un tour du monde des « rituels et produits de tous les continents », et force est de constater qu’en matière de cosmétiques, les pays ne se ressemblent ni en termes de goûts, sensibilités, ni en termes de capacités et d’offres. Et si la Corée sur Sud est à la pointe de la technologie cosmétique, que les USA et le Japon tiennent aussi les meilleures places, les femmes des autres pays consomment plutôt des produits français ou occidentaux en lesquels elles ont confiance. Mais ça, c’est quand elles ont un très bon niveau de vie.

Car d’une façon générale, en Namibie, au Maroc, chez les aborigènes d’Australie, à Hawaï, en Inde, ou de façon plus étonnante, en Russie, ce sont les recettes de beauté traditionnelles qui sont encore employées. Des recettes dans lesquelles on trouve des graisses animales ou végétales, des végétaux, de l’eau, des minéraux qu’on mélange selon la recette et les besoins, et qu’on applique une fois réalisés. Pas de produits chimiques, pas de produits industriels, pas de conservateurs.

Les cosmétiques de l’Antiquité ne différent absolument pas de cette formulation dans leur composition. L’antiquité, la caducité d’un produit quel qu’il soit peuvent être moins une question d’efficacité que de niveau de vie, d’offre, de demande, de mode ou de puissance économique, etc. Pour preuve, dans l’article consacré aux Himbas, tribu de Namibie, le magazine Gala révélait que des grandes marques comme Esthée Lauder et Yves Rocher récoltent et traitent désormais certains des végétaux que les femmes Himbas emploient elles-mêmes dans leurs soins.

( Photo à  la Une : recette traditionnelle de beauté des Himbas, tribu de Namibie, réalisée par Kaveavehe dans le Gala du 11 novembre 2015 )

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